16/11/09 (B525) Yémen Express (6 articles en Français)

_____________________ 6 – Marine marchande avec AFP

Ryad dit imposer un blocus naval à un port yéménite sur la frontière commune

Les forces navales d’Arabie saoudite imposent un blocus maritime au port yéménite de Midi, près de la frontière commune, pour prévenir l’approvisionnement des rebelles yéménites en armes et munitions, a déclaré un conseiller du gouvernement saoudien.

Des bateaux de guerre saoudiens patrouillent depuis plusieurs jours près du port de Midi, sur la mer Rouge, situé au sud de la province saoudienne de Jizan, pour bloquer la principale route d’approvisionnement des rebelles zaïdites, a ajouté ce conseiller à l’AFP.

Les rebelles zaïdites, une branche du chiisme, en guerre contre les forces yéménites et saoudiennes sur la frontière entre les deux pays, sont soupçonnés d’utiliser Midi pour un trafic d’armes et de munitions en provenance de l’Erythrée, sur l’autre rive de la mer Rouge.

Fin octobre, le gouvernement yéménite avait annoncé l’arrestation, démentie à Téhéran, de cinq Iraniens à bord d’un bateau iranien chargé d’armes au large du nord du Yémen.

Les forces saoudiennes, qui bombardent depuis près de deux semaines les positions rebelles en territoire yéménite, ont capturé plusieurs "hauts"
responsables des rebelles, sans décliner leur identité.

______________________ 5 – Le Monde

Violents combats entre les forces yéménites et la rébellion

De violents combats opposaient, lundi 16 novembre, les forces yéménites et la rébellion chiite dans la région de Malahidh, près de la frontière avec l’Arabie saoudite. La région de Malahidh, dans l’ouest de la province de Saada, fief de la rébellion, est l’un des principaux fronts depuis le déclenchement par l’armée, il y a plus de trois mois, de son offensive contre les rebelles.

L’Arabie saoudite est intervenue le 3 novembre dans le conflit après la mort d’un de ses gardes-frontières, tué par des rebelles yéménites à Jabel al-Doukhan, une région montagneuse à cheval sur le Yémen et le royaume saoudien. Les combats entre l’armée et les rebelles zaïdites, une branche du chiisme, ont éclaté le 11 août dans le cadre d’un conflit récurrent depuis 2004, et ont fait jusqu’à présent des centaines de morts et de blessés, et quelque 55 000 déplacés.

______________________ 4 – Toulouse 7

Guerre au Nord Yemen : nouvel exode de civils

Davantage de civils yéménites fuient la province de Sa’ada ravagée par les combats et située dans le nord du Yémen, alors que les affrontements entre les troupes gouvernementales et les rebelles Al Houthi entrent dans leur quatrième mois, a indiqué vendredi le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (UNHCR).

800 à 900 personnes

Les civils yéménites cherchent abri dans des camps et au sein de familles d’accueil dans les provinces voisines de Hajjah et Amran, situées plus au sud. Ce nouveau déplacement exerce une pression accrue sur le HCR dans le cadre de ses tentatives pour soulager les souffrances des personnes dans le besoin, a indiqué un porte-parole de l’agence des Nations Unies lors d’un point de presse à Genève.

Ces derniers jours, quelque 150 nouvelles familles (soit environ 800 à 900 personnes) arrivent quotidiennement au camp d’Al Mazrak dans la province d’Hajjah, soit une augmentation significative par rapport aux précédentes semaines où leur nombre s’élevait entre 20 et 30 familles arrivant chaque jour, a-t-il ajouté.

Le camp a désormais dépassé sa capacité d’accueil avec près de 10.000 personnes déplacées qui sont hébergées sur place. Ce tout dernier afflux ajoute davantage de pression encore sur une situation déjà désespérée, et la surpopulation dans ce camp devient une préoccupation majeure. Trois ou quatre familles partagent désormais une tente prévue normalement pour une famille.

_______________________ 3 – Le Figaro

La guerre oubliée du Golfe
Georges Malbrunot, envoyé spécial à la frontière saoudo-yéménite

Les combats entre l’armée yéménite et la rébellion chiite ont redoublé depuis l’été dernier. Après la mort de l’un de ses gardes-frontière, l’Arabie saoudite a dû s’en mêler.

«Que notre armée chasse tous les rebelles au Yémen pour que nous puissions rentrer chez nous !» s’exclame Yéhia en étendant du linge entre deux tentes. Une semaine après avoir évacué son village de Jabri, ce paysan saoudien qui vit désormais dans un camp de réfugiés, hors de la zone des combats, se veut pourtant fataliste : «notre sort est entre les mains de Dieu».

Une nuit, les militaires saoudiens sont venus le prévenir qu’il n’avait que quelques heures pour plier bagages. «Les insurgés nous menaçaient à quelques centaines de mètres de chez nous», se souvient Yéhia. Au petit matin, les habitants de Jabri et cinq mille autres venus de hameaux frontaliers ont été conduits dans des camps installés par les autorités saoudiennes avec l’aide d’associations caritatives islamiques.

Ces réfugiés sont les dernières victimes d’une guerre oubliée aux confins de l’Arabie saoudite et du Yémen. Une zone de non-droit où se mêlent, dans un cocktail explosif, les trafics en tous genres, une rébellion chiite aux portes de la terre sacrée sunnite d’Arabie, et, pour couronner le tout, al-Qaida en embuscade le long de ces 1 500 kilomètres de frontière montagneuse et incontrôlable.

De quoi inquiéter la monarchie saoudienne, qui va construire un gigantesque mur électronique le long de sa frontière avec le Yémen. «Riyad est convaincu que l’Iran est derrière la révolte de ses voisins chiites. Pour les Saoudiens, il est inacceptable d’avoir un mini-Hezbollah à sa frontière», explique un homme d’affaires occidental.

Un paradis pour la contrebande

Les Houthis, une minorité zaïdite d’inspiration chiite, s’estiment opprimés par le président yéménite Ali Abdallah Saleh. Ils se sont révoltés en 2004. Depuis, cette guerre a fait des milliers de morts et de réfugiés. En août, l’armée yéménite a lancé une vaste offensive pour liquider les Houthis, qui pénètrent en territoire saoudien pour contourner les forces de Sanaa.

Le 3 novembre, un garde-frontière saoudien a été abattu par la rébellion. Quatre officiers ont été également enlevés dans les monts du Djebel Doukhan, à cheval entre les deux pays. L’armée saoudienne est alors passée à l’offensive. Pour la première fois en cinq ans de conflit. Hélicoptères Apache, avions de combat Tornado et F-15 bombardent régulièrement les positions houthies en territoire saoudien et au Yémen. Cinq cents commandos de la base de Tabouk ont été dépêchés en renfort.

«Nous poursuivrons les raids tant que les rebelles n’auront pas reculé à des dizaines de kilomètres» en territoire yéménite, a prévenu le vice-ministre de la Défense, le prince Khaled Ben Sultan. En évacuant le secteur frontalier de ses habitants, l’armée cherche aussi à éviter les prises d’otages par les Houthis. L’accès à cette «zone de sécurité» est théoriquement interdit à la presse étrangère. À l’intérieur, les soldats ont pris position dans les hameaux fantômes. Dans les localités encore habitées comme al-Raha, les tribus, armées, prêtent main-forte aux militaires.

Ceux-ci multiplient les patrouilles et les barrages volants. Ils fouillent les rares passants qui s’aventurent dans les rues. Mais faute d’appareils de vision nocturne, la chasse aux infiltrés est ardue. Entre vallées et pitons rocheux, la région est un paradis pour la contrebande. D’armes, de drogue et même d’enfants yéménites, expédiés par centaines chaque année chez leurs riches voisins du nord.

La semaine dernière, un jeune a été arrêté alors qu’il se faisait passer pour un réfugié. Les militaires saoudiens l’ont abattu avant qu’il n’ait eu le temps de sortir son arme. D’autres rebelles se déguisent en femmes pour déjouer les contrôles. Entre résistance armée et contrebande mafieuse, la violence est aveugle. En mai, trois Anglaises, prises en otages vraisemblablement par des trafiquants, ont été égorgées. Depuis, on est sans nouvelles de leurs six compagnons allemands.

Les insurgés, qui disposent de missiles sol-air, avaient préparé leurs infiltrations.

Des caches d’armes et des tranchées ont été découvertes par les troupes saoudiennes. Elles dataient d’il y a deux mois. «Nous recevions des Yéménites qui venaient faire leurs achats chez nous, raconte Yéhia, mais nous ne savions pas qu’ils pouvaient avoir des liens avec les rebelles.»

Pourchassés par l’armée yéménite, les Houthis se sont regroupés l’été dernier dans le district de Malahidh, sur l’autre versant des montagnes. Cette région est connue pour ses marchés d’armes. Les kalachnikovs et les grenades sont ensuite acheminées en Arabie saoudite à dos de mulet avec la complicité des Qairis, la tribu qui vit de part et d’autre de la frontière. Mais ces derniers temps, l’étau de l’armée yéménite s’est resserré. Les insurgés avaient besoin d’une porte de sortie. «Leur incursion en Arabie devait leur permettre d’accéder à la côte saoudienne, d’où les rebelles devaient recevoir leurs armes», explique un militaire de retour du front. D’autres les accusent de vouloir établir un miniport clandestin au sud de la ville saoudienne de Jizzan, sur la mer Rouge.

Une aubaine pour al-Qaida

«Les Houthis reçoivent leurs armes d’Iran via les ports érythréens situés en face, sur l’autre rive de la mer Rouge, notamment celui d’Assab», affirmait récemment Bashir Eshaq, responsable d’un mouvement d’opposition au régime d’Asmara. Le mois dernier, les autorités yéménites ont annoncé avoir arrêté cinq ressortissants iraniens à bord de bateaux remplis d’armes.

«Les rebelles veulent créer leur mini-État à la frontière saoudo-yéménite et attirer les Saoudiens dans la guerre civile entre eux et Sanaa, analyse le général en retraite Saleh Ben Faris al-Zaharani, membre du Majlis al-Shoura, le conseil consultatif local. Mais ils commettent des meurtres inacceptables et l’Arabie a décidé de défendre sa frontière.»

Alors que les Houthis nient être soutenus logistiquement par l’Iran, en Arabie, certains estiment que l’intervention militaire de leur pays pourrait avoir d’autres motifs. «Les insurgés cherchaient à installer des réseaux de contrebande en Arabie plus qu’à vraiment déstabiliser le royaume, assure un expert. Ils avaient simplement besoin de soutiens parmi les tribus.» Ces relais auraient été neutralisés à la faveur du «nettoyage» de la zone frontalière.

«Il y a certainement des liens entre les trafiquants et les rebelles, affirme Barakat Qoureiha, professeur à l’université de Jizzan. C’est pour cela que les autorités ont décidé d’intervenir militairement». D’autant qu’une autre menace guette : al-Qaida profite du bourbier pour s’infiltrer en territoire saoudien et y lancer des attaques. «Quand je pars au travail le matin, ma femme ferme la porte à clé derrière moi», raconte Barakat Qoureiha.

Il y a un mois, deux terroristes déguisés en femmes ont été tués à Jizzan avant qu’ils ne commettent un attentat. Venus du Yémen où la branche locale d’al-Qaida et la saoudienne ont fusionné en début d’année, ils portaient des ceintures d’explosifs et des armes automatiques. Leur cible reste inconnue. Mais quelques semaines auparavant, un autre membre d’al-Qaida, venu lui aussi du Yémen, s’était déjà fait exploser devant le prince Mohammed Ben Nayef, manquant de peu le patron de l’antiterrorisme saoudien.

Cette guerre aux ressorts confus est une aubaine pour la mouvance terroriste. En effet, l’armée saoudienne a dû dégarnir sa présence plus à l’est de la frontière, en face des repaires djihadistes au Yémen. Dans ce contexte, la nouvelle stratégie d’al-Qaida – s’en prendre aux «têtes» du régime saoudien, alliés de l’Occident – ne peut qu’accroître l’inquiétude de Riyad.

Après dix jours de combat, l’armée saoudienne affirme avoir arrêté des centaines d’infiltrés et regagné le territoire conquis par la rébellion. Une chose est sûre : la troupe ne s’aventurera pas au Yémen. Elle garde un souvenir horrifié des derniers accrochages de 1995 lorsque quinze soldats saoudiens avaient été égorgés la nuit par des guerriers yéménites.

Mais aujourd’hui, cette «guerre pour la défense du royaume» est populaire. Les convois militaires en partance pour le front sont salués par les badauds. Quant à Khaled Ben Sultan, il n’est pas mécontent de pouvoir ainsi s’affirmer comme possible successeur à la Défense de son père, le prince Sultan, hospitalisé hors du pays depuis un an. Mais le conflit peut aussi s’embourber. «Tant que la guerre ne sera pas terminée au Yémen, elle se poursuivra côté saoudien, redoute un diplomate. Or les Yéménites n’ont pas les moyens de la gagner seuls.»

_______________________ 2 – Le Monde avec AFP

Poursuite des raids saoudiens contre les rebelles yéménites à la frontière

L’aviation saoudienne a poursuivi ses raids contre la rébellion zaïdite yéménite à la frontière avec le Yémen alors que des renforts saoudiens et yéménites étaient acheminés vers la zone des combats, a-t-on appris dimanche de sources militaires.

Des avions de combat saoudiens ont effectué plusieurs sorties ces dernières 24 heures, prenant pour cible des positions rebelles à Jebel al-Doukhan, Jebel al-Doud, al-Sabkhayah et al-Ghaouia, des régions montagneuses à la frontière saoudo-yéménite, selon des sources militaires.

Ces opérations ont pour but de ratisser la zone frontalière où les rebelles chiites cherchent à s’infiltrer en territoire saoudien, ont précisé ces sources à Al-Khouba, localité saoudienne proche de la frontière.

Des renforts militaires saoudiens ont été acheminés ces deux derniers jours dans la région de Jizan, frontalière du Yémen. Selon un correspondant de l’AFP sur place, des colonnes de véhicules militaires ont été vues se dirigeant vers la frontière.

Les rebelles ont de leur côté revendiqué l’attaque d’une base militaire saoudienne à la frontière pour venger la mort de civils lors des bombardements.

"Plus de huit jours après le début des bombardements et des tirs d’artillerie saoudiens sur le territoire yéménite (…) nous avons attaqué la base militaire d’Aïn Al-Harra avec des roquettes Katioucha et des incendies ont été vus dans ce camp", a affirmé la rébellion dans un communiqué.

"Le régime saoudien doit revoir sa position belliqueuse à l’encontre du peuple yéménite qui refuse l’injustice", a-t-elle ajouté.

L’Arabie saoudite est intervenue le 3 novembre dans la guerre en cours depuis le 11 août entre les rebelles zaïdites, une branche du chiisme, et l’armée yéménite, après la mort d’un de ses garde-frontières, tué par des rebelles yéménites.
L’armée yéménite a pour sa part intensifié samedi soir ses bombardements des positions rebelles dans le nord du Yémen, notamment dans la province de Saada, fief des rebelles et frontalière de l’Arabie saoudite, et à Harf Soufiane dans la province d’Amrane, plus au sud, selon une source militaire.

"De violents affrontements ont opposé l’armée, soutenue par des hommes de tribus, à des rebelles près de la ville de Harf Soufiane (…) et à Al-Amchiya, plus au nord", a déclaré cette source, ajoutant que cinq membres des tribus avaient été tués et sept blessés dans les combats.

Ces affrontements ont eu lieu au lendemain de l’arrivée de renforts militaires à Harf Soufiane que les forces armées yéménites "cherchent à contrôler totalement et à nettoyer des poches des rebelles", a-t-on ajouté.

________________________ 1 – Info.Palestine

L’Arabie Saoudite et la guerre dans Sa’ada

La plupart des pays arabes, y compris l’autorité palestinienne de Ramallah ont publié des communiqués de solidarité avec le gouvernement saoudien (et pas avec le Yémen) dans sa guerre contre « l’ agresseur » Huthi.

Ces communiqués sont de peu d’importance aujourd’hui parce que la crise à laquelle est confrontée l’Arabie Saoudite est beaucoup plus profonde que ce que ses alliés arabes imaginent – dont les ministres des affaires étrangères du Conseil de Coopération du Golfe qui se sont rendus à Doha hier matin pour discuter de la crise et de ses implications.

Nous pouvons dire sans exagérer que la guerre qui se poursuit entre les Houthis et les forces yéménites entraîne l’Arabie Saoudite dans une crise beaucoup plus sérieuse que ne l’a fait son rôle dans l’invasion du Kowéit en 1990 et durant l’été de 1990, et fait se rappeler la guerre qui avait éclaté après la révolution d’Abdullah Sallal en 1962 qui avait renversé le gouvernement Imami à Sanaa, levant les barrages pour l’entrée des forces égyptiennes dans une confrontation avec le gouvernement saoudien.

Ce qui distingue cette guerre est qu’il s’agit en premier lieu d’une guerre de tribus, d’un conflit politique en second niveau et d’un désaccord social en troisième. Elle a le potentiel de se transformer rapidement en conflit régional comme l’a illustré le communiqué d’hier de Manouchehr Mottaki, le ministre des affaires étrangères d’Iranien dans lequel il nous dit : « Nous recommandons fortement aux pays voisins de ne pas faire d’ingérence dans les affaires intérieures du Yémen », un avertissement sérieux pour le gouvernement d’Arabie Saoudite qui prépare le terrain pour une polarisation régionale et tribale qui peut changer la forme et la carte politique de la région et menacer sa stabilité.

Nous avons plusieurs raisons de dire que ceci pourrait être la crise la plus dangereuse à laquelle le royaume d’Arabie Saoudite ait eu à faire face depuis sa fondation il y a quatre-vingts années :

En premier : la direction saoudienne a longtemps adopté une stratégie régionale ayant pour objectif de maintenir l’équilibre des forces en s’impliquant dans des conflits en dehors de ses propres frontières. Elle a par exemple soutenu Saddam Hussein contre la révolution de Khomeini durant la guerre entre l’Iran et l’Irak qui a duré de 1980 à 1988 – une alliance qui s’est terminée par l’affaiblissement des deux nations – pour ensuite faciliter pour les Etats-Unis la libération du Koweit d’une occupation par le même Saddam Hussein, juste deux ans après [la fin de la guerre Iran-Irak], s’étant inquiétée de la puissance régionale montante de l’Irak.

Mais à présent l’Arabie Saoudite fait face à une menace intérieure qui croît, posée par sa minorité shiite et plus d’un million de natifs du Yémen, beaucoup d’entre eux appuyant les Huthis [shiites].

En second lieu : la frontière saoudo-yéménite de 1500 kilomètres et la côte de la Mer Rouge du Yémen allant d’Aden à Saada sont mal contrôlées par les forces de sécurité yéménites, ce qui facilite la contrebande d’armes et les transits de personnes. On dit dans le même temps que l’Erytrée est en train de se transformer en base pour la fourniture d’armes de contrebande destinées aux Huthis, et elle a elle-même occupé les îles Hanish contestées il y a de cela 14 ans avec quelques-unes de ses troupes mal équipées qui ont débarqué dans des bateaux de pêche, prenant aisément le pas sur la faible marine yéménite.

Troisièment : la famille au pouvoir [les Saoud] est parvenue à stabiliser la sécurité intérieure de l’Arabie Saoudite mais une longue guerre d’usure dans le sud affaiblirait certainement le régime. En outre la présence plus importante d’Al-Qa’ida au Yémen, où cette organisation a installé un nouveau bras armé [Al Qa’ida dans la péninsule Arabique] et un nouveau quartier général, est une menace de plus à la sécurité saoudienne, et des attaques à l’intérieur même du royaume contre des cibles importantes peuvent reprendre au niveau où elles étaient il y a cinq ans alors que l’organisation était forte à l’intérieur même de l’Arabie Saoudite.

Quatrièmement : ironiquement, c’est le régime saoudien qui a allumé les flammes de la guerre civile yéménite de 1994 qui a produit ce scénario et cette instabilité chaotiques qui ont fait du Yémen un autre État défaillant dans la région. Les États défaillants sont l’environnement favori d’Al-Qa’ida…

Et cinquièmement : la politique régionale a nettement changé depuis 2003. Saddam Hussein n’est plus là pour s’occuper des ingérences iraniennes dans la guerre avec les Huthis, et les Etats-Unis sont totalement engagés dans leurs guerres sanglantes et perdues d’avance en Afghanistan et en Irak. Le Conseil de Coopération du Golfe n’est plus en rang serré derrière l’Arabie Saoudite pour soutenir sa guerre, et la région du Golfe dans sa totalité est remplie de disputes et de conflits.

Nous conclurons en disant que l’Arabie Saoudite a pris un grand risque avec ses ingérences, et après avoir remué le nid de frelons elle risque fatalement d’être piquée, en dépit de sa supériorité dans l’équilibre des forces en présence. Nous devons nous rappeler que la grande puissance militaire des Etats-Unis a renversé Saddam et les Talibans, mais qu’elle continue de se débattre dans les insurrections qui ont ensuite éclaté.

S’il est vrai que l’Iran soutient l’insurrection des Houthis avec de l’argent et des armes, comme cela semble être le cas, cela signifie que nous avons un nouvel triangle insurrectionnel avec le Hamas [mouvement de la résistance islamique palestinienne] dans la bande de Gaza, le Hezbollah [mouvement de la résistance libanaise] dans le Sud du Liban, et les Houthis à Saada. Le dénominateur commun à ce triangle, ce sont les missiles iraniens et l’hostilité à l’égard des Etats-Unis, d’Israël et des pays arabes modérés [par « modérés » il faut entendre inféodés aux intérêts israéliens et nord-américains – N.d.T].

Les états arabes [dits] modérés voudraient bien rétablir l’hégémonie arabo-américaine et apaiser Israël en s’alignant sur leurs conditions pour la paix.

La destruction de l’Irak et du Yémen et toutes les privations dans beaucoup de pays arabes misérables ont conduit à ces développements inquiétants qui peuvent voir la région arabe se désagréger dans sa totalité en États défaillants.