31/08/10 (B567) Le Journal de la Flibuste – Départ d’un navire hôpital de la marine chinoise pour une mission médicale à l’étranger – Pirates somaliens en ligne de mire – une attaque de pirates déjouée dans le golfe d’Aden (3 articles)

__________________ 3 – Radio-Chine avec XINHUA

Départ d’un navire-hôpital de la marine chinoise pour une mission médicale à l’étranger

Le navire-hôpital de la marine chinoise "Arche de Paix", avec à son bord 428 soldats, officiers et membres de personnel médical, a levé l’ancre mardi pour le Golfe d’Aden pour sa première mission médicale à l’étranger.

Au cours de sa mission de 87 jours, ce navire va offrir des examens de santé, des soins médicaux et des consultations psychologiques aux soldats et officiers en mission dans le Golfe d’Aden.

En outre, il proposera ses services médicaux aux habitants et donnera des conseils sanitaires aux enfants dans cinq pays africains et asiatiques, à savoir Djibouti, le Kenya, la Tanzanie, les Seychelles et le Bangladesh.

Le personnel à bord du navire projette aussi d’organiser divers programmes d’échanges avec le personnel médical de l’armée dans les cinq pays.

Guan Bolin, officier de haut rang du département logistique de la marine chinoise, a déclaré que les membres du personnel médical à bord du navire étaient tous expérimentés et qu’ils avaient tous passé des tests stricts vérifiant leurs compétences médicales et leurs aptitudes en langue étrangère.

Ils appartiennent à plus de 30 spécialités, dont la médecine générale, la chirurgie, l’orthopédie et les maladies infectieuses, a précisé M. Guan.

_______________________ 2 – L’Express

Pirates somaliens en ligne de mire

Gilles RIBOUËT

Comme les flibustiers d’antan, les pirates somaliens agacent. Les routes maritimes de la région sont moins sûres, les économies insulaires en pâtissent. L’Etat veut être partie prenante du règlement de la question car l’enjeu est commercial et aussi géopolitique.

On ne la voit pas mais la piraterie a des conséquences locales. «Les primes d’assurance sont nettement plus élevées et certains armateurs refusent même de déployer leurs bateaux dans ce secteur. Nous devons payer des compensations aux équipages, assurer leur formation et la mise en place de mesures préventives continues. Les coûts associés au piratage sont considérables d’où l’Emergency Risk Surcharge en Afrique de l’Est et pour les îles de l’océan Indien», explique Ranjoy Neerohoo, directeur de Maersk Line (océan Indien). Ceci oblige les opérateurs à prendre de nouvelles mesures.

«Pour maintenir au maximum un service fi able et régulier, nous avons dû déployer un quatrième bateau sur notre service océan Indien, desservant principalement l’Europe, le Moyen Orient, l’Inde et l’Amérique du Nord. Ce même service vient d’être revu et nous avons décidé, à partir de septembre, d’avoir deux touchés à Salalah, Sultanat d’Oman, qui est notre port de transbordement sur cette route, en vue d’améliorer le transit de l’export tout en maintenant le même transit à l’import. Cela a nécessité de longues négociations avec le port de Salalah et a augmenté considérablement nos coûts portuaires», ajoute Ranjoy Neerohoo.

«Les bateaux sont contraints de s’écarter des côtes somaliennes, les opérateurs de lignes maritimes ont augmenté leurs tarifs et les assurances également. Il y a une piracy surcharge sur chaque container de 20 pieds. Toutes ces augmentations ont des répercussions sur le prix final proposé aux consommateurs. Et malgré l’annonce de l’intention des Etats de la région de régler ce problème, nous n’avons noté aucune amélioration», développe Julien Audibert, Country Manager de Freight & Transit Company Ltd. (FTL Mauritius).

Et pour cause, la piraterie est le symptôme d’un problème terrestre : l’absence d’Etat de droit en Somalie. La menace somalienne fait réagir l’hôtel du gouvernement. Jusque-là, l’enjeu, sans être minimisé, n’était pas pris à bras le corps. Voilà donc de quoi réchauffer une diplomatie mauricienne souvent tiède.

Le Premier ministre, lors du sommet de la Southern African Development Community (SADC), à Windhoek, en Namibie, a rappelé à ses pairs l’importance de lutter contre la piraterie.

En octobre, nous accueillerons une conférence régionale sur le sujet. Pour l’ancien diplomateVijay Makhan, l’implication mauricienne est un peu tardive mais elle a le mérite d’être forte, compte tenu de l’impact de la piraterie sur notre économie et surtout de l’extension de l’aire de chalandise des pirates. Ranjoy Neerohoo partage cet avis : «Les autorités locales et régionales ont mis trop de temps à réagir et agir de manière commune.

Ce n’est pas un problème rattaché uniquement aux Seychelles, à Madagascar ou Maurice, ou encore au Kenya et à la Tanzanie. C’est un problème régional qui nécessite une politique et des mesures convergentes. Nous accueillons favorablement les discours durant le 30e sommet de la SADC et espérons voir des actions concrètes au plus vite.»

Les opérateurs sont directement concernés, c’est pourquoi «Maersk Line et le groupe A.P. Moller-Maersk dans son ensemble maintiennent des relations très proches avec les autorités et les marines dans les régions affectées. Maersk Line participe aux travaux de groupes de l’Organisation des Nations unies (ONU) sur le piratage, échangeant au sujet des meilleures pratiques et soutenant les propositions qui cherchent la solution à long terme au problème d’assauts de piratage, comme une garde côtière régionale», explique, à titre d’exemple, Ranjoy Neerohoo.

Tout en étant ouvert «à toute proposition des autorités mauriciennes et autres», Ranjoy Neerohoo relève que «le problème de piratage ne peut être résolu par le groupe A.P. Moller-Maersk, Maersk Line ou l’industrie maritime. Il doit être pris en main par la communauté internationale et les autorités locales.»

C’est dans ce sens que le gouvernement étudie la possibilité de juger et de détenir des pirates somaliens sur notre sol. Le Kenya et les Seychelles ont déjà pris des mesures dans ce sens, les eaux territoriales de ces deux pays étant directement menacées. Maurice, par la Zone économique exclusive d’Agaléga, est également concerné.
Dans l’immédiat, l’implication mauricienne bute sur des aspects juridiques et législatifs.

Des amendements à la loi sont nécessaires, a rappelé au Parlement Navin Ramgoolam. Avocat basé à Paris et spécialisé dans le droit public international, Parvèz Dookhy confirme : «Il faut une réforme. D’abord pour que le juge mauricien puisse avoir une compétence (jurisdiction). Parce qu’en matière de piraterie somalienne, l’infraction n’est pas, du moins pour l’instant, commise dans les eaux sous juridiction mauricienne. Elle l’est en haute mer où le seul ordre juridique qui s’applique est celui dont le navire bat pavillon. Donc, il est nécessaire de donner une compétence dite universelle à Maurice, comme le Kenya et les Seychelles l’ont fait récemment.»

L’amendement de la loi est donc obligatoire. Le droit de la mer édicté en 1982 à Montego Bay défi nit la piraterie comme «tout acte illicite de violence ou de détention ou dépravation commis par l’équipage ou les passagers d’un navire agissant à des fi ns privées et dirigé contre un autre navire ou des personnes ou biens à bord en haute mer ou dans un lieu ne relevant de la juridiction d’aucun Etat.»

C’est à l’Etat somalien que revient la prérogative régalienne de sécuriser ses eaux. Mais puisque l’Etat de droit n’y existe plus depuis 1991, ce sont les puissances étrangères qui s’en chargent, d’autant plus que les actes de piraterie ne se cantonnent plus aux eaux territoriales somaliennes. Du coup, les pirates arrêtés sont jugés par des juridictions étrangères, comme récemment en Europe. Reste que les pays directement concernés souhaitent jouer ce rôle.

Les pirates somaliens arrêtés «par les forces de l’ordre d’autres pays», après qu’un «accord de transfèrement a été signé», pourront être jugés à Maurice une fois la législation modernisée et la piraterie défi nie dans les lois locales, souligne Parvèz Dookhy.

En outre, «bien que plus difficile, il faudra mettre en oeuvre un dispositif permettant aux pirates appréhendés de pouvoir bénéficier du respect des droits de la défense jusqu’à leur acheminement à Maurice. Je pense, par exemple, au droit d’avoir un avocat, d’être entendu par un juge, d’avoir un interprète, un médecin, etc. Parce que notre Constitution garantit les droits de la défense», ajoute l’avocat.

Pour Vijay Makhan, il y a un manque d’expertise locale et l’Etat ne pourra prendre à sa charge les coûts exorbitants de la création d’un tribunal spécial et de cellules. «Il faut être sûr du soutien financier des bailleurs de fonds internationaux, notamment les pays développés impliqués dans la coalition internationale contre la piraterie somalienne. Et si Maurice abrite un tribunal international, se posera la question de la sécurité de l’Etat compte tenu des liens présumés des pirates avec des mouvances terroristes.»

Les actes de piraterie ont doublé au large de la Somalie entre 2008 (111) et 2009 (219). Les économies insulaires de l’océan Indien, dont la nôtre, ont tout intérêt à s’attaquer au problème aux côtés des puissances étrangères (Etats-Unis, Europe, Inde, Chine). 12 % du commerce maritime marchand mondial croise au large de la Somalie, et une part importante de nos importations et exportations également.

La hausse des prix des denrées sur le marché local n’est, cependant, pas forcément une conséquence de la piraterie. «La piraterie est un bouc émissaire aisé pour justifier toutes les augmentations de produits importés», fait ressortir un professionnel proche des milieux portuaires. Cela dit, on ne peut nier l’impact de la piraterie sur les économies de la région.

Les propos de Ranjoy Neerohoo illustrent bien le point : «Maersk Line a dû revoir le service océan Indien afin de maintenir sa fiabilité, et ceci avec des coûts opérationnels plus élevés. Le port de Victoria, aux Seychelles, reste celui le plus affecté et aussi le plus compliqué. Nous sommes forcés de ne maintenir que trois touchés sur quatre à Victoria. Les bateaux de pêche opérant dans cette région demeurent des cibles attirantes pour les pirates et cela a une véritable incidence sur les exportations de thon du port de Victoria.»

Maurice a une carte géopolitique à jouer en s’impliquant à fond, par la voix du chef du gouvernement, dans le dossier. L’île peut asseoir une fonction de point focal régional, confortée en cela par les accords de coopération militaire passés avec la France et l’Inde, qui donneront lieu à des manoeuvres antipiraterie conjointes en octobre et novembre prochains.

En outre, la réunion sur la piraterie qu’accueillera le pays sera l’occasion pour les gouvernements, les agences internationales et régionales ainsi que les opérateurs de lancer de nouvelles pistes pour réduire l’emprise de la piraterie. Mais pour une solution durable, il faudra «redonner de l’autorité à l’Etat qui se désagrège », selon Parvèz Dookhy. Les symptômes maritimes des maux d’un Etat somalien incapable ne seront durablement réglés qu’à cette condition.

________________________ 1 – AFP

Somalie: une attaque de pirates déjouée dans le golfe d’Aden

Une attaque de pirates dans le golfe d’Aden a été déjouée dimanche par les efforts combinés des forces de l’Otan, de l’Union européenne et du Japon, a annoncé le quartier général des opérations anti-piraterie de l’Alliance atlantique de Northwood, au nord de Londres.

Un avion de patrouille maritime japonais a identifié samedi une embarcation suspecte avec sept pirates à bord, qui s’apprêtaient à attaquer un navire marchand passant dans le golfe d’Aden, a indiqué le QG dans un communiqué.

"Quelques minutes plus tard, un hélicoptère stationné sur le bâtiment de guerre danois Esbern Snare, participant aux opérations anti-piraterie de l’Otan dans cette zone a été déployé pour intercepter l’embarcation", précise le communiqué.

Les pirates présumés ont jeté leurs armes par dessus bord et se sont rendus.

Le bâtiment de guerre italien Its Libeccia, de la force navale anti-piraterie européenne, a contribué aux opérations en envoyant un hélicoptère. Le bâtiment américain USS Kauffman, qui participe aussi aux opérations anti-piraterie de l’Otan a pu se rapprocher de l’embarcation, et des militaires ont trouvé à bord des équipements de piraterie.

Le bâtiment danois, qui a participé à ces opérations, avait aidé à déjouer une autre attaque de pirates la veille, à l’appel d’un navire marchand.

L’Otan a donné à l’opération de lutte contre la piraterie Ocean Shield, une forme permanente depuis août 2009 et a décidé de la prolonger jusqu’à la fin 2012.

Plus de 200 actes de piraterie ont cependant été enregistrés en 2009 dans cette zone, ce qui constitue un record, avec des rançons versées pour un montant estimé à quelque 50 millions de dollars.