23/06/06 (B356_A) Un photographe suédois de presse tué par un inconnu à Mogadiscio dans l’exercice de son métier où il couvrait une manifestation islamique (RSF et AFP)
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SOMALIE
Le photographe suédois Martin Adler abattu par un inconnu à Mogadiscio
Reporters sans frontières est révoltée par l’assassinat de Martin Adler, photoreporter free-lance de nationalité suédoise, abattu par un inconnu le 23 juin 2006 dans une rue de Mogadiscio.
« Un journaliste est une fois de plus tombé à Mogadiscio, victime d’un assassinat perpétré de sang-froid, en plein jour. Nos pensées vont à sa famille et à ses proches, dont nous partageons la douleur. Cette exécution est un acte révoltant, faisant des journalistes des jouets aux mains de clans armés qui se battent pour le pouvoir, par crime interposé. Comme ceux de Kate Peyton, de Duniya Muhiyadin Nur, d’Ilaria Alpi et Miran Hrovatin, cet assassinat doit donner lieu à une justice exhaustive. Tous les responsables doivent être identifiés et punis », a déclaré Reporters sans frontières.
Martin Adler, qui collaborait à divers médias, dont le quotidien suédois Aftonbladet, couvrait une manifestation de soutien de plusieurs milliers de personnes à l’accord de paix conclu la veille par les tribunaux islamiques et le gouvernement fédéral de transition somalien. Alors qu’un groupe de manifestants venaient d’enflammer un drapeau éthiopien, Martin Adler a été abattu par un homme cagoulé, qui lui a tiré une balle du côté gauche de sa poitrine. La balle a traversé le c¦ur et le journaliste est mort sur le coup.
Des journalistes somaliens interrogés par Reporters sans frontières estiment que cet assassinat pourrait représenter un signal envoyé aux milices des tribunaux islamiques, qui ont récemment pris le contrôle de Mogadiscio après avoir chassé les seigneurs de la guerre qui se partageaient la ville auparavant. Les assassins auraient voulu montrer que, contrairement à ce qu’affirment les chefs des tribunaux islamiques, la sécurité n’est pas rétablie dans la capitale. Ce meurtre de sang-froid pourrait également avoir été motivé par des sentiments anti-occidentaux.
Le 9 février 2005, Kate Peyton, envoyée spéciale de la British Broadcasting Corporation (BBC) en Somalie, avait été mortellement blessée par des inconnus circulant en voiture qui avaient tiré une balle de pistolet dans son dos, alors qu’elle entrait dans un hôtel de Mogadiscio pour rencontrer le président du Parlement de transition, Sharif Hassan Sheikh Aden. Selon les informations de Reporters sans frontières, ses assassins, appartenant à un clan puissant de la capitale, voulaient démontrer leur mainmise sur la sécurité de la ville et dénoncer les ingérences étrangères dans les affaires somaliennes.
Le 5 juin 2005, Duniya Muhiyadin Nur, journaliste somalien de la radio privée HornAfrik, a été tuée par un milicien, à un check-point. Ilaria Alpi, journaliste italien à la télévision publique italienne RAI 3, et Miran Hrovatin, cameraman slovène, ont été assassinés le 20 mars 1994 à Mogadiscio.
______________________________ AFP (Info lecteur)
Somalie: un journaliste suédois tué en marge d’une manifestation islamiste
MOGADISCIO (AFP) – Un journaliste suédois a été tué par balle vendredi à Mogadiscio lors d’une manifestation islamiste organisée au lendemain de la signature d’un accord de reconnaissance mutuelle par le gouvernement somalien de transition et les tribunaux islamiques qui contrôlent la capitale.
Le journaliste Martin Adler, 47 ans, a été abattu par un inconnu armé, alors qu’il assistait à une manifestation qui rassemblait environ 4.000 personnes soutenant les tribunaux islamiques dans le sud de la capitale somalienne.
« Il a été tué pendant qu’il assistait à la manifestation », a déclaré un journaliste somalien présent sur les lieux, Mohamed Amin, ajoutant: « il est mort sur le coup ». Selon un autre témoin s’exprimant sous couvert d’anonymat, le journaliste a été touché à la poitrine, près du coeur. « Ce n’est pas un accident », a déclaré ce témoin, selon qui « c’est un meurtre délibéré par quelqu’un qui voulait tuer un journaliste ».
« Nous avons identifié l’homme comme étant Martin Adler, photographe et citoyen suédois », a déclaré le ministère suédois des Affaires étrangères.
M. Adler, qui s’était rendu en Tchétchénie, en Afghanistan et en Irak et avait reçu le prix Rory Peck Trust en 2004, travaillait notamment pour le tabloïd suédois Aftonbladet, a confirmé le journal.
Le président des tribunaux islamiques de Mogadiscio, Sheikh Sharif Sheikh Ahmed, a « condamné » un meurtre « barbare », affirmant: « nous punirons les responsables ». « J’adresse mes condoléances à la famille du défunt, à son pays et au média pour lequel il travaillait », a-t-il déclaré. « Ceux qui ont fait ça ne sont pas des gens responsables et ne représentent ni la population de Mogadiscio, ni les tribunaux islamiques, ni le peuple somalien », a-t-il ajouté. Aucun suspect n’a été arrêté.
Le corps du journaliste a été transporté à l’hôpital Bamadir de la capitale. Il était arrivé à Mogadiscio il y a environ une semaine, selon des témoins et le personnel de l’hôtel Shamo, où il logeait.
M. Adler est le premier représentant de la presse étrangère tué en Somalie depuis plus d’un an. Le 9 février 2005, Kate Peyton, 39 ans, journaliste britannique de la BBC, avait été tuée quelques heures après son arrivée à Mogadiscio.
De 1993 à 1995, au plus fort de la guerre civile, neuf reporters étrangers avaient été tués en Somalie.
Les tribunaux islamiques contrôlent depuis début juin 2006 une grande partie de Mogadiscio après que leurs milices ont défait les chefs de guerre qui contrôlaient la ville depuis le début de la guerre civile en 1991.
La semaine dernière, lors d’une manifestation à l’appel des islamistes, plusieurs milliers de manifestants avaient scandé à Mogadiscio leur hostilité aux Etats-Unis et à tout projet d’intervention étrangère en Somalie.
Par ailleurs, les habitants de Mogadiscio ont accueilli avec scepticisme l’accord signé jeudi à Khartoum entre le gouvernement de transition et l’Alliance des tribunaux, dans le cadre d’une médiation arabe.
Cet accord stipule « la reconnaissance de la légalité du gouvernement de transition et la présence de l’Alliance des tribunaux islamiques ».
« L’accord a montré que les deux parties avaient besoin d’une sorte de relation, ce qui est ni bon ni mauvais jusqu’au moment où on verra cet accord appliqué », a commenté Ahmed Moalin, un homme d’affaires soutenant les tribunaux.
« C’est une parade politique calculée pour attirer les fonds de la Ligue arabe », a critiqué Abdulkadir Hassan, enseignant.
Cet accord a en revanche été salué par la communauté internationale.
L’Union africaine (UA) l’a considéré comme « une très bonne nouvelle ».
Les Etats-Unis, qui ont soutenu financièrement l’alliance de chefs de guerre mise en déroute par les tribunaux, ont qualifié l’accord de « premier pas positif dans ce qui sera un long processus pour apporter la paix » en Somalie.