20/04/07 (B392-A) PARIS (AFP) – Affaire Borrel : perquisition au ministère des Affaires étrangères
Une
perquisition a été menée jeudi au ministère des
Affaires étrangères dans le cadre d’une enquête judiciaire
sur d’éventuelles pressions exercées sur la justice dans l’affaire
du juge Borrel, retrouvé mort en 1995 à Djibouti.
Cette perquisition était conduite par les juges Fabienne Pous et Michèle
Ganascia, en présence de deux experts informatique, trois policiers
et deux greffiers, a précisé une source proche du dossier.
Trois avocats représentant la plaignante, Me Elisabeth Borrel, veuve
du juge décédé, étaient également présents.
Interrogé par l’AFP, l’un d’eux, Me Olivier Morice, s’est dit « satisfait
de constater que des magistrats indépendants cherchaient la vérité
sur ce qui apparaît comme des pressions du pouvoir politique sur l’autorité
judiciaire ».
Les juges ont perquisitionné plusieurs bureaux, dont celui
du directeur de cabinet du ministre, Pierre Vimont, effectué des copies
informatiques et emporté de nombreux documents, a-t-on précisé
de même source.
L’opération qui avait débuté
à 10H00 devait prendre fin vers 21H00.
Cette affaire dans l’affaire a démarré après une déclaration
officielle du Quai d’Orsay du 29 janvier 2005, assurant qu’une copie du dossier
d’instruction français relatif au décès de Bernard Borrel
serait « prochainement transmise à la justice djiboutienne »,
qui en avait fait la demande.
Or, quelques jours plus tard, la juge chargée de l’enquête, Sophie
Clément, refusera cette transmission. Elle estimait notamment que la
demande de Djibouti avait « pour unique but de prendre connaissance (…)
de pièces mettant en cause le procureur de la République de
Djibouti ».
La juge a d’ailleurs délivré en octobre 2006 des mandats d’arrêt
contre le procureur et le chef des services secrets de Djibouti pour une éventuelle
« subornation de témoins ».
Mme Elisabeth Borrel a déposé une plainte avec constitution
de partie civile pour des « pressions sur la justice », visant directement
l’ex-porte parole du Quai d’Orsay, Hervé Ladsous, aujourd’hui ambassadeur
de France en Chine.
L’information judiciaire a été confiée le 2 mars 2006
aux juges parisiennes qui ont ordonné la perquisition de ce jeudi.
Le premier acte majeur de cette affaire a eu lieu avec l’audition
comme témoin assisté de M. Ladsous le 21 mars.
Selon une source proche du dossier, M. Ladsous a mis en cause devant les juges
la Chancellerie, affirmant qu’il s’était contenté de publier
un communiqué préparé par le cabinet du ministre de l’époque,
Dominique Perben, qui était dirigé par l’actuel procureur général
de Paris, Laurent Le Mesle.
« Il y a visiblement quelqu’un qui a fait une grosse boulette à
la Chancellerie », a notamment déclaré M. Ladsous aux juges,
selon le Canard enchaîné.
Le juge Borrel, détaché comme conseiller du ministre djiboutien
de la Justice, avait été retrouvé mort en 1995, le corps
à demi-calciné, au pied d’un ravin.
Djibouti a conclu à un suicide mais l’enquête française
privilégie la thèse d’un assassinat.
La responsabilité présumée du président djiboutien
et de membres de son entourage a été évoquée lors
de l’instruction par plusieurs témoins.
Cette affaire a tendu les relations entre Paris et son ancienne colonie de
la Corne de l’Afrique, qui abrite la principale base militaire française
à l’étranger.