20/04/07 (B392-A) REUTERS Le président somalien minimise la flambée de violence

MOGADISCIO
(Reuters) – Le président somalien Abdoullahi Youssouf a minimisé
la signification de la nouvelle flambée de violence qui a fait une
trentaine de morts et des dizaines de blessés cette semaine à
Mogadiscio.

Tirs et
rafales d’armes lourdes se sont poursuivis vendredi dans la capitale somalienne,
où les habitants assurent que les combats actuels sont d’une intensité
comparable à ceux qui avaient fait un millier de morts en quatre jours
fin mars.

A l’hôpital Madina, les médecins étaient débordés
par l’afflux de blessés après quatre jours d’affrontements entre
la guérilla islamiste et clanique, d’une part, et les troupes somalo-éthiopiennes
au service du gouvernement transitoire de Youssouf, de l’autre.

« Nous avons admis 71 blessés, dont une quarantaine sont
grièvement atteints », a déclaré un médecin,
tandis qu’un autre avouait ne plus arriver à compter le nombre de victimes
qu’il avait opérées.

« Je ne partage pas l’opinion que la situation
à Mogadiscio ou en Somalie s’aggrave. Je dirais plutôt que le
problème de la Somalie se règle lentement mais sûrement »,
a affirmé Abdoullahi Youssouf à l’occasion d’une visite à
Addis-Abeba.

Néanmoins, Youssouf et son allié Meles Zenawi, le Premier ministre
éthiopien, ont estimé nécessaire d' »intensifier
les opérations de nettoyage antiterroristes à Mogadiscio »,
d’où un nouvel exode de civils est en cours.

Youssouf a promis de traquer les quelque 3.000 combattants anti-gouvernementaux
– selon une évaluation de l’Onu – qui tentent d’empêcher son
gouvernement d’asseoir son autorité dans la capitale, où l’armée
éthiopienne l’a installé en décembre.

CATASTROPHE HUMANITAIRE IMMINENTE

« Notre objectif est de protéger la population ainsi que le gouvernement
des attaques lancées par ces vestiges des tribunaux islamiques »,
a-t-il dit, se référant aux milices islamistes qui faisaient
régner leur ordre l’an dernier dans la capitale.

Des militaires bouclaient vendredi les accès aux bases militaires au
lendemain d’un attentat suicide meurtrier au véhicule piégé
à l’entrée d’un cantonnement éthiopien.

Cette « opération martyre » a été revendiquée
par un obscur « Mouvement des jeunes moudjahidine de Somalie », qui
affirme avoir eu recours à des substances chimiques. Cet attentat et
les autres affrontements de jeudi ont fait au moins une vingtaine de morts,
principalement des civils.

Les derniers combats ont entraîné un nouvel exode de centaines
de civils qui risque de prendre de l’ampleur. A pied, à dos d’âne,
en charrette ou en voiture, des centaines de nouveaux réfugiés
ont fui le chaos de la capitale, qui s’est déjà vidée
depuis février de plus d’un cinquième de son million d’habitants.

Des dizaines de milliers d’entre eux vivent dehors, manquant de vivres, d’eau
et des services essentiels. Les Nations unies ont prédit une catastrophe
humanitaire imminente car une épidémie de diarrhée a
déjà emporté plus de 400 personnes et une autre de choléra
frappe des centaines d’autres.

L’Ethiopie a récusé vendredi des propos tenus par le coordinateur
humanitaire de l’Onu sur place, Eric Laroche, qui avait estimé que
ses troupes et celles du gouvernement transitoire ne facilitaient pas l’acheminement
de l’aide d’urgence.

« La déclaration de Laroche dénote un absence surprenante
de connaissance de la situation à Mogadiscio et autour, ainsi que des
entraves causées aux opérations de secours par les voitures
piégées, mines et des tirs de roquette aveugles des extrémistes
et des terroristes », a dit un porte-parole d’Addis-Abeba.