24/06/06 (B356_A) Djibouti : l’injustice est visible à l’oeil nu à tous les coins de rues….. (Par Houmed Daoud)

La Radiotélévision de Djibouti (RTD) est à la pointe de la technologie grâce aux dons étrangers. Dotée des moyens ultra sophistiqués, elle en fait un plein usage pour satisfaire le programme d’ores et déjà bien tracé par le maître de Djibouti.

La RTD est équipée essentiellement en matériel électronique par la coopération japonaise.


La volonté du gouvernement nippon n’est certes pas de s’associer à Ismaël Omar Guelleh, dans son programme de falsification et de manipulations de la réalité historique de notre pays, mais plutôt d’aider les Djiboutiens, à faire usage des moyens modernes et pratiques leur permettant de protéger, de conserver, de développer le patrimoine culturel et artistique de Djibouti.

Bien entendu, en dotant généreusement les pays en développement des matériaux modernes, l’industrie nippone se ménage la possibilité de leur vendre par la suite les pièces détachées ou de rechange ainsi que les services de maintenance et d’évaluation. Ceux-là s’obtiennent en général à titre onéreux.

Djibouti, 23 700 Km2, est peuplé de 700.000 habitants selon certaines sources bien qu’aucun recensement n’ait été réalisé depuis 1982. Les Afars, les Somalis (Issas, daboursis et Issaq), les Arabes se partagent le territoire, en sachant que les premiers disposent de 8/10 du territoire national.

Au regard de cette incontestable réalité, il est inacceptable, de ne pas permettre à chaque composante nationale, de ne pas disposer convenablement, du temps et de l’espace au sein de la RTD.

La partie répertoire musicale du site internet de la RTD loge au total 36 chansons. Sur les 36, seules 9 sont afares et le reste est somali. Comment s’explique cette partialité visible à l’oeil nu à tous les coins de rue ? N’avons-nous pas affaire à un service public ?

Certaines sources proches du régime djiboutien, laissent entendre que les Afars représentent 18% de la population totale, au lieu de 45%, oubliant au passage, qu’au sein de la représentation nationale, les parlementaires issus de l’éthnie afar sont au nombre de 28 sur 65 Députés que compte l’Assemblée, soit 43,1%.

Bref, les manipulations des chiffres sont certes plus faciles, mais les opérations de décasement (ou de délogement) des maîtres des lieux, si le gouvernement djiboutien était amené à entreprendre, serait plus complexe.

En revanche, il n’est un secret pour personne, encore moins pour les Djiboutiens concernés, que le processus d’implantation des colonies est d’ores et déjà lancé, au nom du principe selon lequel, tout Djiboutien a pleinement le droit de s’installer, de travailler, de commercer, sur l’ensemble du territoire national.

Soulignons que ce « droit », n’est accessible qu’à des Djiboutiens bien précis.

Essayons de voir, si éventuellement, un Arabe, qui est commerçant dans sa fibre-même, tiendrait ne serait-ce qu’une petite épicerie à Ali-Sabieh. Il n’existe pas d’épicier, de boulanger ou de vendeuse de  » baaguia  » (beignets), non originaire du coin dans ce district.

En outre, on observe des comportements très intéressés par le pouvoir pour les districts de Tadjoura et d’Obock. Pourtant, on y compte moins de 5 fonctionnaires de l’Etat natifs des lieux, pour ces deux régions. Les frontières du nord sont fermées avec l’Ethiopie depuis 1977. Tout laisse à croire que les commerçants n’ont pas intérêt à s’implanter dans une région où la circulation des marchandises n’est pas libre.

Néanmoins, ce paramètre économique n’empêche en aucun cas les Djiboutiens comme M. Moussa Itireh, militaire de carrière – et proche cousin de Mme Hawa Hassan, ministre déléguée à la Coopération Internationale – né on ne sait où mais sûrement pas à Tadjoura, de devenir distributeur principal de khat en spoliant la licence d’exploitation du feu Ibrahim Louback. Ce parvenu a connu cette région du Nord du pays à la faveur de la guerre civile de 1991. Depuis, il s’est implanté et s’est enrichi avec le commerce du khat et autres activités lucratives, en prenant soin de se protéger soigneusement contre toute concurrence de la part des entrepreneurs locaux. Monsieur Itireh est de loin et même de très loin de Bill Gates.

Sa principale force n’est pas nécessaire nt son intelligence, mais plutôt l’appui politique dont il dispose au sommet de l’Etat. Même le Premier Ministre, aux pouvoirs strictement limités, n’a pu faire face à ce commerçant à la carapace d’acier, dans sa tentative de restitution aux Tadjouriens ce qui leur appartient.

Notons aussi et surtout que sa clientèle se compose essentiellement de militaires, puisque les habitants de cette région vivent dans la précarité depuis la guerre civile. Les régions du Nord du pays abritent des garnisons militaires aux très importants effectifs. Quand le commandement militaire en charge des unités du Nord décide d’affecter 200 hommes à Tadjoura, il prend soin de doser à sa façon la composition des contingents. Pas moins de 150 familles, de 5 à 6 personnes par famille, débarquent dans cette agglomération. Ce qui accroît naturellement le nombre d’habitants dans cette localité (cela n’est pas mauvais en soi).

On relèvera que ces familles, accueillies à bras ouverts par les Tadjouriens ou Obockois, ne font aucun effort pour s’intégrer. A l’issu d’un séjour de 2 ou 3 ans à Tadjoura ou à Obock, on constatera que nos compatriotes et hôtes n’auront pas appris un seul mot de langue afare. Cette attitude on ne peut plus méprisable est évidemment incompréhensible pour celles et ceux qui daignent faire l’effort d’accepter leurs frères et soeurs djiboutiens, chez eux. D’autant plus que ceux qui reçoivent essaient, quant à eux, de parler somali ou arabe.

La résidence présidentielle au sommet du Day

Prenons un exemple. Le chef de l’Etat lui-même dispose d’une résidence secondaire, avec un potager de khat, sur le massif du Day, en pays afar. Il a certes donné un bon exemple aux Djiboutiens, en venant s’installer dans le plus beau coin du pays. Mais pourquoi ne fait-il pas en sorte que les originaires du Day, par exemple, aillent travailler à l’usine d’eau  » Al Janna  » à Ali-Sabieh comme c’est le cas pour beaucoup de nos concitoyens non Afars, qui travaillent et qui vivent avec les Tadjouriens ou encore avec les Obockois dans les districts du Nord du pays ?

Pour certaines personnes, il est un tabou que de dresser ce triste constat même si elles sont convaincues qu’une injustice est bien présente et palpable à Djibouti. Elle est visible à tous les coins de rue.

Condamner avec toute la sévèrité nécessaire la politique d’occupation israelienne des territoires palestiniens, ne signifie pas que l’on est animé d’un anti-sémitisme chronique. Tout en reconnaissant à Israel le droit d’exister, et sans aucune ambiguité, on peut soutenir la cause palestinienne…..

En combattant l’injustice, où qu’elle se trouve sur l’ensemble du territoire national, le risque de dérapage n’est pas à exclure. La cohésion sociale et l’unité nationale, qui constituent le socle-même de la stabilité politique et la garantie absolue de la paix civile, doivent être sauvegardées et protégées, à chaque étape du processus de lutte en faveur de la démocratie et, de l’instauration d’un Etat de droit.

Houmed DAOUD