21/02/07 (B383) AFP : MOGADISCIO (AFP) – Somalie: des milliers de civils fuient les attaques meurtrières dans Mogadiscio. (Info lectrice)

Plusieurs
milliers de personnes fuyaient mardi Mogadiscio, où 12 civils ont été
tués lundi soir par des tirs d’obus de mortier qui visaient les forces
gouvernementales et l’armée éthiopienne, marquant une nouvelle
escalade de la violence dans la capitale somalienne.

"Partout
en Somalie, c’est mieux que Mogadiscio. Mogadiscio est en partie tenue par
des hommes armés indépendants, et la nuit, c’est une bataille
entre les forces somaliennes gouvernementales, aidées des troupes éthiopiennes,
et une sorte de mouvement de résistance islamiste", a expliqué
une mère de famille de sept enfants, Asha Osman, qui s’apprêtait
à quitter la ville.

Les attaques
au mortier sont devenues quasi-quotidiennes et sont menées par des
assaillants non identifiés désignés par le gouvernement
comme étant des miliciens islamistes.

Selon
le vice-ministre de la Défense, Salat Ali Jelle, les tirs ont visé
lundi soir les quartiers du ministère de la Défense, de la présidence
et de l’hôpital militaire.

"Les
forces gouvernementales et les troupes amies éthiopiennes ont répliqué
en visant uniquement les terroristes qui ont ouvert le feu", a ajouté
le vice-ministre, selon qui "un seul soldat a été légèrement
blessé".

Plusieurs
hommes armés ont également lancé une attaque au mortier
près de l’hôpital Digfer (sud) qui sert de base aux troupes éthiopiennes,
ont rapporté des témoins selon qui les soldats éthiopiens
ont répliqué à l’artillerie lourde.

"Des
milices armées ont lancé plusieurs obus de mortier près
de nos maisons, en visant la base éthiopienne; les Ethiopiens ont riposté
avec des armes lourdes", a déclaré à l’AFP l’un
d’eux, Mohamed Nur Hassan.

Ces
tirs ont fait au total 12 tués et une trentaine de blessés,
selon un bilan établi de source hospitalière et auprès
de témoins. "Nous avons reçu 36 blessés. Trois d’entre
eux sont morts de leurs blessures", a déclaré à
l’AFP un porte-parole de l’hôpital Médina, Abdi Gaab.

En plus
de ces trois morts, neuf autres personnes ont été tuées
par les explosions dans la soirée, selon des habitants de la capitale.

Confrontés
à de nouvelles violences dans leur ville martyrisée par 16 ans
de guerre civile, des habitants choisissent l’exode.

"Le
nombre de personnes qui fuient Mogadiscio a augmenté de façon
très importante mardi, c’est mauvais pour les gens, mais bon pour nous",
commentait un chauffeur de taxi, Mukhtar Abbas: "elles s’en vont dans
les villages environnants qui sont relativement calmes".

Des habitants
se plaignent de l’impossibilité de se déplacer la nuit à
cause des violences.

"Si
vous êtes blessés ou si votre bien-aimé est blessé,
il n’y a pas de possibilité d’aller à l’hôpital la nuit",
a raconté un habitant, Ahmed Idris Afqalo: "vous mourez après
avoir saigné toute la nuit".

Depuis
la chute fin décembre-début janvier des tribunaux islamiques,
qui contrôlaient une grande partie du centre et du sud de la Somalie,
plusieurs dizaines de personnes, essentiellement des civils, ont été
tuées à Mogadiscio.

Parallèlement,
une vague de criminalité de droit commun touche la ville depuis la
défaite des islamistes, qui avaient réussi à imposer
la sécurité pendant les six mois où ils ont contrôlé
Mogadiscio.

Selon
le gouvernement somalien, les attaques au mortier sont le fait de miliciens
islamistes, qui avaient menacé de mener une guérilla contre
les autorités. Selon le gouvernement, environ 3.000 miliciens islamistes
en armes se trouvent toujours dans la capitale.

Le gouvernement
réclame le déploiement d’une force de paix africaine pour aider
à la sécurisation de la capitale et à la stabilisation
du pays, en guerre civile depuis 1991. L’Union africaine a donné son
feu vert à cette force, dont le déploiement tarde notamment
faute de moyens financiers et humains suffisants.