19/02/2012 (B644) Interview de Mahdi Ibrahim God. Commémoration du18 février : L’ARD a relevé le défi !

Interview du vice-Président Mahdi Ibrahim (Par Réalité)

L’état-major du parti était là, au grand complet : du président à son conseiller politique, en passant par les vice-présidents et le secrétaire général.

Ses militants aussi, venus très nombreux, surtout des femmes et des jeunes, fer de lance de toute véritable lutte. La commémoration du 18 février a bel et bien eu lieu, grandiose, malgré les sabotages réactionnaires et les intimidations policières.

Arrivé tout spécialement de Londres pour y participer au côté de ses compagnons de lutte et au sein de la population djiboutienne, nous avons demandé au vice-président Mahdi Ibrahim ses impressions sur le déroulement de cette journée historique.

Réalité : bonsoir M. Mahdi Ibrahim, la commémoration du 18 février, à laquelle notre Parti a appelé sous votre plume, s’est déroulée cet après-midi à Djibouti. Alors, succès ou échec ?


Mahdi Ibrahim Ahmed God : pour notre Parti, le plus important tient en une seule phrase : l’ARD a relevé le défi ! Et ce n’est que le début. Peu de gens croyaient que nous pourrions mobiliser de si tôt.

Après la violente répression de l’année dernière, les centaines d’arrestations, les militaires et les blindés dans les rues durant des mois, un véritable climat de terreur s’est installé ici. De toute ma vie à Djibouti, je n’avais jamais vu mes compatriotes avoir aussi peur. A l’étranger, on n’a qu’une lointaine idée de cela.

Paradoxalement, il y a de quoi être très optimiste, car la violence de ce régime est proportionnelle à sa faiblesse : « quand l’ombre du pygmée s’étire, c’est que le soleil est près de se coucher » dit un proverbe africain.

Donc, notre commémoration a entièrement répondu à nos attentes et nous remercions toutes celles et tous ceux qui ont pacifiquement manifesté aujourd’hui avec nous.

Réalité : justement, au-delà de la commémoration du passé, vous avez parlé d’attentes. Quelles étaient-elles ?

M.I.A.G : et quelles sont-elles, devriez-vous surtout ajouter ! En appelant à cette journée, il s’agissait bien sûr de rendre hommage au soulèvement du 18 février dernier et d’exprimer notre solidarité avec toutes les victimes de cette dictature.

Mais cette journée devait également marquer la reprise de la dynamique contestataire. Et, pour cela, il fallait défier la répression, ici, à Djibouti, en ce jour hautement symbolique. Pour combattre la peur et la peur d’échouer.

Expliquer que la Liberté ne s’obtient pas en un seul jour, que c’est un engagement de tous les instants et qu’il faut persévérer. Par respect pour tous les innombrables sacrifices consentis et par devoir pour les générations à venir. C’est une question de survie. Donc, la Lutte continue et nous sommes encore plus confiants dans notre Victoire !

Pour cela, nous travaillons sans relâche.

Réalité : concrètement, quelles stratégies de combat la Direction du Parti a-t-il définies, considérant la situation actuelle ?

M.I.A.G : nous avons établi un ambitieux programme de remobilisation de tous nos concitoyens. Ce ne sera pas très difficile car la triste comédie des dernières « élections régionales », boycottées à 90% et « remportées » par une clique dénommée RADD et dont la tête de liste à Djibouti-ville est un membre du comité central du RPP, a été perçue comme preuve supplémentaire de l’agonie de ce régime.

Donc, nous avons d’ores et déjà établi des contacts dans tous les quartiers de la Capitale et de nouvelles annexes de l’ARD y seront ouvertes.

Par ailleurs, une tournée dans tous les districts de l’Intérieur démarrera dès la semaine prochaine pour associer leurs populations à la contestation permanente et généralisée. Loin des palabres incessants, c’est à un véritable travail de terrain qu’il faut radicalement s’atteler, au plus près des réalités de nos concitoyens, au contact de leurs préoccupations.

Réalité : dernière question, si vous permettez : où en et la recomposition de l’opposition ?

M.I.A.G :
une remarque préliminaire, que je crois essentielle. Nous avons volontairement placé cette commémoration sous le signe de la modestie.

Pourquoi ?

Si ce régime tombait aujourd’hui, aucune opposition cohérente, unie et crédible ne serait prête et un parti responsable tel que le nôtre ne propose pas le chaos à ses concitoyens.

Ce n’est pas le pouvoir pour le pouvoir que nous recherchons, mais l’instauration d’une véritable Démocratie dans laquelle tous les Djiboutiens seront égaux en droits et en devoirs.

Donc la reconstruction de l’opposition, à l’initiative de l’ARD avance à grands pas car tel était le souhait majoritairement exprimé par le Peuple djiboutien.

Certes, ceux qui se complaisaient dans le statu quo ante peuvent émettre diverses formes de réticences, allant de l’inertie à la gesticulation. C’est regrettable, c’était prévisible. Mais l’Histoire est en marche et elle est irréversible : pour tous nous rassembler, la Lutte pour la Démocratie doit tous nous ressembler.

Ici comme à l’extérieur, nous avons déjà établi de fructueux contacts qui seront très rapidement concrétisés. C’est ensuite que nous entrerons dans la dernière phase du combat qui conduira inévitablement à l’effondrement de cette dictature bête et méchante.

L’appel que je lance enfin à tous mes compatriotes, c’est de dépasser les clivages politiques, les querelles politiciennes sur fond de citoyenneté à plusieurs étages et de se mobiliser dans l’unité pour sauver notre bien commun : la djiboutianité qui nous est déniée.

C’est notre Nation que nous devons tous ensemble protéger contre ce régime. Et pour cela, c’est ce régime que nous devons abattre.

Nous le devons ! Nous le pouvons !