25/06/07 (B401) AFP / Affaire Borrel: RFI « a relayé des pressions politiques », affirme un journaliste.
David Servenay, ancien journaliste de Radio France International (RFI) qui travaillait sur l’affaire Borrel, a affirmé samedi dans un communiqué à l’AFP que la direction de la station avait « relayé au printemps 2005 de multiples pressions politiques (…) de l’Elysée et de Djibouti » dans cette affaire.
Une note diplomatique, saisie par la justice au Quai d’Orsay et que l’AFP a pu consulter, suggère que Djibouti a demandé en 2005 la mise à l’écart de ce journaliste.
« Ne pouvez-vous demander à RFI, et obtenir, qu’il ne s’occupe plus de Djibouti? », demande notamment le ministre des Affaires étrangères djiboutien, dans cette note datée du 24 janvier 2005.
M. Servenay s’est vu progressivement retirer la couverture du dossier à partir d’octobre 2005, avant de quitter définitivement l’entreprise en mai 2007, selon des représentants du personnel de RFI.
Le directeur de la communication de RFI, André Sarfati, a affirmé à l’AFP que « les autorités de RFI » n’avaient jamais subi « de pression ou d’intervention » politique, notamment du Quai d’Orsay, dans cette affaire.
Une affirmation contestée par M. Servenay dans son communiqué. « La direction de RFI a relayé au printemps 2005 de multiples pressions politiques, dont je sais qu’elles viennent de l’Elysée et de Djibouti », explique-t-il.
Selon lui, Bernard Brigouleix, ex-directeur de l’information de RFI, lui aurait notamment dit, devant témoins: « Tu sais, nous avons des soucis diplomatiques », en lui annonçant la déprogrammation d’un reportage sur l’affaire Borrel, en mars 2005. Contacté par l’AFP, M. Brigouleix n’a pu être joint.
Le retrait du reportage et d’un article sur le site interne de RFI avait été dénoncé le 19 mai 2005 par le personnel de RFI comme « un cas de censure ».
Ils ont finalement été diffusés, « après l’introduction du point de vue de Djibouti », pour le premier, et « la suppression de passages qui pouvaient être diffamatoires », pour le second, a expliqué lundi à l’AFP Dominique Burg, directrice de la rédaction de RFI, en affirmant n’avoir « personnellement jamais subi la moindre pression » dans cette affaire.
« Dominique Burg oublie de préciser que les passages » incriminés (qui concernaient l’éventuelle implication des services spéciaux français, ndlr) avaient été validés par la direction de l’Information », explique aujourd’hui le journaliste en contestant leur caractère diffamatoire.
« N’étant pas à la tête de l’entreprise, il est également normal que Mme Burg n’ait pas (…) subi de pression directes des autorités françaises », explique-t-il.
Le syndicat national des journalistes SNJ a demandé mercredi dans un communiqué à la direction de RFI « de s’expliquer sur le dossier Borrel », en estimant que celle-ci semblait « de toute évidence, avoir cédé aux pressions » dans cette affaire.
© 2007 AFP