19/05/09 (B499) Le journal de la Flibuste … Les pirates se seraient équipés avec des missiles Stinger, qui semblent hors de portée de pauves pêcheurs, tant pour l’investissement que pour la manipualtion. (2 articles en Français)
___________________________ 2 – Le Monde
Osman M. F., pêcheur somalien devenu pirate "parce que la mer est vide"
Il y a deux sortes de pirates pour Osman M.F. : "Les professionnels et ceux qui les aident pour un peu d’argent", explique ce Somalien âgé de 30 ans à la police néerlandaise. Il existe aussi, aurait-il pu ajouter, une troisième catégorie, la sienne, celles des apprentis pirates malchanceux. L’horizon d’Osman M.F. s’arrête désormais aux miradors de Krimpen, une prison des Pays-Bas. Il sera bientôt jugé par une cour de Rotterdam aux côtés de quatre autres pirates. Loin, très loin de Ras Assair, "le point le plus au nord de la Somalie", d’où, pour la dernière fois, il a largué les amarres le 1er janvier.
L’UE envisage d’étendre l’opération "Atalante"Les ministres européens de la défense ont examiné, lundi 18 mai à Bruxelles, la question du renforcement et d’une extension de la mission "Atalante" luttant contre la piraterie au large de la Somalie. La France et l’Allemagne avaient plaidé pour un élargissement jusqu’aux Seychelles de la zone d’action de l’opération navale. Les pirates ont attaqué 61 bateaux au premier trimestre 2009 et ont étendu leur rayon d’action. Les Vingt-Sept seraient "unanimes", mais se sont limités, à ce stade, à "évaluer" la mission, qui serait, selon eux, un succès. La flottille de l’UE compte douze navires appuyés par deux avions de patrouille et mobilise six pays, dont la France. L’OTAN compte, pour l’instant, un groupe de cinq frégates dans la zone.
Son aventure avait commencé au village de Bulo Hayo, près de Kismayo (Sud). Avec d’autres hommes, il achète l’équipement du parfait pirate : une embarcation et des armes. "Il y a une organisation qui donne gratuitement des bateaux aux gens. Je crois que ça s’appelle l’Unicef. Nous avons acheté 800 dollars un bateau à des gens qui l’avaient reçu de l’Unicef", dit-il.
A bord, les hommes embarquent un AK47, un fusil d’assaut HKG3, un fusil automatique léger (FAL) et un lance-roquettes acquis "sur le marché pour 1 300 dollars". "Sayyed a reçu de l’argent de son père, qui avait de la terre. Moi aussi, j’ai vendu de la terre." Lestés de 300 litres d’essence, de biscuits, de cigarettes, "de 20 litres d’eau et de quelques dattes", les cinq pirates mettent le cap au nord-est.
Direction le Yémen, "en nous orientant avec les étoiles, car nous sommes des nomades". "Sur la radio BBC en somali, nous avons entendu qu’il fallait naviguer en direction du Yémen et que nous aurions de fortes chances de rencontrer des bateaux." A bord, "Sayyed barrait le bateau et nous tenions les armes à tour de rôle".
Quatorze jours plus tard, l’équipée tombe sur le Samanyulo, cargo battant pavillon des Antilles néerlandaises, conduit par un équipage turc. Et l’attaque tourne mal. Osman M.F. raconte sa version des faits. Accusé d’avoir conduit l’attaque, il affirme, dans le procès-verbal de son audition, avoir agi en état de légitime défense… A court de nourriture et poussé par un moteur toussotant, les pirates sont accueillis par l’équipage du Samanyulo à coups de cocktails Molotov. Touchée, l’embarcation rejoint les fortunes de mer.
Les cinq hommes sont repêchés peu après, à 160 milles (296 km) au nord-est des côtes somaliennes, par l’Absalon, une frégate de la marine danoise appartenant à la CFT 150, une coalition de lutte contre le terrorisme en mer, qui, croisant dans les environs, avait répondu à l’appel de détresse du Samanyulo.
A la demande de La Haye, les cinq hommes sont envoyés aux Pays-Bas pour y être jugés. Si l’expédition n’avait pas échoué, Osman M.F. aurait conduit les "négociations". "Je devais aller à bord du navire et m’occuper des contacts entre les otages et notre groupe." Osman, illettré et ne parlant que somali – "Je peux poser des questions en faisant des gestes" -, avait embarqué un "traducteur".
"JE NE SUIS PAS UN CRIMINEL"
Face à la justice néerlandaise, il reconnaît en partie ses torts. "Je sais que (la piraterie) est criminelle, mais quand on a faim, pas de travail et qu’il y a une guerre depuis très longtemps dans le pays, alors tu cours le risque", se justifie-t-il. Puis il avance un argument bien fragile : "L’attaque sur le navire s’est faite à partir du territoire somalien, il n’y a pas de loi en Somalie, je ne suis donc pas un criminel." Ni loi "ni police", précise-t-il.
Mais ce qui est vrai en Somalie ne l’est pas ailleurs. D’autant que la communauté internationale a commencé à réagir face à la multiplication des actes de pirateries (plus d’une centaine d’attaques enregistrées depuis janvier dans le golfe d’Aden, selon l’Organisation maritime internationale). En 2008, les Nations unies ont obtenu de Mogadiscio l’autorisation de réprimer la piraterie dans les eaux territoriales somaliennes.
Loin de ces finesses juridiques, Osman a d’autres préoccupations. Il s’inquiète pour sa femme et son fils de 6 ans, dont il reçoit des nouvelles par l’intermédiaire d’une organisation de la diaspora somalienne aux Pays-Bas. "Si l’épicier n’est pas payé, ma femme n’aura rien à manger", se plaint-il.
Avant la piraterie, Osman était pêcheur. "Si les compagnies de pêche occidentales n’avaient pas massivement pillé les fonds marins, il ne serait pas devenu pirate", défend son avocat, Haroon Raza. Depuis Kismayo, Osman embarquait "sur les bateaux des autres", et la plupart du temps, "recevait sa part de la recette". Cent cinquante dollars par an, "c’est très peu pour la Somalie", commente-t-il.
En 2008, la piraterie a rapporté des dizaines de millions de dollars aux pirates somaliens. Osman résume sa conversion en quelques mots : "Je suis pêcheur… Enfin, plus maintenant. La mer est vide."
Stéphanie Maupas
___________________________ 1 – Portail des sous-marins
Les pirates somaliens disposeraient de missiles Stinger
Un destroyer sud-coréen participant à la lutte contre la piraterie au large de la Somalie a été placé en alerte après avoir été informé que des pirates somaliens pourraient tenter d’attaquer son hélicoptère à l’aide de missiles anti-aériens, selon des sources de la marine et des renseignements sud-coréens.
Le National Intelligence Service et le Defense Security Command ont récemment transmis au Cheonghae des informations classifiées indiquant que les pirates somaliens semblaient avoir acquis des missiles Stinger auprès d’al-Qaeda, indiquent les sources.
Le missile Stinger est un missile anti-aérien portable à guidage infra-rouge développé par les Etats-Unis et mis en service en 1981. Cette arme lancée à l’épaule a à ce jour abattu 270 aéronefs. Le missile peut toucher des cibles volant à 3.500 m et Mach 2. Il a une portée de 8 km.
“Le Cheonghae a été mis en alerte puisque son hélicoptère Lynx n’a pas un seul système de protection contre les missiles anti-aériens comme le Stinger”, a déclaré au Korea Times une source désirant rester anonyme.
Un porte-parole militaire à Séoul a indiqué qu’il n’y avait aucun renseignement confirmé indiquant que les pirates somaliens aient obtenus des missiles Stinger, citant des sources américains à Bahrein et les attachés militaires sud-coréens des ambassades du Moyen-Orient.
“Nous savons que des insurgés somaliens ont des missiles Stinger, mais les pirates n’en ont pas pour le moment, pour autant que nous le sachions”, a indiqué le porte-parole. “Cependant, nous allons prendre les mesures nécessaires pour faire échec à des possibles attaques des hélicoptères par les pirates, y compris en effectuant des modifications du matériel.”
Selon une source militaire, la marine sud-coréenne veut équiper ses hélicoptères Lynx de systèmes de protection contre les missiles, comme des leurres et des avertisseurs radar.
Elle a précisé que le constructeur de l’hélicoptère s’est déclaré prêt à effectuer les modifications immédiatement, même à Djibouti, où sont basés les sud-coréens, si c’est nécessaire.
“Si cette information est exacte, il est assez urgent de prendre des mesures pour éviter que notre personnel soit tué par une éventuelle attaque anti-aérienne”, a expliqué l’expert. “Nous ne pouvons exclure la possibilité qu’un Lynx soit abattu, une situation similaire à un incident où des hélicoptères américains Black Hack avaient été abattus par des insurgés somaliens au début des années 90”