13/09/05 (B315) Grandeur et décadence. L’histoire d’un laquais parvenu dans les hautes sphères du régime dictatorial, qui s’est enrichi, qui a élevé l’injustice au rang de dogme et qui a insulté tous les justiciables (coupables ou non) de toute sa morgue dominatrice. Le Procureur Djama Souleiman. (ARDHD)

L’annonce du retrait des passeports ordinaires et diplomatiques est un signe qui ne trompe pas dans une dictature comme celle de Guelleh. Bien qu’ayant servi avec la plus grande fidélité le tyran sanguinaire, bien qu’ayant rendu les décisions de justice dans le sens inique que lui imposait le Palais de l’Escale, Djama Souleiman va-t-il bientôt tomber et disposer de tous les loisirs nécesseraires pour mesurer l’ingratitude sans limite du Génie de la Corne ?

C’est possible, sinon probable. Depuis plusieurs années, nous avions prévu sa chute brutale et le proche avenir pourrait nous donner raison.

Plus de passeport djiboutien, cela veut dire qu’il ne peut plus sortir du pays par les portes habituelles. Reste la fuite à pied … comme avait eu le courage de le faire Ali Iftin(*), mais il a peut-être les pieds sensibles … Si l’hypothèse est confirmée, sa maison et ses moindres mouvements sont certainement surveillés avec la plus grande méticulosité … Il faut être habile pour échapper à la SDS ! Sauf à bénéficier de la complicité d’Hassan SaÏd, qui est dans le même bâteau que lui, même s’il peut toujours mobiliser personnellement des soutiens familiaux et ethniques autrement plus puissants que ceux de Djama.

Donc Djama, en principe, n’a plus le droit de sortir. En plus, il est sous le coup d’une convocation devant la Justice française … L’Europe en principe lui est interdite, sauf à se décider de faire causette avec la Juge de Versailles …. A-t-il un passeport français ? Nous n’avons pas la réponse..

Son problème est là.


On lui avait toujours dit qu’en
soutenant la dictature et le crime,
aussi honteusement quil l’a pratiqué,
« il se fourrait
le doigt dans l’oeil ! »

S’il se décide à rencontrer la Juge, que risque-t-il au fond ? Une procès au pénal pour tentative de subornation de témoin, certes. Mais la sanction ne devrait pas être si lourde au final : prison avec sursis, qqs mois fermes, amende ? Rien d’irrémédiable en somme.

Comme il sait certainement beaucoup de choses sur les pratiques criminelles du régime, espère-t-il encore que cela lui serve de bouclier de protection ?

Oui et non.

Bien sur, Guelleh ne peut pas risquer que Djama s’en aille « benoitement » se confier à la Justice française, car c’est beaucoup trop risqué pour lui … Nous savons depuis toujours que Guelleh n’est pas un homme à faire du sentiment (Souvenez-vous de la façon dont il a fait mourir son vieil ami et complice, le Général Yacin Yabeh) alors on n’imagine même pas qu’il puisse laisser une bombe à retardement, sans prendre des mesures préventives.


Djama, comme nous l’avions déjà anticipé,
va-t-il être contraint de vivre « caché » ?


La chute prévisible de deux grandes figures
de la dictature de Guelleh.

De plus, le contexte évolue :

Guelleh pourrait passer par Paris. Y est-il actuellement avant d’aller à New York ?

Toutes les informations disponibles laisseraient penser qu’il pourrait bien être contraint de lâcher Hassan Saïd et Djama à la Justice française afin d’avoir la paix dans le cadre de l’affaire Borrel et d’essayer d’obtenir la fin de l’instruction.

Faux semblant de fin d’ailleurs, car Hassan Saïd et Djama ne sont probablement pas les assassins ni les commanditaires du meurtre du Juge Borrel. Néanmoins, au royaume de la diplomatie, on pourrait faire semblant d’être satisfait et de s’en contenter en soulignant l’effort de coopération fourni par le dictateur.

Guelleh pourrait être pris entre deux feux :

– envoyer Djama pour avoir la paix,
– risquer en même temps que ce dernier ne s’épanche et « passe à table » en donnant des précisions qui relanceraient l’instruction et donc sa possible responsabilité directe…

On sait comment Guelleh résoud généralement ce genre de dilemme. De nombreuses victimes, mortes accidentellement, pourraient nous le dire, si elles étaient encore en vie.

Alors nous direz-vous, pourquoi frapper un homme qui est déjà presqu’à genoux, sinon à terre ?

Simplement parce que Djama Souleiman, corrompu au dernier degré, a fait souffrir des dizaines de personne, a fait emprisonner des innocents, a rendu des jugments iniques et a soutenu la dictature et le crime.

Méprisant, plein de morgue, il toisait les justiciables qui tombaient entre ses pattes. Il laissait leur dossier en attente pour s’assurer que le séjour en préventive à Gabode soit le plus long possible. A-t-il ordonné des actes de torture pour obtenir des aveux ?

C’est possible et nous essaierons d’éclaircir ce point.

En conclusion, nous ne pouvons que conseiller à Djama d’être très prudent et de ne prendre aucun risque, car un accident est vite arrivé et de bien protéger l’immense fortune qu’il a accumulé en rétribution de sa servilité.


Le fameux Cdt Zakaria, qui serait responsable de nombreux cas de torture.
(*) Ali Iftin, ancien commandant de la Garde, est un baroudeur habitué au terrain, qui a su mettre en échec dans les rues d’Addis Abeba, les sbires lachés à ses trousses, sous les ordres du fameux Commandant Zakaria qui avait du rentrer bredouille à Djibouti : épisode particulièrement pitoyable de sa longue carrière au service du crime et de la torture…

Ali Iftin, lors de son arrivée à Bruxelles après avoir échappé aux sbires de Zakaria et aux manoeuvres dilatoires de la diplomatie française pour lui refuser un visa d’entrèe.