12/05/08 (B447) Romandie News avec AFP : L’opposition érythréenne se trouve un leader à Addis Abeba

ADDIS ABEBA – L’opposition érythréenne, alliance de 13 groupes politiques, est parvenue à surmonter ses divisions pour élire à Addis Abeba son président, Tewolde Gebreselassie, qui a promis dimanche un regain d’activité, diplomatique et sur le terrain, contre le régime d’Asmara.

L’Alliance démocratique érythréenne (EDA) s’était déjà réunie à Addis Abeba en février 2007 mais la conférence s’était terminée sur un désaccord concernant la composition de sa direction.

« Nous sommes tombés d’accord pour élire une direction, qui a été la cause de divergences parmi les membres », s’est félicité devant la presse Tewolde Gebreselassie, 58 ans, ancien responsable de l’information pour le Front de libération érythréen (FLE), fer de lance dans les années 60 de la lutte contre la domination éthiopienne.

« Nous allons à présent accroître nos activités sur le front diplomatique, et organiser des manifestations », a-t-il ajouté.

L’Alliance démocratique érythréenne avait adopté mercredi une charte prévoyant le renversement du régime d’Asmara.

« Nous connaissons les besoins de notre peuple qui souffre de la dictature dans notre pays. Cette charte a été adoptée conformément à leurs besoins », avait alors déclaré à l’AFP Habte Tesfamariam, président d’une des composantes de la coalition (le « Eritrean Salvation Front »).

« Dans un premier temps, notre priorité consiste à nous assurer que notre organisation jouisse d’un soutien complet (de la population). Alors, nous lancerons un soulèvement populaire qui ira provoquer l’armée », avait-il ajouté.

L’opposition compte renforcer ses liens avec la diaspora érythréenne, quasiment aussi nombreuse que la population en Erythrée et dont les centaines de millions de dollars envoyés à leurs proches en Erythrée chaque année soulagent grandement le gouvernement érythréen.

« La diaspora est opposée au (président) Issaias (Afeworki) mais elle n’est pas avec nous en raison de nos divergences. Elle nous demande de nous unir parce que la tyrannie là-bas est coupable d’abus », a expliqué à l’AFP Noor Idris, président du Parti de la renaissance érythréenne.

Selon Habte Tesfamariam, plusieurs membres de la coalition disposent de groupes armés mais la plupart sont cantonnés à des activités de propagande en Erythrée.

Les observateurs demeurent sceptiques quant à la pérennité de cette coalition, minée depuis sa formation en 1999 par des rivalités entre ses membres issus de neuf groupes ethniques différents.

Les autorités d’Asmara dénoncent régulièrement l’absence de légitimité de ces mouvements, décrits comme des marionnettes du régime éthiopien, leur voisin et ennemi juré.

Les relations entre l’Ethiopie et l’Erythrée, qu’une guerre frontalière a opposées de 1988 à 2000, faisant au moins 80.000 morts, sont très tendues et les deux pays ont multiplié récemment les déclarations belliqueuses