26/09/07 (B414) AFP / Somalie: les humanitaires pour une protection militaire face aux pirates

NAIROBI (AFP) — Le Programme alimentaire mondial (PAM), dont les cargos chargés d’aide sont régulièrement attaqués par des pirates au large de la Somalie, s’est félicité mercredi de la proposition française de protéger ses bateaux, mesure réclamée en vain depuis des années par les humanitaires.

Le président français Nicolas Sarkozy a annoncé mardi soir que la France était prête à envoyer un navire de guerre au large de la Somalie afin de protéger les convois humanitaires contre les actes de piraterie maritime.

Une présence militaire navale offrirait « une importante protection contre les actes de piraterie dans les eaux somaliennes », a commenté un porte-parole du PAM, Marcus Prior, ajoutant: « nous sommes en contact avec le gouvernement français pour discuter en détail de cette annonce ».

Les organisations humanitaires réclament depuis des années une protection militaire pour l’aide destinée à la population somalienne.

La Somalie est en guerre civile depuis 1991. Actuellement, 1,5 million des dix millions d’habitants du pays ont besoin d’aide humanitaire, selon un décompte établi en août par l’organisation de l’ONU pour l’agriculture et l’alimentation (FAO).

Du fait de l’état désastreux du réseau routier et de l’insécurité généralisée en Somalie, les organisations humanitaires privilégient la voie maritime: 80% de l’aide de l’ONU transite par la mer.

Pour les pirates somaliens, équipés de vedettes rapides armées de mitrailleuses lourdes ou de lance-roquettes et dont l’activité prospère en toute impunité depuis des années, ces cargaisons sont une aubaine.

Outre des profits retirés de la revente de tout ou partie de l’aide, ils exigent des rançons pour libérer les équipages des bateaux arraisonnés (cargos mais aussi bateaux de pêche, ou plaisanciers).

Depuis début 2007, au moins 17 navires ont été attaqués à proximité des 3.700 km de côtes somaliennes, dont deux cargos affrétés par le PAM, selon l’Organisation maritime internationale (OMI).

L’équipage d’un des navires du PAM a été retenu en otage 45 jours. Un homme a été tué sur le second cargo arraisonné en tentant de repousser les pirates qui montaient à l’abordage.

En 2005, le PAM avait déjà dû suspendre temporairement son activité maritime en Somalie après l’attaque de deux de ses cargos par des pirates.

En juin, le Bureau maritime international (BMI) a appelé une nouvelle fois « à une intervention urgente des marines de guerre internationales » le long des côtes somaliennes. Sans succès, comme les très nombreux appels précédents du même type.

De fait, les pays occidentaux ne montrent guère d’enthousiasme pour s’engager militairement en Somalie, ayant encore en mémoire le désastre de l’intervention américaine et des opérations de l’ONU dans ce pays dans les années 1990.

M. Sarkozy a d’ailleurs précisé que l’offre française d’assistance militaire au PAM était valable « pour une durée de deux mois ».

Pourtant, un dispositif naval occidental est déployé en permanence au large des eaux somaliennes, dans le golfe d’Aden.

La France possède sa plus grande base militaire à l’étranger à Djibouti, pays frontalier de la Somalie, et une force navale multinationale patrouille dans la zone pour protéger la navigation des attaques terroristes le long de cette route maritime majeure.

« Parfois, (les attaques de pirates) se font sous la surveillance des navires de combat qui ne peuvent intervenir pour des raisons de droit international », leur interdisant de pénétrer dans les eaux territoriales, relevait en juillet le secrétaire général de l’OMI, Efthimios Mitropoulos.