21/06/09 (B504) Nouvelles de Somalie … La résistance islamique réagit à l’appel que le Gouvernement somalien a lancé à ses voisins pour qu’ils se portent militairement à son secours (cet appel étant particulièrement destiné à légitimer une intervention éthiopienne) (3 articles en Français)

_________________ 3 – Le Point avec REUTERS

Al Chaabab ne craint pas une intervention étrangère en Somalie

Les combattants islamistes somaliens du mouvement Al Chaabab jurent de « lutter jusqu’au dernier » contre toute force étrangère qui viendrait au secours du gouvernement de Mogadiscio.

Samedi, le président du parlement somalien, Cheikh Aden Mohamed Madobe, a demandé l’aide militaire des pays voisins, comme Djibouti, le Kenya et l’Ethiopie, face à l’insurrection islamiste qui a marqué des points ces dernières semaines.

« Nous disons à nos ennemis que nous ne craignons pas une invasion étrangère. Nous avons forcé cette année l’Ethiopie à se retirer de Somalie et c’est le sort qui attend quiconque voudrait intervenir », a dit lors d’une conférence de presse Cheikh Ali Mohamud Rage, l’un des chefs du mouvement Chaabab (Jeunesse).

« Nous, les jeunes moudjahidine de Somalie, nous combattrons jusqu’au dernier les soldats (étrangers) qui viendraient ici pour aider le gouvernement. L’appel (lancé hier par Madobe) prouve que ce gouvernement mis en place par l’ennemi a totalement échoué », a-t-il ajouté.

Vendredi, le Kenya a prévenu qu’il ne resterait pas les bras croisés et ne permettrait pas une nouvelle détérioration de la situation en Somalie, son voisin du Nord, en raison des risques de déstabilisation de l’ensemble de la région.

Nairobi, d’autres capitales d’Afrique de l’Est ainsi que les chancelleries occidentales redoutent qu’une poursuite de l’anarchie n’incite des groupes radicaux liés à la nébuleuse Al Qaïda à gagner du terrain et à menacer la stabilité des voisins de la Somalie.

Selon le Kenya, l’Union africaine est prête à renforcer son contingent de 4.300 soldats censés maintenir la paix, baptisé Amisom, et à consolider l’action de la police somalienne.

Les combats qui ont éclaté le 7 mai à Mogadiscio et fait quelque 300 victimes sont les plus acharnés depuis plusieurs années et les analystes estiment que les chances de règlement négocié s’éloignent de plus en plus.

En 2006, Addis-Abeba était intervenu militairement en Somalie pour soutenir le gouvernement de Mogadiscio contre les islamistes. Le corps expéditionnaire éthiopien s’était retiré au début de l’année mais des habitants cités par certains médias somaliens affirment que des soldats éthiopiens ont repassé la frontière.

Version française
Jean-Loup Fiévet et Guy Kerivel

________________ 2 – Radio Canada avec AFP, REUTERS et BBC

Dure mise en garde des islamistes

Les islamistes radicaux ont mis en garde les pays frontaliers qui seraient tentés de répondre à l’appel à l’aide du gouvernement somalien.

« Si vous voulez que vos soldats reviennent dans un cercueil, alors envoyez-les sur notre sol […] Nos chiens et nos chats s’amuseront à dépecer les corps de vos soldats si vous tentez de répondre à l’appel de ces marionnettes », a fait savoir leur porte-parole, lors d’un point de presse tenu à Mogadiscio.

Le gouvernement de transition en a appelé indistinctement samedi au Kenya, à l’Éthiopie à Djibouti et au Yémen pour l’aider à repousser l’offensive lancée le 7 mai dernier par les shebab et la milice Hezb al-Islamiya contre la capitale somalienne.

La force de paix de l’Union africaine, déployée depuis mars à Mogadiscio, s’est jusqu’ici révélée incapable de s’interposer efficacement entre les belligérants.

Le président, un islamiste modéré, est retranché dans le palais présidentiel sous la protection des troupes de la force de l’Union africaine qui protègent également des lieux stratégiques de la capitale comme le port et l’aéroport.

Soucieux, mais hésitants

L’Éthiopie était intervenue fin 2006-début 2007 en Somalie pour soutenir le gouvernement et chasser les islamistes au pouvoir à Mogadiscio. Après un premier succès, Addis-Abeba n’a pu cependant empêcher les islamistes de retrouver l’essentiel de leur influence dans le sud et le centre du pays.

L’Éthiopie soutient ne pas avoir l’intention d’intervenir à nouveau. Pourtant, selon plusieurs témoins, des troupes éthiopiennes ont été déployées samedi dans la zone de Beledweyne, à 300 km au nord de la capitale.

Vendredi, le Kenya a prévenu qu’il ne resterait pas les bras croisés et ne permettrait pas une nouvelle détérioration de la situation en Somalie, son voisin du nord, en raison des risques de déstabilisation de l’ensemble de la région.

Entre l’islamisme et le chaos

La Somalie est en proie au chaos, divisée par des luttes claniques depuis le début des années 1990.

La situation s’est davantage envenimée avec la montée en puissance en 2006 d’une mouvance islamiste, l’Union des Tribunaux islamiques, d’où sont sortis les islamistes shebab.

Ils contrôlent l’essentiel du sud et du centre du pays, où ils font régner la Charia. Ces islamistes sont accusés par Washington d’entretenir des liens avec Al-Qaïda.

Le gouvernement transitoire en place depuis janvier ne contrôle que certains quartiers de la capitale et son influence est pour l’essentielle inexistante ailleurs dans le pays.

______________________________ 1 – AFP

Somalie: mise en garde des islamistes contre l’envoi de troupes des pays voisins

Les islamistes radicaux somaliens ont adressé dimanche une virulente mise en garde aux pays voisins de la Somalie si ceux-ci décidaient d’y envoyer des troupes, comme l’a réclamé samedi le gouvernement somalien aux abois.

« Nous adressons une mise en garde claire aux pays voisins; si vous voulez que vos soldats reviennent dans un cercueil, alors envoyez-les sur notre sol », a prévenu dimanche le porte-parole des shebab, Sheikh Ali Mohamoud Rage, lors d’un point de presse dans la capitale somalienne Mogadiscio.

« Nos chiens et nos chats s’amuseront à dépecer les corps de vos soldats si vous tentez de répondre à l’appel de ces marionnettes (ndlr: le gouvernement) », a-t-il renchéri.

Face à l’offensive de plus en plus intense des insurgés islamistes, le président du Parlement somalien a exhorté samedi les pays voisins à « déployer des troupes en Somalie dans les 24 heures », citant le Kenya, l’Ethiopie, Djibouti et le Yémen.

Depuis le 7 mai, les shebab et la milice Hezb al-Islamiya ont lancé une offensive sans précédent à Mogadiscio et ont juré de renverser le président Sheikh Sharif Ahmed, un islamiste modéré élu il y a cinq mois.

Les forces loyales au président mènent depuis le 22 mai une contre-offensive, mais qui se heurte à des revers.

Le gouvernement somalien a adopté samedi une déclaration prononçant l’état d’urgence dans le pays. L’entrée en vigueur de cet état d’urgence ne sera cependant effectif que si le président somalien l’approuve, ce qu’il n’avait toujours pas fait dimanche.

Une force de paix de l’Union africaine (Amisom) est déployée depuis mars 2007 essentiellement à Mogadiscio, mais souffre d’un manque criant d’effectifs (4.300 hommes déployés sur les 8.000 prévus).

Les shebab, à la tête de l’insurrection en Somalie, ont promis de se battre jusqu’au départ de M. Ahmed mais aussi des troupes de l’Amisom.

Ces derniers jours, trois hauts responsables ont été tués en Somalie dans une série d’attaques, dont le ministre de la Sécurité intérieure tué jeudi dans un spectaculaire attentat suicide dans la ville de Beledweyne (300 km au nord de Mogadiscio) revendiqué par les shebab.

Selon plusieurs témoins, des troupes éthiopiennes ont été déployées samedi dans la zone de Beledweyne.

Interrogé par l’AFP, le ministre de la Communication éthiopien, Bereket Simon, a toutefois assuré que l’Ethiopie n’interviendra pas en Somalie sans une « décision de la communauté internationale ».

L’Ethiopie était intervenue fin 2006-début 2007 en Somalie pour soutenir le gouvernement et chasser les islamistes du pouvoir à Mogadiscio.