25/10/07 (B418-C) AFRIK.COM /L’Affaire Borrel creuse le fossé entre la France et Djibouti – Les événements de ces derniers jours relancent la polémique sur la mort du juge français

La famille de Mohammed Saleh Alhoumekani, un témoin clé dans l’affaire de l’assassinat du juge Borrel, a été expulsée lundi après midi de Djibouti vers le Yémen. Cette expulsion fait suite à la montée des tensions entre Djibouti et la France qui a eu lieu ces quatre derniers jours.

« Votre famille est là, vous dites un seul mot et tout rentre dans l’ordre », tels sont les propos qu’auraient tenus deux généraux djiboutiens à Mohammed Saleh Alhoumekani. Sept membres de sa famille ont été expulsés lundi après midi de Djibouti vers le Yémen. Sa mère, ses cinq frères et sœurs et la femme de son frère aîné ont fait l’objet d’une procédure de bannissement de la part des autorités djiboutiennes. D’après une source judiciaire, avant leur départ, la famille aurait été placée pendant 24 heures en garde à vue dans le centre de transit de Nagad situé à quelques kilomètres de la capitale djiboutienne.

M. Alhoumekani, ancien officier de la garde présidentielle djiboutienne réfugié à Bruxelles avait mis en cause le Président djiboutien Ismaël Omar Guelleh dans l’enquête sur la mort du juge Bernard Borrel en 1995. A la suite de son témoignage, l’homme aurait subi des pressions pourqu’il lève ses accusations. Il a assuré mardi avoir reçu des appels émanant de généraux de l’armée djiboutienne lui demandant de revenir sur ces déclarations.

Fin août, le chef des services secrets, Hassan Said, et le procureur général de Djibouti Djama Souleiman avaient été traduits en justice en France dans le cadre de l’assassinat du juge Borrel. Ils étaient suspectés d’avoir menacé deux témoins dont M. Alboumekani.

Une enquête sous haute tension

Les relations entre la France et la République de Djibouti se sont nettement tendues ces derniers mois en raison de l’affaire Borrel. Ce week-end, des manifestations hostiles à la France et à sa justice ont secoué la République de Djibouti. 35 000 personnes sont descendues dans la rue et ont scandé des slogans comme « Justice raciste ! ». Plusieurs ministres, des parlementaires, des chefs religieux et représentants de la société civile ont eux aussi participé au rassemblement.

La remise en cause par la justice française du suicide du juge Borrel, la comparution en France du procureur général et du chef des services secrets attisent les tensions. D’autre part, les autorités djiboutiennes ont récemment évoqué un lien entre la mort du juge et une affaire de pédophilie dont il aurait été chargé. En avril, une plainte pour agressions sexuelles présumées sur mineurs avait été déposée par deux djiboutiens. Celle-ci impliquerait plusieurs ressortissants français ayant résidé à Djibouti dans les années 90.

Le 19 octobre1995, à Djibouti, on retrouvait le corps à demi calciné du juge Bernard Borrel. Douze ans après sa mort, l’affaire n’a pas encore révélé tous ses mystères.