16/02/07 (B382) France-Info : Un drôle de sommet Afrique-France

Plus
d’une trentaine de dirigeants africains sont réunis aujourd’hui
et demain à Cannes pour les adieux de Jacques Chirac à un continent
où l’influence de Paris s’est fortement réduite. Thème
: "l’Afrique et l’équilibre du monde". Mais il sera aussi
question du Darfour, de l’état de siège en Guinée
et de la demande d’une juge française d’entendre comme
témoin le président djiboutien.

Les adieux de ‘Chirac l’Africain’

La fin
d’une époque. Le dernier sommet Afrique-France du mandat de Jacques
Chirac rassemble au Palais des Festivals 38 chefs d’Etat et de gouvernement
africains et la chancelière allemande Angela Merkel, venue représenter
la présidence de l’Union européenne et celle du G8. Dès
mercredi soir, lors d’un dîner restreint dans un hôtel de
Cannes, le président de la République a évoqué
avec 17 chefs d’Etat francophones un certain nombre de crises africaines,
dont la situation en Côte d’Ivoire ou en Guinée. La Guinée
où depuis 4 jours le président Lansana Conté, au pouvoir
depuis 23 ans, a décrété l’état de siège
face à de violentes manifestations dont la répression a fait
plus de 110 morts. Au point que le gouvernement américain a annoncé
l’envoi d’un avion pour évacuer une partie de ses ressortissants tandis
que la France faisait savoir qu’elle veillait aux conditions de sécurité
de ses ressortissants.

Plus largement,
au niveau du continent, il sera question des matières premières,
alors que 9,5% des réserves de pétrole brut et 8% des réserves
de gaz se trouvent en Afrique, suscitant la convoitise de la Chine notamment.
Autres sujets de débats : la place de l’Afrique dans les organisations
internationales et la société de l’information. La France restera
"l’avocat inlassable de la place et du rôle éminent"
de l’Afrique, a déjà assuré le ministre des Affaires
étrangères Philippe Douste-Blazy. Mais alors que Jacques Chirac
a mené une politique de relations étroites, et parfois controversées,
les deux principaux candidats à la présidentielle, Ségolène
Royal et Nicolas Sarkozy, ont promis une politique concernant l’Afrique fondée
sur plus de transparence.

Des
dossiers épineux.
Le président soudanais Omar el-Béchir,
tout comme ses voisins tchadien Idriss Deby et centrafricain François
Bozize seront au rendez-vous. Jacques Chirac devrait donc tenter de convaincre
M. El-Béchir d’accepter le déploiement de casques bleus au Darfour,
où les violences ont fait plus de 200.000 morts et 2,5 millions de
déplacés.

Autre
difficulté pour Paris, imprévue à ce niveau : à
la veille de l’ouverture de cette XXIVe Conférence, la juge d’instruction
chargée de l’enquête sur la mort du magistrat français
Bernard Borrel en 1995 à Djibouti a convoqué comme témoin
le président de ce pays, Ismaël Omar Guelleh, attendu à
Cannes.

La magistrate
Sophie Clément l’a convié pour vendredi, mais il est peu
vraisemblable que l’intéressé s’exécute car il
est protégé par l’immunité dont bénéficient
tous les chefs d’Etat en exercice. Magistrat français détaché
à Djibouti, Bernard Borrel a été retrouvé mort
et brûlé le 19 octobre 1995 à 80km de la capitale djiboutienne.
Ce dossier empoisonne les relations entre Paris et Djibouti, qui accueille
une importante base militaire française. La veuve du magistrat, Elisabeth
Borrel, accuse en effet le président Ismaël Omar Guelleh d’être
le commanditaire de l’assassinat de son mari, ce que conteste Djibouti.

Enfin,
le président algérien Abdelaziz Bouteflika a aussi fait le déplacement
alors que les relations entre les deux pays ont été marquées
par une polémique sur la colonisation française.

En revanche,
le Sud-africain Thabo Mbeki et l’Ivoirien Laurent Gbagbo seront absents, tout
comme le président zimbabwéen Robert Mugabe interdit de séjour
en Europe par l’UE en raison de violations des droits de l’Homme depuis 2002.
(…)