20/06/07 (B400 B) AFP Le procureur confirme officiellement l’origine criminelle de la mort du juge Borrel (Un document capital ….)

PARIS (AFP) – Le procureur de la République,
Jean-Claude Marin, a confirmé mardi soir dans un communiqué
l’origine criminelle de la mort du juge Bernard Borrel, dont le corps avait
été retrouvé en 1995 au bas d’un ravin à Djibouti.

Ce communiqué a été publié quelques heures après
que la veuve du juge, Elisabeth Borrel, eut été reçue
à l’Elysée par le président Nicolas Sarkozy. Une entrevue
à l’issue de laquelle elle s’est dite "réconciliée
avec son pays".

La juge Sophie Clément avait demandé jeudi au magistrat de rendre
publics les éléments du dossier prouvant la piste criminelle
afin d’éviter "la propagation d’informations inexactes".

Le 9 mai, les avocats d’Elisabeth Borrel avaient déjà formulé
la même demande, mais sans obtenir de réponse du parquet.

Sollicité à ce sujet par la veuve, le chef de l’Etat a assuré
qu’il allait se renseigner pour savoir pourquoi le parquet ne faisait pas
de communiqué sur l’origine criminelle de l’affaire, avait indiqué
à l’AFP l’avocat de la famille Borrel, Me Olivier Morice.

"Le procureur de la République de Paris, en accord et comme suite
à la demande de Madame Sophie Clément, vice-présidente
chargée de l’instruction de l’affaire Borrel, précise que si
la thèse du suicide a pu un temps être privilégiée,
les éléments recueillis notamment depuis 2002 militent en faveur
d’un acte criminel", écrit M. Marin dans son communiqué.

"Les expertises anthropologiques, médico-légales
et de police scientifique concluent à l’existence de lésions
osseuses sur le crâne et sur l’avant-bras gauche faites à l’aide
d’un objet contondant, et à la découverte de deux produits inflammables
de nature distincte versés sur le corps. Elles précisent que
+Bernard Borrel était couché sur le sol lorsque les liquides
ont été répandus sur sa personne de manière aléatoire+",
ajoute le magistrat.

"En l’état, l’instruction vise à compléter
ces éléments par des auditions et de nouvelles expertises afin,
notamment, d’identifier les auteurs et de connaître leurs mobiles",
conclut le communiqué.

A l’issue de son entrevue mardi matin, Mme Borrel a expliqué à
l’AFP avoir constaté chez M. Sarkozy "un vrai changement de ton
sur le fond et sur la forme" dans la manière d’aborder le dossier.

"Il m’a dit qu’il comprenait mon combat pour la vérité
et qu’il aurait fait pareil à ma place. Il n’y aura plus les obstructions
qu’on a connues. Il s’y est engagé", a-t-elle ajouté.

"Je voulais le remercier car c’est le seul qui m’ait reçue depuis
douze ans", a souligné Mme Borrel, qui a regretté de n’avoir
été reçue par "aucun ministre, aucun garde des Sceaux
auparavant, dans une affaire qui concerne pourtant l’assassinat d’un magistrat".

"C’est vrai qu’il m’a un peu, sur ce plan-là, réconciliée
avec mon pays", a-t-elle dit.

Mme Borrel avait dénoncé le 13 juin devant la presse "des
pressions politiques incontestables" de l’Etat français dans cette
enquête, mettant notamment en cause le rôle joué par Jacques
Chirac.