08/04/09 (B493) Le journal de la Flibuste. Les pirates ne désarment pas et ils reconstituent leur stock, en se moquant de l’armada internationale qui est impuissante à surveiller un territoire aussi vaste et qui doit ravitailler ses navires ou effectuer des permutations entre les unités. (4 articles en Français)
________________________ 4 – Le Monde
Piraterie : des attaques en hausse de 200 %
Samedi 4 avril, des pirates ont capturé, au large des côtes de Somalie, le Tanit, un voilier français de 12,5 mètres, avec à son bord deux couples et un enfant, qui faisait route vers l’île de Zanzibar. Une prise de plus dans cette zone devenue l’une des plus dangereuses au monde, en dépit du déploiement d’importantes forces navales. Selon les chiffres du Bureau maritime international, 130 navires y ont été attaqués en 2008, soit une hausse de 200 % par rapport à 2007.
Il y a dix ans, les capitaines de marine marchande craignaient surtout la mer de Chine ou le golfe du Bengale. L’Asie du Sud, où transitent près de 80 % du commerce mondial, reste une région à haut risque, mais la signature, en 2004, d’un "Accord de coopération régionale pour combattre la piraterie et les attaques armées contre les navires" a permis de mieux sécuriser le détroit de Malacca. L’aide internationale au gouvernement indonésien s’est traduite notamment par la fourniture de vedettes rapides par le Japon et de radars par les Etats-Unis.
Autre zone surveillée de près : le golfe de Guinée, où les impératifs de protection des approvisionnements en pétrole ont conduit les Etats-Unis à déployer largement leur marine, et la France à réfléchir, notamment avec les autorités camerounaises, à un plan de sécurité maritime.
Marie-Béatrice Baudet
________________________ 3 – AFP
Les pirates somaliens frappent de nouveau et capturent 20 Américains
Les pirates somaliens ont frappé mercredi pour la sixième fois en cinq jours, capturant dans l’océan Indien un navire danois sous pavillon américain avec 20 Américains à bord et exposant l’impuissance de la communauté internationale à protéger le trafic maritime dans cette zone.
"Un navire danois battant pavillon américain a été attaqué ce matin à 240 milles nautiques au sud-est de la ville somalienne d’Eyl", a déclaré à l’AFP le lieutenant Nathan Schaeffer, porte-parole de la Ve Flotte américaine basée à Bahreïn, précisant qu’il s’agissait d’un "navire commercial".
L’armateur danois Maersk a ensuite confirmé qu’un des ses bateaux, le "Maersk Alabama", un navire de sa filiale américaine Maersk Line, avait été attaqué par des pirates et indiqué que 20 Américains se trouvaient à bord.
"Ce matin, vers 05H00 GMT, le Maersk Alabama, un porte-conteneurs, a été attaqué par des pirates et probablement capturé. Le navire, sous pavillon américain, a un équipage de 20 Américains", affirme l’armateur dans un communiqué.
L’attaque a eu lieu à environ 500 kilomètres des côtes somaliennes, alors que le navire faisait route vers le port kenyan de Mombasa, précise Maersk.
Cinq bateaux — français, britannique, taïwanais, allemand et yéménite — ont été capturés depuis samedi dans l’océan Indien, à des centaines de kilomètres de la Somalie, et dans le Golfe d’Aden par des pirates somaliens.
Ces pirates ne cessent d’étendre leur rayon d’action et de narguer les navires de guerre déployés dans la région par les grandes puissances, à commencer par les Etats-Unis et les pays européens, mais aussi la Chine.
Mardi, la Ve Flotte a appelé les armateurs à renforcer leurs mesures de protection en haute mer après cette recrudescence d’attaques.
Elle a ainsi souligné que "plusieurs attaques récentes ont eu lieu à des centaines de milles des côtes de la Somalie" et averti que "les navires marchands (devraient) être plus vigilants en opérant dans ces eaux".
"En dépit du renforcement de la présence navale dans la région, il est peu probable que les bâtiments maritimes et l’aviation soient assez proches pour venir en aide à des navires au moment d’une attaque", poursuivait le message de la Combined Task Force (CTF) 151, la force maritime multinationale créée en janvier par l’US Navy.
Les pirates somaliens ont attaqué plus de 130 navires marchands au large de la Somalie l’an dernier, une hausse de plus de 200% par rapport à 2007, selon le Bureau maritime international.
Pour y faire face, de nombreux pays ont dépêché des navires de guerre au large de la Somalie, en proie à la guerre civile et au chaos depuis 1991.
Mais les pays participant à cette force n’ont pas la même attitude vis-à-vis des pirates.
Si la France a pourchassé, arrêté et poursuivi en justice des pirates somaliens, les Américains semblent hésiter à le faire.
La marine américaine a ainsi relâché le 20 mars, faute de preuves irréfutables, six pirates présumés après une tentative d’attaque. Elle a pourtant indiqué avoir vu les six hommes "jeter des objets à la mer mer" avant leur arrestation, ce qui laisse penser qu’ils s’étaient débarrassés de leurs armes.
La recrudescence des captures ces derniers jours amène à se demander si la communauté internationale ne devra pas avoir recours à d’autres moyens pour neutraliser la menace que ces pirates représentent pour le commerce maritime.
Mardi, le ministre de la Sécurité de la région autoproclamée du Puntland (nord-est de la Somalie), Abdullahi Saïd Samatar, a appelé la communauté internationale à aider, à terre, les autorités locales à lutter contre la piraterie, estimant insuffisants les efforts des seules marines de guerre.
________________________ 2 – EuroInvestor (avec Reuters)
Un porte-conteneurs danois capturé au large de la Somalie
Les pirates somaliens ont capturé mercredi un porte-conteneurs danois, ont annoncé les autorités de surveillance maritime dans la région.
Le navire de 17.000 tonnes, exploité par les Etats-Unis, a été détourné à 400 milles au large de Mogadiscio, a précisé Andrew Mwangura, responsable du Programme d’assistance aux navigateurs en Afrique de l’Est, basé à Mombasa, au Kenya.
bureau de Nairobi,
version française Jean-Stéphane Brosse
________________________ 1 – Ouest Bateaux (Ouest-France)
Face aux pirates, davantage de moyens
L’opération anti-pirates de l’Union européenne est confrontée à une recrudescence des attaques navales.
Les pirates ont joué de chance ce week-end. Alors que la plupart des moyens européens de l’opération anti-pirates Atalanta étaient à quai à Djibouti, les uns pour réparation ou réapprovisionnement, les autres pour la relève entre les commandements et les équipages, ils ont pu s’emparer de cinq bateaux de commerce ou de plaisance, dont le voilier breton Tanit, attaqué « extrêmement loin des côtes », selon Bernard Kouchner.
Cette série d’incidents survient alors que, selon un premier bilan réalisé par les responsables d’Atalanta, le nombre d’attaques réussies a sensiblement diminué. Alors qu’en 2008, un abordage sur trois se traduisait par une capture, le taux de « réussite », est tombé à un sur cinq ou six.
La récente recrudescence des attaques « préoccupe » le contre-amiral Labonne, numéro 2 de l’opération Atalanta. « Cela nous conforte dans l’idée qu’il faut réadapter le dispositif en redéployant certains moyens vers l’océan Indien. Mais l’équation est délicate. Il ne s’agit pas de baisser la garde dans le golfe d’Aden ».
Le vaisseau amiral de la flotte européenne, la frégate espagnole Numancia, se rendra dans la zone et un avion français Falcon va être basé aux Seychelles pour une semaine.
Mais cela ne suffit pas. Atalanta vient aussi de demander aux États membres de fournir davantage de moyens aériens pour surveiller une zone aussi vaste que deux ou trois fois la Méditerranée. En attendant, les militaires européens déconseillent formellement à tout plaisancier de s’aventurer entre le Yémen, le Kenya et les Seychelles. « Le voilier de plaisance est une cible de choix, par ses caractéristiques (lenteur, bord abaissé…) qui facilite l’attaque, explique Labonne.
Et aussi parce qu’un bateau de plaisance symbolise pour les pirates, sinon le luxe, du moins l’assurance qu’il y aura quelqu’un pour verser une rançon, même si ce n’est pas toujours la réalité ».
Ouest-France,
Nicolas GROS-VERHEYDE.