27/12/06 (B375) Les dépêches se multiplient concernant le conflit en Somalie et certaines sont contradictoires selon l’origine. (Info lectrice) 6 – La faiblesse et l’échec du Gouvernement de Transition.

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1 – Libération


Somalie : L’échec des institutions de transition

L’Union
africaine (UA), qui a condamné hier «l’escalade dans la crise»
en Somalie, a décidé d’organiser une «réunion de
concertation» mercredi à Addis-Abeba avec la Ligue arabe et l’Igad
(Autorité intergouvernementale pour le développement) regroupant
7 pays d’Afrique de l’Est.

Dans un
communiqué, le président de la commission de l’UA, Alpha Oumar
Konaré, exprime «sa grave préoccupation face à
la poursuite des combats en Somalie, entre des forces de l’Union des tribunaux
islamiques (UIC) et celles du gouvernement fédéral de transition
somalien, avec l’implication de forces éthiopiennes». Selon le
commissaire à la paix et à la sécurité de l’UA,
Saïd Djinnit, «la communauté internationale a failli dans
son soutien aux institutions de transition somaliennes, qui n’ont malheureusement
pas reçu le soutien qui leur aurait permis de se faire respecter sur
le terrain».

Mises
en place en 2004, les institutions de transition somaliennes s’avèrent
incapables de rétablir l’ordre dans le pays face à la montée
en puissance, depuis 2006, des islamistes.

Addis-Abeba
et Washington considèrent les islamistes, qui ont pris le contrôle
de la majeure partie du sud de la Somalie après s’être imposés
à Mogadiscio en juin, comme des terroristes soutenus par l’Erythrée
et par Al-Qaeda.

Les
islamistes, qui revendiquent un large soutien public, disent vouloir rétablir
l’ordre et la charia (loi islamique) en Somalie. (AFP, Reuters)

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Libération

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2 – Libération

Somalie
: Déliquescence

Par Pierre HASKI

Il y a deux manières d’analyser la guerre qui vient d’éclater
entre l’Ethiopie et la Somalie.

L’une,
très idéologique,
en fera le nouveau front de la «guerre
contre le terrorisme», avec un encouragement américain à
l’«Ethiopie chrétienne» pour empêcher la consolidation
d’un nouvel Afghanistan dans la corne de l’Afrique, potentielle base arrière
d’Al-Qaeda et du terrorisme international.

L’autre,
plus réaliste,
voit l’Ethiopie, 170e Etat sur 177 dans le
classement du développement humain des Nations unies, s’affronter à
une Somalie dont l’état de déliquescence l’a carrément
fait sortir des statistiques onusiennes. Avant d’être un enjeu global,
c’est d’abord une guerre des pauvres qui a éclaté dans une partie
du monde oubliée de tous.

La Somalie
est le symbole même de ces «failed states», ces Etats en
faillite dont la communauté internationale n’a pas su empêcher
l’apparition dans les années 90.

On
se souviendra du débarquement hypermédiatisé des troupes
américaines en mission «humanitaire» pour mieux repartir
au premier écueil ou du célèbre sac de riz du Dr Kouchner.

Depuis,
la Somalie est devenue ce «trou noir» dont parle Kofi Annan, Etat
de non-droit dans lequel des islamistes ont effectivement fait leur nid.

Dans
un tel contexte, l’intervention éthiopienne contre son éternel
rival somalien n’a guère de chance de stabiliser un pays décomposé.
Elle ne fera qu’accentuer un peu plus les souffrances et la misère.
Cette guerre, qui menace d’embraser une région sans espoir, rend plus
accablant encore l’échec international des années 90 en Somalie.

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