29/12/06 (B375) Sur la route de Mogadiscio, l’avancée rapide des gouvernementaux


Par C. Bryson Hull

MOODE
MOODE, Somalie (Reuters) – Les corps boursouflés de combattants islamistes
et la trace ininterrompue de chenilles de blindés le long de la route
reliant Baïdoa et Mogadiscio racontent la rapide avancée des troupes
gouvernementales somaliennes et de leurs alliés éthiopiens vers
la capitale.

Sur au
moins 80 kilomètres à l’est de Baïdoa, où est installé
le gouvernement fédéral de transition, les douilles d’obus jonchent
la route où dix jours durant s’est jouée la bataille pour le
contrôle de ce pays de la Corne de l’Afrique.

Une vingtaine
de cadavres de combattants islamistes, décomposés par le soleil,
gisent dans la brousse de Moode Moode, le point le plus avancé atteint
par les milices islamiques dans leur progression vers Baïdoa, avant qu’elles
ne soient écrasées par la puissance militaire combinée
des troupes gouvernementales et des forces éthiopiennes.

A une
cinquantaine de kilomètres à l’est de Baïdoa, les habitants
de Buur Hakaba racontent que les miliciens islamistes sont repartis de leur
ville plus vite qu’ils n’y étaient arrivés.

"Nous
pensions qu’ils riposteraient et qu’ils s’équiperaient pour se battre,
mais ils étaient plus occupés à mettre des vêtements
civils", dit Deros Mohammed Ibrahim.

Les islamistes
contrôlaient Buur Hakaba depuis un peu plus de deux mois et y avaient
massé des troupes pour leur assaut sur Baïdoa.

Leur départ
est un soulagement pour nombre d’habitants, rétifs à l’islam
radical qu’ils y avaient imposé. La rupture des relations commerciales
nuisait également à l’économie locale.

"Je
suis très heureux", répond un habitant interrogé
sur leur retrait. "Je ne m’attendais pas à ce qu’ils perdent aussi
rapidement et je rends grâce à Allah pour leur échec",
ajoute-t-il.

Un autre
témoigne de ces "65 jours" de présence des milices
islamiques dans la ville. "Je n’avais jamais vu autant d’abus et de harcèlement",
dit-il.

Un peu
plus loin, des bouteilles d’eau vide, des emballages de rations alimentaires
et un pain à demi-mangé entourent les corps de deux miliciens
tués dans un camp militaire crasseux.

Une boîte
de dattes est également à terre. On peut y lire "Cadeau
du gouvernement d’Arabie saoudite". On ne peut alors s’empêcher
de repenser au rapport établi le mois dernier par une commission d’experts
des Nations unies accusant au moins dix pays étrangers, dont le royaume
saoudien, d’être impliqués à des degrés divers
dans le conflit somalien.

Longtemps
démentie, la présence éthiopienne n’est elle plus un
secret.

Des camions
éthiopiens transportant des soldats au visage détendu circulent
sur la route. Sur certains d’entre eux, les plaques minéralogiques
ont cependant été recouvertes de cambouis dans une tentative
illusoire de masquer l’engagement militaire éthiopien.

A l’aéroport
de Baïdoa, où des dizaines de soldats éthiopiens blessés
dans les combats sont évacués à bord d’avions de transports,
cinq hélicoptères Mi-24 de l’armée éthiopienne
sont alignés en bord de piste. Leurs équipages ont semble-t-il
accompli leur mission.