10/06/09 (B502) Le journal de la Flibuste …. (5 articles en Français)

______________________ 5 – France 24

Réunion anti-piraterie à Rome

Le groupe de contact sur la Somalie et sur la lutte anti-piraterie se réunit en Italie, mardi et mercredi. Objectif : trouver un moyen d’aider Mogadiscio à rétablir l’ordre sur son territoire, déchiré par une guerre civile depuis 17 ans. Mercredi 10 juin 2009

Par Marie Sophie JOUBERT

Le groupe de contact sur la Somalie et sur la lutte anti-piraterie se réunit, depuis hier, au ministère italien des Affaires étrangères, à Rome. Objectif de ce sommet : trouver "une solution s’attaquant aux racines de la piraterie" au large de la Corne de l’Afrique, explique le ministre italien des Affaires étrangères, Franco Frattini, pour qui les causes profondes du problème "viennent des crises politique, économique et sociale que traverse ce territoire".

Quinzième du nom depuis la création du groupe de contact en 2005, la réunion, à laquelle une quarantaine de personnes participent – dont le représentant spécial de l’ONU en Somalie, Ahmedou Ould Abdallah, et le Premier ministre somalien Omar Abdirashid Ali Sharmarke -, cherche un moyen d’aider le gouvernement de Mogadiscio, incapable de restaurer l’ordre dans son pays déchiré par une guerre civile depuis 1991.

Elle a notamment proposé de "créer une unité de garde-côtes le long de la côte somalienne" et réaffirmé "la nécessité de favoriser le développement du pays sur le long terme en aidant à la création d’emplois et au respect de l’État de droit", raconte Alexis Masciarelli, correspondant de FRANCE 24 à Rome.

La Somalie, "une priorité pour Al-Qaïda"

Côtés somalien, les attentes en la matière sont grandes. Depuis le 7 mai, les extrémistes islamistes des Shebab ont lancé une offensive sans précédent – elle a déjà fait plus d’une centaine de morts, en majorité des civils – pour chasser du pouvoir le président Sharif Cheikh Ahmed, un islamiste modéré élu à la fin du mois de janvier.

Ce dernier, qui devait assister à la réunion de mercredi, a finalement dû y renoncer à cause de la situation à Mogadiscio, où les forces gouvernementales ont lancé une contre-offensive sur les positions des insurgés islamistes.

Dans le pays, la situation s’est encore dégradée ces dernières semaines. Les Shebab contrôlent la totalité du sud et la quasi-totalité du centre de la Somalie. Ils se sont notamment emparés de la ville stratégique de Jowhar, à 90 km au nord de Mogadiscio, fief du président. Quant à la capitale, elle est quotidiennement le théâtre d’attaques au mortier.

Interviewé lundi par le quotidien italien Il Sole 24 Ore, Sharif Cheikh Ahmed affirme que son pays est devenu une "zone stratégique" et "une priorité" pour Al-Qaïda. Il ajoute que le gouvernement italien a "le devoir de faire tout ce qu’il peut pour aider" la Somalie. "L’Europe agit, elle s’est engagée à nous aider, mais nous voulons que l’Italie devienne notre pont vers l’Europe", a-t-il conclu.

Lors d’une conférence des donateurs réunis à Bruxelles, le 23 avril, la communauté internationale a effectivement promis de consacrer 213 millions de dollars au soutien de la Mission de maintien de la paix de l’Union africaine en Somalie (Amisom) et à la constitution d’une force de police somalienne. Plus de la moitié de la somme sera fournie par l’Union européenne.

_____________________ 4 – AFP

Piraterie en Somalie: appel à s’attaquer à ses racines "à terre"

Le Groupe de contact international sur la Somalie (GCI) a appelé mercredi à Rome à combattre la piraterie maritime au large de la Corne de l’Afrique en "s’attaquant d’abord à ses racines" que sont la pauvreté de la Somalie et la faiblesse de son gouvernement.

"Nous sommes tous d’accord pour estimer que les racines de la piraterie sont à rechercher sur la terre: dans la pauvreté, l’absence de contrôles et le manque d’un gouvernement capable de contrôler la situation" a indiqué le président du GCI, le mauritanien Ahmedou Ould-Abdallah, au cours d’une conférence de presse clôturant deux jours de travaux.

Dans son communiqué final le groupe appelle à engager des "actions pour s’attaquer aux racines de la piraterie, c’est à dire la crise politique, sociale et celle de la sécurité en Somalie".

M.Ould-Abdallah a salué "le rôle positif de la présence maritime internationale" au large de la Corne de l’Afrique même si les pirates retiennent actuellement 14 navires et plus de deux cents hommes d’équipage.

Une flottille internationale d’au moins 20 navires de guerre patrouillent désormais en permanence au large des côtes somaliennes pour protéger les routes maritimes.

La Somalie était représentée à ces discussions par son Premier ministre, Omar Abdirashid Sharmarke, en l’absence du président Sharif Sheikh Ahmed retenu à Mogadiscio pour repousser la dernière en date des offensives anti-gouvernementales lancées contre la capitale.

La déclaration finale condamne "les récentes attaques par des extrémistes armés pour renverser le gouvernement constitutionnel, légitime et internationalement reconnu de la Somalie".

"Cette situation dure depuis vingt ans… si vous voulez arriver au pouvoir il faut le faire par la négociation entre Somaliens, pas par la force", a ajouté M.Ould-Abdallah.

L’Italie, ancienne puissance coloniale, a l’intention d’être le premier pays à rouvrir prochainement son ambassade en Somalie, a-t-il révélé estimant qu’il s’agissait "d’un signal fort envers les autres pays européens et occidentaux pour qu’ils reviennent en Somalie".

Vingt-cinq pays étaient représentées à la réunion en même temps que l’Union africaine, la Commission européenne, la Ligue arabe, l’Organisation de la Conférence islamique, les Nations-Unies et la Banque mondiale.
 

_____________________ 3 – Ria Novosti (Russie)

Piraterie en Somalie: Mouammar Kadhafi prépare un projet d’accord international

Le leader de la révolution libyenne Mouammar Kadhafi, en visite officielle en Italie, a annoncé mercredi son intention de présenter un projet d’accord international appelé à régler le problème de la piraterie en Somalie, rapporte l’agence italienne Apcom.

"J’ai présenté le projet à mon ami, le président italien Giorgio Napolitano, je le présente à mes amis italiens, à l’UE et au monde entier à l’Assemblée générale de l’ONU", a indiqué M.Kadhafi devant les journalistes.

M.Kadhafi propose de "respecter les eaux économiques somaliennes" en contrepartie "à l’arrêt de la piraterie au large de ce pays".

L’État somalien, divisé entre différentes factions hostiles depuis 1991, est incapable de régler le problème de la piraterie. Selon l’ONU, plus de 120 attaques de pirates contre des cargos ont été enregistrées au large de la Corne de l’Afrique en 2008. Les pirates retiennent quelque 270 marins et deux dizaines de navires. Une coalition des forces navales de 16 pays lutte contre les pirates somaliens.

_________________ 2 – Courrier international avec The Guardian

L’homme qui murmurait à l’oreille des pirates

C’est un numéro de téléphone griffonné dans la cabine d’un capitaine de navire, un nom dans la tête d’un pirate somalien, une voix qui rassure les proches d’un marin pris en otage. Son gouvernement veut le mettre derrière les barreaux. Certains étrangers, eux, se bousculent pour lui serrer la main. Il est, pour reprendre un gros titre, “l’homme qui murmure à l’oreille des pirates”, et son histoire pourrait bientôt être connue dans le monde entier. “Alors comme ça, tu vas à Hollywood ?” lance un vigile à Andrew Mwangura, de passage dans sa ville natale de Mombasa [la deuxième ville du Kenya].

En fait, c’est plutôt ­Holly­wood qui vient à Mwangura. Ce dernier, qui dirige le Programme d’aide aux marins en Afrique de l’Est, une association à but non lucratif, est devenu ces dernières années un personnage incontournable pour résoudre les affaires d’enlèvement au large des côtes somaliennes. L’acteur américain Samuel L. Jackson s’est associé au producteur et réalisateur Andras Hamori pour acheter les droits de l’histoire de Mwangura, dans le but de tourner un nouveau film d’action sur la piraterie en Somalie.

Jackson devrait justement incarner Mwangura. Le Kényan, âgé de 47 ans, vit dans une maison de deux pièces sans eau courante ni électricité, à l’extérieur de Mombasa. A court d’argent, il craint pour sa vie. De sa voix douce, il explique qu’il a reçu depuis peu des menaces de mort. C’est dans sa poche que se trouve son bureau, sous la forme de quatre téléphones portables qui sonnent presque constamment.

“Ce film, ce sera un grand honneur pour tous les marins du monde”, déclare Mwangura, qui n’a jamais vu un seul film de Jackson mais reconnaît que l’acteur lui ressemble vaguement. “J’espère qu’il dira la vérité sur la piraterie en Somalie.” Une histoire qu’il connaît particulièrement bien. Ancien marin, il a passé vingt ans à aider des collègues sous-payés, exploités, qui connaissent des difficultés en mer. Et, bien souvent, les ­difficultés en question sont liées à la Somalie.

Dès le début des années 1990, alors que le pays sombrait dans le chaos, Mwangura a commencé à ­obtenir des informations sur des navires étrangers arraisonnés au large du ­littoral somalien. Au début, il a condamné publiquement ces attaques. Puis, un jour, un preneur d’otages somalien l’a appelé après avoir trouvé son numéro d’urgence à bord d’un bateau qu’il venait de capturer. “Il m’a dit : ‘Ce n’est pas nous, les pirates. C’est vous, les marins et les propriétaires des navires étrangers qui opérez illégalement dans nos eaux, qui êtes les pirates’.”

L’homme a envoyé à Mwangura des photographies et des listes de bateaux qui pillaient les réserves de poissons de Somalie, parfois à 5 milles nautiques de la côte, et qui endommageaient les bateaux et les équipements de pêche locaux. “J’ai compris que ces Somaliens se défendaient, qu’ils n’étaient pas des pirates, explique Mwangura. Ils avaient tort d’agir comme ils le faisaient, mais pêcher et dégazer illégalement, c’est mal aussi.” Plus la Somalie s’est enfoncée dans l’anarchie, plus la nature défensive des attaques s’est muée en délinquance pure et simple, mettant en danger la vie de milliers d’hommes d’équipage. “Les gens sont devenus trop gourmands, poursuit Mwangura.

Les mafiosos somaliens ont compris que la prise d’otages était un bon moyen de gagner de l’argent. Ils se sont modernisés, se sont mis à utiliser des radios et des téléphones par satellite.” Et, soudain, les portables de Mwangura ont commencé à sonner jour et nuit, et il s’est retrouvé en liaison avec des gens qui recherchaient des informations ou qui en transmettaient. “Les messages viennent de Somalie, de marins et de leurs proches, d’armateurs qui ont perdu le contact avec un bateau, ou de missions diplomatiques. Ce n’est pas toujours direct. Le message peut partir de Somalie, passer par l’Inde et Londres avant de m’arriver, mais il finit toujours par me parvenir.”

“J’essaie de les attendrir, je leur dis : ‘Je suis avec vous’”

A son tour, Mwangura s’empresse de relayer les informations à ses contacts – par SMS, pour économiser le coût des appels. Une fois qu’il a des éléments solides, il les transmet aussitôt à des journalistes. C’est sa façon de communiquer avec les familles des otages, assure-t-il. “Nous ne savons pas exactement comment Andrew obtient ses informations. Pour nous, ça reste flou. Mais la plupart du temps, elles sont très précises”, constate Cyrus Modi, responsable du Bureau maritime international de Londres. “Il fait vraiment tout pour défendre les intérêts des marins.” Tout faire, cela revient souvent à parler avec les pirates, ou du moins avec les chefs de clan qui sont les premiers contacts des sept grandes bandes de pirates en Somalie. Surtout quand les négociations entre armateur et ravisseurs sont au point mort.

“J’essaie de les attendrir, je leur dis : ‘Je suis avec vous, s’il vous plaît, laissez-nous envoyer quelques vivres à l’équipage, et nous pourrons rapidement parvenir à une solution.’ C’est de la gestion de conflits, il faut amener les gens à déposer les armes et à discuter.” A Mombasa, les efforts de Mwangura en faveur des marins sont visiblement appréciés. Les commerçants lui offrent des rabais, les clients le laissent passer dans les queues. Les autorités, en revanche, se montrent nettement moins enthousiastes. En septembre 2008, le MV Faïna, navire ukrainien qui transportait 33 chars de l’époque soviétique, a été détourné alors qu’il se rendait à Mombasa. Mwangura avait déjà vu passer ce genre de chargement dans le port : les blindés étaient en partance pour le sud du Soudan, dans le cadre d’un accord secret avec le gouvernement kényan. C’est ce qu’il pense, et les diplomates étrangers partagent son avis.

Quand Mwangura a annoncé que la cargaison interceptée était destinée au Soudan, et non au Kenya comme l’affirmait le gouvernement, il a été arrêté et accusé de déclarations alarmistes susceptibles de menacer la sécurité nationale, et de détention de marijuana, ce qu’il nie fermement. Il a passé neuf jours derrière les barreaux avant de pouvoir payer sa caution. Parmi ses camarades de cellule se trouvaient plusieurs pirates somaliens jugés dans des tribunaux kényans. “Ils avaient entendu parler de moi, ils sont venus voir quelle sorte d’homme j’étais. Ils m’ont dit : ‘On croyait que tu étais contre les pirates, et maintenant, tu te trouves avec nous. C’est de la folie !’”

Grâce au projet de film, Mwangura qui a travaillé pendant des années comme consultant maritime à temps partiel pour joindre les deux bouts, pourrait enfin réaliser des profits substantiels. “J’en ai fait l’expérience, et je peux vous dire que c’est un sacré négociateur”, commente Hammon, qui s’est rendu à Mombasa en début d’année pour débattre des droits au nom de sa société, H2O Motion Pictures.

____________________________ 1 – Casafree avec XINHUA

Piraterie maritime en Somalie : La marine américaine remet 17 pirates somaliens au Kenya

La marine américaine a remis 17 pirates somaliens aux autorités kenyanes mercredi dans un contexte d’intensification des patrouilles navales par les bateaux de guerre étrangers au large des côtes somaliennes.

Avec la remise des suspects, qui étaient à bord du bateau Gettysburg de la Marine américaine, le nombre total de pirates somaliens transférés aux autorités kenyanes a augmenté à 24 depuis lundi.

Sept suspects, dont un garçon de 14 ans, ont été transférés par avion à Mombasa lundi en provenance de Djibouti par la Marine suédoise et jugés mardi au Tribunal de Malindi. Les 17 personnes seront aussi jugées à Malindi.

Tous les futurs suspects remis à la police répondront désormais de leurs chefs d’accusation à Malindi parce que les tribunaux à Mombasa –où neuf de ces cas se déroulent –sont surchargés, d’après Sebson Wandera, chef provincial des opérations chargé des enquêtes.

"En raison du nombre élevé des suspects en jugement à Mombasa, nous transférerons les procès à Malindi et si nécessaire vers les autres villes comme Voi," a indiqué Wandera, ajoutant que les 17 pirates–le nombre le plus élevé remis par la marine américaine — seraient jugés jeudi.

Le transfert de ces suspects porte le nombre de ceux en jugement dans le pays à près de 100, avec 10 autres qui purgent une peine d’emprisonnement de sept ans après l’annulation de leur appel par la Haute Cour le mois dernier.

Les suspects ont été arrêtés dans le golfe d’Aden le 13 mai alors qu’ils tentaient d’aborder un navire commercial, le MV Amira, qui était à destination d’Alexandrie en Egypte.

"Nous détenons six fusils AK47, un pistolet, des couteaux et 300 munitions comme pièce à conviction. Le navire et le skiff utilisés pour poursuivre le bateau ont été laissés au Yémen," d’après Wandera.

Wandera a indiqué que le tribunal décidera du sort du jeune suspect de 14 ans, une fois que son âge est certifié par un médecin.

Les présumés pirates en jugement à Mombasa sont devenus un problème pour les autorités pénitentiaires, avec 18 en détention à la prison Shimo La Tewa qui se sont présentés à la barre cette semaine, affirmant qu’ils étaient en grève de la faim.

Les pirates ont continué d’attaquer les bateaux commerciaux dans l’océan Indien au large des eaux somaliennes en dépit de la présence des marines déployées par la communauté internationale.