01/05/08 (B445) Le Monde avec AFP : L’Erythrée critiquée pour son attitude d’obstruction à la mission de l’ONU

Le Conseil de sécurité a vivement critiqué l’Erythrée mercredi, pour son attitude persistante "d’obstruction" qui a rendu inopérante la force de l’ONU chargée de surveiller la frontière entre ce pays et l’Ethiopie.

Répartie des deux côtés de la frontière, cette force, la Minuee, a été contrainte de quitter, au moins temporairement, le territoire érythréen à cause de multiples tracasseries que lui a imposées le gouvernement d’Asmara, parmi lesquelles des restrictions à ses approvisionnements en carburant.

Les quinze membres du Conseil ont adopté à l’unanimité une déclaration, réaffirmant que "les deux parties ont la responsabilité première de la recherche d’un règlement total et durable de leur querelle frontalière et de la normalisation de leurs relations".

La déclaration condamne les "obstructions" d’Asmara, qui ont atteint un niveau tel que "la mission s’est trouvée dans l’impossibilité de remplir son mandat et contrainte de se redéployer temporairement".

Elle appelle les deux voisins de la Corne de l’Afrique à "faire preuve du maximum de retenue et à s’abstenir de toute menace ou de tout usage de la force l’un contre l’autre".

Elle appelle également l’Erythrée et l’Ethiopie à s’attacher immédiatement à "résoudre les questions pendantes, conformément aux engagements pris aux termes de l’accord d’Alger".

La pénurie de carburant imposée par Asmara paralysait les moyens de la Minuee, aériens notamment, et l’empêchait d’accomplir son mandat, qui consiste à surveiller la frontière litigieuse avec l’Ethiopie, où se font face 200.000 soldats des deux pays.

La Minuee, créée en 2000, comptait un peu plus de 2.000 personnels, dont environ 1.200 étaient basés en Erythrée avant leur évacuation.

Dans un rapport le 11 avril, le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, a proposé plusieurs options, incluant une dissolution pure et simple, pour tenter de sortir la Minuee de l’impasse.

Le retrait éventuel de la Minuee fait craindre un nouveau conflit entre l’Erythrée et l’Ethiopie, qu’une guerre frontalière a opposées de 1988 à 2000, faisant au moins 80.000 morts, et dont les relations sont très tendues.

Aux termes de l’accord d’Alger de 2000 qui avait mis fin à la guerre, les deux pays s’étaient engagés à accepter le tracé de la frontière qu’établirait une commission indépendante. Celle-ci a remis son tracé mais l’Ethiopie refuse de l’appliquer, revendiquant la région de Badme attribuée par la commission à l’Erythrée.

Cette dernière reproche à l’ONU de prendre parti pour l’Ethiopie en ne la contraignant pas à appliquer l’accord d’Alger, d’où ses mesures de représailles contre la Minuee.