10/07/07 (B403) Nouvel Obs / Ethiopie – Peine de mort requise contre 38 opposants (Info lectrice)
Les accusés ont refusé d’être défendus par des avocats et dénient à la Haute Cour le droit de les juger après les violences de 2005.
Le procureur de la Haute Cour fédérale de justice d’Ethiopie, Abraha Tetemke, a requis, lundi 9 juillet, la peine de mort contre 38 opposants déclarés coupables de "complot contre la Constitution".
"Selon le code pénal du pays, la peine maximum doit être appliquée aux accusés reconnus coupables d’avoir comploté contre la Constitution", a déclaré le procureur lors d’une brève audience. Avant d’annoncer ses réquisitions : "Comme tous les accusés ont été reconnus coupables de cette charge, nous demandons à la Cour d’infliger la peine de mort". Et d’ajouter : "Les accusés n’ont même pas exprimé de regrets pour leurs actions, ce qui, en soi, est un crime au regard de la loi".
La Cour a suspendu les débats après le réquisitoire du procureur et a fixé au 16 juillet la prochaine audience.
Un tribunal illégitime selon les accusés
Les 38 accusés ont refusé d’être défendus par des avocats et dénient à la Haute Cour le droit de les juger dans le procès contre les principaux dirigeants de l’opposition éthiopienne, jugés après les violences qui avaient suivi les élections législatives de 2005. Ces élections avaient officiellement été remportées par la coalition au pouvoir. Néanmoins, l’opposition avait dénoncé de nombreuses fraudes.
Les violences post-électorales avaient fait près de 200 morts, selon une commission d’enquête du Parlement éthiopien.
Parmi les 38 accusés, figurent quatre journalistes et des militants politiques.
Des "erreurs" reconnues
Le 24 juin 2007, un des avocats de l’opposition avait indiqué que les 38 accusés – déclarés coupables le 11 juin de violation de la Constitution – avaient signé un document où ils reconnaissaient avoir commis des "erreurs".
"Les 38 condamnés sont tombés d’accord et ont signé un document où ils assument leur responsabilité dans les violences post-électorales, avait expliqué Me Wondawuk Ayele.
"La Cour leur avait auparavant demandé de le faire, mais ils avaient refusé", a-t-il ajouté." C’est un nouveau développement et cela pourrait permettre leur libération."
Une centaine de personnes – dont les dirigeants de la Coalition pour l’unité et la démocratie (CUD, opposition) – et des organisations politiques sont poursuivies dans ce procès débuté fin 2005.
Le gouvernement éthiopien a régulièrement accusé la CUD de fomenter des violences et de préparer un coup d’Etat depuis ces élections.