23/02/08 (B436) LIBERATION (Voyages) Disparition dans l’Afar en Ethiopie Mercredi dernier, un septuagénaire a fait une chute mortelle dans une crevasse et un groupe de 28 touristes a essuyé des coups de feu. (Info lectrice)

Est-ce l’attrait des volcans ou le charme suranné de notre ancêtre Lucy qui séduit ainsi les touristes français ?

Ils sont chaque année plusieurs dizaines à se rendre dans l’Afar, aux confins de l’Erythrée et de l’Ethiopie. Les émules d’Aroun Tazieff se lancent à l’assaut de l’Erta Ale. S’y dressent sept pics, actifs ou endormis. La zone compte une trentaine de volcans, soit le quart du patrimoine volcanique africain.

Ces sites évoquant l’aube de l’humanité sont situés dans le prolongement de la vallée du Rift, patrie de Lucy. La dépression Danakil est l’une des régions les plus chaudes du monde, et abrite le point terrestre le plus bas du continent africain, à 116 mètres au dessous du niveau de la mer. Autant d’extrêmes qui rendent l’aventure périlleuse. Selon un opérateur touristique basé en Ethiopie, le documentaire de Nicolas Hulot récemment consacré à la région n’est pas étranger à sa popularité. Lors du tournage, le héraut de l’écologie n’avait pas lésiné sur les moyens logistiques – hélicoptère et médecin personnel entre autre.

On ne peut pas en dire autant de tous les tour operateurs qui proposent ce produit sulfureux. «Certains n’ont pas de Thuraya (téléphone satellite portable) en état de marche, alors que même un problème de santé mineur peut prendre des proportions dramatiques» s’inquiète-t-on à l’Ambassade de France en Ethiopie. Invoquant les conditions éprouvantes et le risque sécuritaire, les autorités françaises déconseillent le voyage.

Mercredi dernier, un septuagénaire a fait une chute mortelle dans une crevasse, et un groupe de 28 touristes s’est retrouvé en difficulté. Selon le Quai d’Orsay, «leurs voitures ont recu des coups de feu alors que les touristes se trouvaient à distance ; ils ont été évacués par l’armée éthiopienne». La télévision d’Etat éthiopienne a fait état d’une tentative de kidnapping avortée, grâce à l’intervention des forces de sécurité.

Une version non confirmée, mais loin d’être fantasmagorique quand on sait qu’à la même époque l’année dernière, cinq Européens dont une Française avaient été enlevés par un groupe séparatiste Afar. L’Erythrée, pays voisin et ennemi de l’Ethiopie, est soupçonnée d’abriter tout ce qui ressemble de près ou de loin à un opposant au pouvoir éthiopien, ce qui rend la zone frontalière inhospitalière.

Les Européens avaient été relâchés après deux semainesde détention, la captivité avait été beaucoup plus longue pour les Ethiopiens -guides, chauffeurs et cuisiniers-, pris en même temps qu’eux. Certains opérateurs soulignent que pendant des années, il n’y a eu aucun problème avec les populations Afar de la région. Reste que le risque n’est pas nul. En 2004, une Française y a disparu sans laisser de traces.

L’enquête n’a pas abouti.