21/10/07 (B418) LE FIGARO avec AFP : Manifestations monstres contre la justice française à Djibouti (Info lectrice)
Des milliers de personnes ont défilé dans la capitale pour protester contre l’enquête de la justice française sur la mort du juge Borrel.
15.000 à 20.000 personnes dans les rues de Djibouti samedi, c’est du jamais vu ou presque dans ce petit pays de la Corne de l’Afrique, qui compte 705.000 habitants, dont la moitié dans la capitale. Les djiboutiens étaient venus en masse pour dénoncer l’action de la justice française, qui poursuit l’enquête sur la mort suspecte du juge Bernard Borrel, le 19 octobre 1995.
Les relations entre la France et Djibouti – ex-colonie française qui abrite la principale base militaire française en Afrique – sont empoisonnées par cette affaire. Borrel travaillait, dans le cadre de la coopération, auprès du ministre de la Justice de Djibouti. Son corps avait été retrouvé dans un ravin. Après avoir conclu au suicide, la justice française avait réouvert l’affaire suite à l’action de la veuve du juge. Et cette mort suspecte s’est transformée en affaire d’Etat après la mise en cause par des témoins de l’actuel président djiboutien Ismaël Omar Guelleh et de dignitaires du régime.
«Touche pas à mon président !»
A peine élu, Nicolas Sarkozy s’est engagé à aider la veuve Borrel dans ses démarches pour connaître la vérité. Fin août, le procureur général de Djibouti Djama Souleiman et le chef des services secrets Hassan Saïd, proches du président Guelleh, ont été renvoyés pour la première fois devant la justice française dans ce dossier.
Des mandats d’arrêt internationaux, valant mises en examen, avaient été délivrés le 27 septembre 2006 par la justice française contre ces deux responsables, soupçonnés d’avoir exercé des pressions sur deux témoins djiboutiens. Ce que Djibouti n’a pas apprécié. D’où cette marche de protestation organisée par une trentaine d’associations. Les manifestants ont défilé devant l’ambassade de France aux cris de «touche pas à mon président !», «Honte à toi Sarkozy!», ou encore «Justice raciste».
Autre contre-attaque : les autorités djiboutiennes ont récemment évoqué un possible lien entre la mort du juge et une affaire de « pédophilie » impliquant des Français. Plusieurs ressortissants français ayant résidé à Djibouti dans les années 90, dont des ex-diplomates, sont visés par une enquête judiciaire après une plainte de deux Djiboutiens en avril pour agressions sexuelles présumées sur mineurs.