03/12/05 (B327) Communiqué conjoint de la FIDH et de la LDDH pour dénoncer les massacres commis à Djibouti et pour demander au Régime de Guelleh, l’arrêt immédiat des violences contre les Populations.

FIDH LDDH

Communiqué Djibouti

Les forces de sécurité ouvrent à nouveau le feu sur la foule :

5 morts, 8 blessés graves et 5 disparus

Paris, 2 décembre 2005

La FIDH et la Ligue djiboutienne des droits de l’Homme (LDDH), son
organisation membre à Djibouti, condamnent fermement la répression meurtrière du 30 novembre
2005 menée par les forces de l’ordre djiboutienne à l’encontre des résidents du quartier d’Arhiba à
Djibouti-ville qui a entraîné la mort de 5 personnes (dont une femme et un enfant de 11 ans), 8
blessés graves et 5 disparus.

Le 30 novembre 2005 vers 8h30 du matin, les forces de sécurité ont ouvert le feu sur les habitants
du quartier d’Arhiba dans la capitale djiboutienne qui tentaient de s’opposer à la destruction de
leurs habitations par les pouvoirs publics. Ces derniers mènent en effet depuis le 23 novembre
2005 une campagne d’expulsion forcée sans relogement des résidents et la destruction par le feu
des habitats insalubres du quartier d’Arhiba, historiquement peuplé par les dockers du port de
Djibouti et leurs familles.

Ces opérations sont, selon certaines sources, supervisées par le Service
de la documentation et de la sécurité (SDS).
Ce nouvel acte de répression brutal à l’encontre de la population djiboutienne intervient un mois à
peine après la mort d’un jeune homme de 18 ans, abattu les forces de l’ordre pour réprimer une
manifestation populaire et pacifique contre l’augmentation des prix le 23 octobre 2005. (*)

La FIDH et la LDDH rappellent que ces actes constituent des violations flagrantes de plusieurs
instruments internationaux des droits de l’Homme ratifiés par Djibouti, notamment la Charte
africaine des droits de l’Homme et des peuples et le Pacte international relatif aux droits civils et
politiques qui garantissent le droit à la vie et le Pacte international sur les droits économiques
sociaux et culturels qui prohibe les expulsions forcées (Article 11).

La FIDH et la LDDH sont gravement préoccupées par la situation des droits de l’Homme à Djibouti
et rappellent en outre que ces violations s’inscrivent dans un contexte plus général de violations
manifestes des droits fondamentaux, où travailleurs et syndicalistes sont licenciés abusivement,
arrêtés et détenus arbitrairement pour l’exercice de leurs droits économiques et sociaux.(**)

La FIDH et la LDDH demandent aux autorités djiboutiennes :

  • le respect en toute circonstance du droit à la vie garanti par le Pacte international relatif aux
    droits civils et politiques et la Charte africaine des droits de l’Homme et des peuples ;
  • l’arrêt de la campagne de destruction des habitations sans relogement et le respect du
    Pacte international sur les droits économiques sociaux et culturels qui prohibe les
    expulsions forcées;
  • d’assurer qu’une information judiciaire soit ouverte aux fins de poursuivre et de juger le ou
    les auteurs et responsables de ces assassinats;
  • le respect des droits syndicaux garantis par le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels et la Convention n°98 de l’Organisation Internationale du
    Travail, et de mettre un terme à toute forme de harcèlement et de représaille à l’encontre
    des dirigeants syndicaux et syndicalistes, afin qu’ils puissent mener leur activité de défense
    des droits de l’Homme sans entrave;
    plus généralement, de se conformer aux dispositions de la Déclaration sur les défenseurs
    des droits de l’Homme adoptée par l’Assemblée générale des Nations unies le 9 décembre
    1998.

(*)
Voir communiqué de la FIDH du 26/10/2005 : « la FIDH et la LDDH condamnent le meurtre d’un jeune homme de 18 ans par la police », http://www.fidh.org/article.php3?id_article=2791

(**) 2 Pour rappel : du 14 au 17 septembre 2005, les travailleurs du port de Djibouti avaient observé une grève générale à l’appel des syndicats djiboutiens qui protestaient contre les mauvaises conditions de travail et des licenciements abusifs. Le 24 septembre 2005, 11 syndicalistes s’étaient vus notifier leur licenciement par la direction du port, pour « obstacle à la liberté de travail », en référence à la grève générale du 14 septembre.

En réaction à ces licenciements considérés comme abusifs, les travailleurs du port avaient lancé un nouvel appel à la grève le 24 septembre à 22h00.

Deux heures plus tard, 110 grévistes et syndicalistes se trouvant dans le port de Djibouti avaient été arrêtés par les FNP et emmenés au centre de l’école de police de Nagad.

Le 25 septembre 2005, d’autres grévistes et syndicalistes avaient été arrêtés par les FNP au port de Djibouti ou à leur domicile.

Au total, près de 170 personnes ont été détenues au centre de Nagad et dans les locaux de la police criminelle. Cf. les appels urgent de l’Observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l’Homme -programme conjoint de la FIDH et de l’OMCT du 26/09/05 et 06/10/05. ?id_rubrique=63