09/11/07 (B420-B) AFP / MOGADISCIO (AFP) – Somalie : 18 morts à Mogadiscio, combats les plus meurtriers depuis des mois. (Info lectrice)

Dix-huit personnes ont été tuées vendredi dans des combats dans la capitale somalienne Mogadiscio, où les accrochages les plus meurtriers depuis plusieurs mois entre insurgés et forces éthiopiennes et gouvernementales ont fait au moins 43 morts depuis jeudi.

Ces affrontements, les plus sanglants depuis une vaste offensive menée en avril dans la capitale somalienne par l’armée éthiopienne, qui soutient les forces gouvernementales face aux insurgés notamment islamistes, surviennent sur fonds d’impasse politique et sécuritaire en Somalie, en guerre civile depuis 16 ans.

La situation était redevenue calme à partir de vendredi à la mi-journée, mais les habitants craignaient une reprise des affrontements, affirmant que les deux camps profitaient de l’accalmie pour se regrouper.

« Un nombre énorme de gens ont profité de l’accalmie pour fuir les quartiers du sud de Mogadiscio », a témoigné un commerçant, Iman Ahmed.

Addis Abeba a dépêché la semaine dernière des renforts dans la ville, selon des habitants.

Quatre civils ont été tués vendredi dans le quartier de Howaldag (sud) par l’explosion d’un obus de mortier tiré par les forces éthiopiennes, ont indiqué des témoins.

Selon des témoins, huit autres civils ont été tués dans le quartier du marché de Hamar Jadid (sud) par des soldats éthiopiens.

« Les forces éthiopiennes ont tiré par balles au hasard sur les gens ici. Nous avons retrouvé huit corps, dont deux femmes », a rapporté un habitant, Olad Ahmed.

« Ils ont tiré au hasard sur huit personnes (…) nous avons retrouvé le corps de mon frère devant son commerce avec une balle dans la tête », a également témoigné Amina Hussein.

Six civils ont en outre été tués vendredi matin dans le quartier de Blacksea (sud) par l’explosion d’un obus de char éthiopien. Des blindés éthiopiens installés à Blacksea avaient tiré vendredi sur des positions présumées des insurgés, selon des témoins.

 

Dans le même temps, le président Abdullahi Yusuf Ahmed poursuivait ses consultations pour nommer un nouveau Premier ministre après la démission du titulaire le 29 octobre. Tandis que le chef de l’opposition à dominante islamiste, cheikh Sharif Sheikh Ahmed, a lancé jeudi un nouvel appel au combat contre « l’occupation éthiopienne » et exclu toute discussion avec le gouvernement de transition.

Vendredi matin, 13 cadavres de civils avaient été découverts dans deux quartiers, selon des habitants, portant à 25 — dont cinq soldats éthiopiens — le nombre de morts dans les affrontements de la veille, selon des habitants.

Au total, au moins 43 personnes ont été tuées dans ces affrontements depuis jeudi, selon un décompte établi par l’AFP auprès de témoins.

Le cadavre d’un soldat éthiopien avait été exhibé jeudi et traîné dans les rues de Mogadiscio par des habitants.

Le 2 novembre, des insurgés islamistes avaient déjà exhibé à Mogadiscio les corps de trois soldats éthiopiens, selon eux, tués dans des accrochages.

Les civils sont les premières victimes des violences qui ensanglantent la capitale somalienne depuis la chute des tribunaux islamiques fin 2006-début 2007.

L’armée éthiopienne était alors intervenue aux côtés des forces du gouvernement de transition somalien, lui permettant de mettre en déroute les forces des tribunaux islamiques, qui avaient brièvement pris le contrôle de la majeure partie du centre et du sud du pays.

Depuis, les insurgés, parmi lesquels des miliciens islamistes, mènent des attaques quasi-quotidiennes dans la capitale.

Ces violences ont provoqué des déplacements massifs de la population de Mogadiscio. 1,5 million des 10 millions de Somaliens ont besoin d’aide humanitaire, selon les Nations unies.