19/01/07 (B378) REUTERS / L’Onu invite la Somalie à saisir une occasion de paix

Par Daniel
Wallis

MOGADISCIO
(Reuters) – L’émissaire spécial de l’Onu en Somalie a invité
les dirigeants somaliens à profiter du contexte favorable créé
par la victoire des forces gouvernementales, soutenues par l’Ethiopie, sur
les combattants islamistes pour sortir leur pays de 16 années de désordre
et de violences.

"Il
s’agit de la meilleure occasion de parvenir à la paix en Somalie depuis
16 ans et nous ne devons pas la gâcher", a déclaré
François Lonseny Fall après une rencontre avec le président
somalien Abdoullahi Youssouf dans la Villa Somalia, résidence présidentielle
criblée d’impacts de balles et d’obus.

"Je
veux vous féliciter.

Rencontrer
le président dans la Villa Somalia constitue une étape très
importante", a ajouté Fall, émissaire du secrétaire
général de l’Onu Ban Ki-moon, qui effectuait sa première
visite à Mogadiscio depuis la victoire éclair des forces gouvernementales
et éthiopiennes en décembre.

Le gouvernement
fédéral de transition formé en 2004 n’avait jamais réussi
à s’installer dans la capitale somalienne. Il était retranché
dans la ville de Baïdoa jusqu’à l’intervention militaire de l’Ethiopie
face à la menace des combattants islamistes contrôlant le sud
du pays depuis juin.

La Villa
Somalia était la résidence de l’ancien dictateur Mohamed Siad
Barré, dont le renversement en 1991 a plongé la Somalie dans
une période de désordre et de luttes de pouvoir entre les différents
clans composant le pays.

Accompagné
d’une escorte composée à la fois de soldats de l’Onu et de militaires
somaliens armés de fusils d’assaut, Fall a invité Youssouf et
les autres dirigeants du gouvernement de transition à tendre la main
à leurs opposants afin de former une administration réellement
représentative des différents courants d’influence en Somalie,
afin d’éviter une résurgence des conflits armés.

"LA
RÉCONCILIATION EST EN MARCHE", ASSURE YOUSSOUF

"Il
y a eu beaucoup de crimes, beaucoup de dégâts, mais si on se
tourne vers le passé en se disant ‘cet homme a tué mon fils
ou mon mari’, on ne parviendra jamais à la réconciliation dans
ce pays", a argumenté Fall. "Il faut laisser ce jugement
à Dieu. Seul Allah est en mesure de juger."

L’intervention
des forces éthiopiennes en décembre pour contenir puis refouler
les combattants islamistes progressant vers Baïdoa a permis au gouvernement
de transition de s’installer à Mogadiscio.

Les combattants
islamistes sont désormais reclus dans l’extrémité sud
de la Somalie, près de la frontière kényane, et des rumeurs
ont circulé sur leur traque par l’armée américaine. A
Washington, un responsable de la Défense s’exprimant sous le sceau
de l’anonymat a démenti une affirmation d’un site internet islamiste
faisant état de la capture de 10 militaires américains, dont
l’un serait mort de paludisme.

L’Ethiopie
a manifesté sa volonté de retirer ses troupes de Somalie et
la communauté internationale souhaite le déploiement rapide
d’une force africaine de maintien de la paix pour garantir la stabilité
naissante du pays et protéger le gouvernement.

Les Nations
unies ont apporté leur soutien de principe au déploiement d’une
telle force mais, jusqu’à présent, seul l’Ouganda s’est publiquement
engagé à fournir des troupes pour pacifier un pays livré
aux chefs de guerre.

"La
volonté de la communauté internationale et de l’Onu est de voir
une Somalie réconciliée. La route est encore longue et il nous
reste beaucoup à faire", a prévenu Fall. "Nous ne
voulons plus de chefs de guerre en Somalie. Nous ne les tolérerons
pas. Nous voulons un gouvernement."

Youssouf,
lui-même ancien combattant et chef de la région autonome du Puntland,
a répondu à l’émissaire de l’Onu que le gouvernement
était déjà engagé dans la voie du dialogue. Il
a aussi exhorté l’Onu à déplacer ses locaux pour la Somalie
de Nairobi vers Mogadiscio.

"Comme
vous pouvez le constater, la réconciliation est en marche. Nous rencontrons
tous les chefs de faction", a souligné Youssouf, accompagné
par le chef de guerre Said Hersi, connu sous le nom de général
Morgan. "Aujourd’hui, nous les désarmons et je crois que tout
le monde est très content désormais."

Le limogeage
mercredi du président pro-islamiste du parlement a toutefois été
interprété par certains observateurs comme un signe de la volonté
du gouvernement de concentrer les pouvoirs et de s’abstenir d’intégrer
les différents clans dans les rouages du nouveau pouvoir.