13/05/07 (B395) NOUVEL OBS : Les proches de la veuve du Juge Borrel évoquent un « témoin capital »

Le
comité de soutien d’Elizabeth Borrel affirme qu’un ancien militaire
français, actuellement détenu à Djibouti, aurait des
informations sur la mort suspecte du magistrat français.

Le comité de soutien de la veuve du juge Bernard Borrel a affirmé
samedi 12 mai à Lisieux (Calvados) qu’un ancien militaire français,
actuellement détenu par les autorités djiboutiennes, aurait
des informations sur le décès suspect du magistrat français,
retrouvé mort en octobre 1995 à Djibouti.

Dans une lettre ouverte qui vient d’être adressée aux ministères
des Affaires étrangères et de la Justice, le comité de
soutien à Elisabeth Borrel, persuadé que le magistrat a été
assassiné par des responsables djiboutiens, espère attirer l’attention
sur la situation de Christian Georges, 65 ans, qui a été gendarme
en poste à Djibouti de 1980 à 1987.

« C’est en octobre 2006 que Christian Georges est retourné en touriste
à Djibouti pour y voir des amis », a expliqué André
Lucas, président du comité de soutien à Elisabeth Borrel.
« Là, il a été arrêté, accusé
d’espionnage et incarcéré à la prison de Gabode où
il se trouve toujours aujourd’hui, avec son état de santé qui
se dégrade puisqu’il est atteint d’une tumeur au cerveau », ajoute-t-il.

Veiller sur la santé du témoin

« Tous ces ennuis sont arrivés le jour où il a fait savoir
dans des courriers et des SMS envoyés à sa famille qu’il détenait
des informations sur les conditions de l’assassinat du juge Borrel »,
a indiqué Philippe Marc, vice-président du comité, lors
d’une conférence de presse.

Le comité de soutien demande donc aux autorités françaises
que des mesures concrètes soient prises pour veiller à la protection
physique et psychologique de Christian Georges, car la juge d’instruction
Sophie Clément qui enquête sur cette affaire souhaiterait « l’auditionner
au plus vite ».

Une mort suspecte qui empoisonne les relations avec Djibouti

Le corps en partie carbonisé de Bernard Borrel, 40 ans, avait été
retrouvé le 19 octobre 1995 au pied d’une falaise au lieu-dit Le Goubet
en face de l’Ile du Diable, à 80km de Djibouti. La version officielle
parle d’un suicide par immolation, une hypothèse vivement contestée
par la famille et appuyée par des expertises indépendantes qui
pointent des causes extérieures.

Depuis plus de 11 ans, Elisabeth Borrel et son comité de soutien se
battent pour connaître la vérité, affirmant que le régime
djiboutien est le commanditaire de l’assassinat du juge Borrel. Ce dernier
avait été procureur de la République de Lisieux de 1988
à 1995, avant d’être détaché auprès du ministre
djiboutien de la Justice au titre de la coopération.

Dans ce dossier qui empoisonne les relations entre Paris et Djibouti, qui
accueille une importante base militaire française, un ancien lieutenant
de la garde présidentielle, Mohamed Saleh Alhoumekani, dit avoir assisté,
dans la nuit du 19 au 20 octobre 1995, dans les jardins du palais présidentiel,
à une conversation sur l’élimination du « juge fouineur »
entre plusieurs officiels, dont Ismaël Omar Guelleh, l’actuel chef d’Etat,
et deux terroristes supposés être en prison.

(AP)