20/01/08 (B431) Nouvel Obs avec AP / Le différend entre Djibouti et la France sur la mort du juge Borrel à partir de lundi devant la CIJ. (Info lectrice)

Le différend juridico-diplomatique entre Djibouti et la France sur la mort mystérieuse du juge Bernard Borrel en 1995 se retrouve à partir de lundi devant la Cour internationale de justice (CIJ), le petit Etat de la Corne de l’Afrique souhaitant que lui soit transmis le dossier sur l’enquête, qui remonte jusqu’à son président.

Elisabeth Borrel, la veuve du magistrat retrouvé mort le 19 octobre 1995 face à l’Ile du Diable à Djibouti, le corps à moitié carbonisé, a mis en garde contre une telle transmission, estimant que si la justice française ne peut aller au bout de ses investigations, la vérité ne se fera peut-être jamais jour.

La République de Djibouti a saisi la CIJ, principal organe judiciaire des Nations unies, en janvier 2006 pour une « violation » par la France de ses « obligations internationales » dans le cadre de l’affaire Borrel.

La version officielle djiboutienne parle d’un suicide par immolation, une hypothèse vivement contestée par la famille et démentie par des expertises indépendantes qui pointent des causes extérieures. La veuve du magistrat désigne le président Ismaël Omar Guelleh comme l’un des commanditaires de cet assassinat.

Le différend porté devant la CIJ concerne le refus des autorités gouvernementales et judiciaires françaises de transmettre à Djibouti le dossier de l’enquête ouverte en France sur la mort du juge.

Dans sa requête, Djibouti estime que ce refus constitue « une violation des obligations internationales de la France découlant tant du traité d’amitié et de coopération signé entre les deux Etats le 27 juin 1977 que de la convention d’entraide judiciaire en matière pénale entre la France et Djibouti, en date du 27 septembre 1986 ».

Les autorités djiboutiennes protestent par ailleurs contre la convocation par la France de ressortissants djiboutiens bénéficiant d’une protection internationale, dont Ismaïl Omar Guelleh.

La France maintient à Djibouti, ancienne colonie, sa plus importante garnison outre-mer. Cette dimension stratégique pourrait expliquer les « pressions » exercées, selon Mme Borrel, par Paris sur la justice pour répondre aux exigences de Djibouti, notamment sur la transmission du dossier Borrel refusée par la juge Sophie Clément, en charge de l’affaire.