21/04/07 (B392-A) ONU / La recherche de solutions militaires pour stabiliser Mogadiscio sera vraisemblablement contreproductive.

United Nations (New York)
ACTUALITÉ

Dans son dernier rapport périodique sur la situation en Somalie, le
Secrétaire général estime que la recherche d’une solution
militaire aux problèmes de sécurité dans la capitale,
actuellement ravagée par les combats, sera « vraisemblablement
contreproductive et suscitera des rancoeurs à long terme parmi certains
clans et communautés, compromettant les perspectives de réconciliation
».

« Il est impératif d’obtenir la fin immédiate des combats,
qui suppose la cessation des hostilités et un engagement de toutes
les parties prenantes envers la paix » et « il faut en outre dissuader
certains acteurs régionaux de contribuer à l’instabilité
et à la prolifération des armes en Somalie, tout en encourageant
les apports positifs que d’autres font », souligne le rapport publié
aujourd’hui.

Ce document détaille les progrès obtenus dans le processus politique
et la réconciliation nationale que demande le Conseil de sécurité
au paragraphe 3 de sa résolution 1744.

Conformément à cette résolution, le Secrétaire
général a dépêché une mission d’évaluation
technique multidisciplinaire dans la région du 15 au 26 mars 2007,
dont les conclusions sont aussi présentées.

« La Somalie est en état de guerre civile, sans gouvernement
central fonctionnel depuis près de 16 ans en dépit de l’organisation
de 14 initiatives de paix distinctes », rappelle la mission.

Cette mission est arrivée à la conclusion que «
si la situation actuelle en Somalie offre une perspective de rétablir
des institutions de gouvernement effectives et de faire avancer l’application
de la Charte fédérale de transition, elle présente également
des risques considérables de poursuite de l’instabilité ».

« Si le ‘Somaliland’ et le ‘Puntland’ demeurent stables, la
situation dans le centre et le sud de la Somalie demeure très précaire
et s’est récemment détériorée », souligne
la mission, notant une recrudescence des combats interclaniques et intraclaniques
à Mogadiscio et ailleurs en Somalie ainsi que des attaques contre les
troupes éthiopiennes et les forces du Gouvernement fédéral
de transition dans la capitale, soit contre des convois parcourant la ville,
soit contre les casernements des soldats et les résidences officielles
et les hôtels.

« L’Union africaine a besoin d’urgence de renforcer le contingent
ougandais pour faciliter le retrait des forces éthiopiennes encore
présentes et pour élargir son domaine d’opérations tant
à Mogadiscio qu’au-delà », souligne la mission dans ce
rapport.

« Les dirigeants de l’Union africaine ont exhorté les Nations
Unies à se préparer à prendre rapidement la relève
de la Mission de l’UA en Somalie (AMISOM) dans les responsabilités
de maintien de la paix », ont rapporté ses membres.

Le Secrétaire général souligne dans ce rapport la nécessité
d’élargir le processus politique et d’encourager une authentique réconciliation
par un dialogue ouvert à tous, notamment par le biais d’une Conférence
qui devait avoir lieu le 16 avril mais a été depuis repoussée.

« La communauté internationale, mais également
la société somalienne, poussent activement le Gouvernement fédéral
de transition à rechercher une réconciliation en faisant intervenir
toutes les parties prenantes désireuses de renoncer à la violence
et de respecter la Charte fédérale de transition », est-il
écrit.

Par ses contacts réguliers avec les dirigeants des institutions fédérales
de transition, le Représentant spécial du Secrétaire
général, François Lonseny Fall, a continué à
affirmer qu’il faut que ces institutions nouent des relations bien réelles
avec toutes les parties prenantes somaliennes afin de parvenir à une
réconciliation nationale authentique.

« Il a également eu des contacts avec les dirigeants modérés
de l’ex-Union des tribunaux islamiques, les encourageant à renoncer
à la violence, à se conformer aux dispositions de la Charte
fédérale de transition et à viser sans conditions préalables
la réconciliation avec le Gouvernement fédéral de transition
».

Le rapport indique que certains dirigeants modérés de l’Union
des tribunaux islamiques ont marqué de l’intérêt pour
l’idée de participer au Congrès de réconciliation mais
ont exigé de siéger en qualité de représentants
de l’Union des tribunaux islamiques, ce qui est inacceptable pour le gouvernement.

Concernant la situation dans le pays, le Secrétaire général
souligne que « l’insécurité aggrave la vulnérabilité
des Somaliens, qui pâtissent à la fois des conflits civils et
des catastrophes naturelles ».

« Le peuple somalien semble las du conflit et prêt à instaurer
la paix et accueillerait favorablement les forces de maintien de la paix des
Nations Unies », estime enfin le rapport, notant toutefois qu’ «
un certain nombre d’acteurs continuaient à profiter de l’instabilité
et de l’absence de gouvernement central et n’avaient donc guère intérêt
à voir la situation s’améliorer ».