29/10/07 (B419) (AFP) – Somalie : le Premier ministre démissionne, impasse politique et sécuritaire

Le Premier ministre somalien de transition, Ali Mohamed Gedi, a démissionné lundi à l’issue d’une épreuve de force avec le président, aggravant l’impasse politique, sécuritaire et humanitaire de ce pays en guerre civile depuis 16 ans.

Au moment où M. Gedi, en poste depuis 2004, remettait sa lettre de démission au président Abdullahi Ahmed Yusuf, des centaines de civils continuaient de fuir Mogadiscio, au lendemain d’intenses combats entre insurgés et forces gouvernementales alliées à l’armée éthiopienne.

M. Gedi a remis sa lettre de démission au président lors d’une rencontre à Baïdoa (250 km au nord-ouest de Mogadiscio) où siège le Parlement de transition, a indiqué à l’AFP sous couvert d’anonymat un haut responsable de la présidence somalienne.

« Les deux (responsables) ont ensuite parlé un moment de l’avenir du pays », a-t-il ajouté.

Selon un proche conseiller de M. Yusuf, « le Premier ministre et le président, avec l’aide de pays amis, sont parvenus à un accord pour mettre fin à la confusion politique ».

Un proche du Premier ministre, s’exprimant sous couvert de l’anonymat, a dénoncé « un système où il n’y a plus de règles institutionnelles », en critiquant des « manquements graves à la charte de transition » de la part des partisans du président.

« Le Premier ministre veut un Etat démocratique, laïque, transparent (…). On va maintenant vers un Etat prébendier, avec une famille prédatrice », a-t-il ajouté en faisant référence au clan du président.

Les vives tensions existant depuis plusieurs semaines entre MM. Yusuf et Gedi – rentré lundi à Baïdoa après plusieurs jours passés en Ethiopie – avaient paralysé le fonctionnement du gouvernement.

M. Yusuf faisait pression sur le Parlement afin d’obtenir un vote de destitution à l’encontre de M. Gedi, l’accusant de ne pas assumer ses responsabilités et de ne pas avoir mis fin aux violences à Mogadiscio.

Ses détracteurs lui reprochaient notamment d’être à l’origine de l’intervention de l’armée éthiopienne contre les forces des tribunaux islamiques somaliens en décembre 2006.

Depuis, une insurrection dirigée par la mouvance islamiste mène régulièrement des opérations de guérilla, particulièrement à Mogadiscio, visant des objectifs gouvernementaux ou des soldats éthiopiens.

Les insurgés excluent tout contact politique avec le gouvernement tant que l’armée éthiopienne sera présente en Somalie.

Des membres du clan M. Gedi, les Hawiye, participent également à cette insurrection.

Le clan Hawiye est le plus important dans Mogadiscio depuis sa victoire en janvier 1991 contre le président de l’époque, Mohamed Siad Barre, qui appartenait au grand clan rival des Darod. M. Yusuf appartient au clan des Darod.

Des affrontements, parmi les plus violents ces derniers mois, ont eu lieu tout au long du week-end dans la capitale, témoignant de l’absence actuelle de perpective de réglement négocié.

Dimanche, le maire de Mogadiscio, Mohamed Omar Habeb, avait demandé aux civils d’évacuer plusieurs quartiers du sud de Mogadiscio, menaçant d’accroître la répression contre les zones tenues par les insurgés.

« Si le maire exhorte les gens à fuir, alors qu’est-ce qui peut arriver après? Il pourrait y avoir à nouveau des bombardements comme auparavant, nous fuyons cet enfer », a raconté Hussein Bulle, un habitant.

Sur une population d’environ 10 millions d’habitants, environ 1,5 million de Somaliens ont besoin d’une aide internationale, selon les organisations d’aide.