02/07/10 (B558-B) Après la rupture, la tension. (par Adillahi Abdi Ahmed, diplômé de l’Institut d’études politiques d’Ottawa)

Imposer un certain ordre de contrôles est un droit qui a besoin comme tout autre droit d’être légitimé. Jean-Jacques Rousseau l’a très bien exprimé dans les premières pages du Contrat social, « le plus fort n’est jamais assez fort pour être toujours le maitre, s’il ne transforme sa force en droit, et l’obéissance en devoir » (livre I, Chap. III).

C’est dans le souci de légitimer son autorité que le Président de la République a demandé, le 3 mars dernier, aux députés d’enregistrer le consentement de la population par la voie de la consultation populaire.

Or, Tout le monde le sait et les chiffres démontrent clairement qu’il y a bel et bien un écart entre le peuple djiboutien et les députés.

Et ce n’est plus un secret que cet écart tient son origine du fait que les députés ont toujours négligé la fonction de représentation. Alors, dans ce contexte de rejet par le peuple des députés qui n’arrivent plus à assumer leur rôle de délégué et d’ombudsman, ne fallait-il pas que le pouvoir se demande la constitutionalité de leur vote ?

Encore, ne serait-il pas sage que ce même pouvoir soulève la pertinence d’une telle décision, surtout quand un grand parti politique national comme le PND n’était pas du tout enclin à une révision partisane de la première loi de notre pays? Dans ce contexte de rupture entre représentants et représentés, l’article 87 de notre constitution, ne réservait-il pas au Président de la République le pouvoir d’opter pour la procédure référendaire? Voila autant de questions qui trahissent l’ambiguïté du pouvoir et suscitent la méfiance du peuple à son égard.

Chose faite, notre constitution a été révisée sans que le peuple soit réellement consulté. Le régime qui se voulait démocratique, a carrément pris la caractéristique de régime non-démocratique.

Pour conserver le pouvoir, il s’est servi de la constitution comme d’un paravent. Devant ce verrouillage à double tours de la démocratie, la tension est réelle et le peuple n’a pas d’autre choix que de rester politique et uni face au pouvoir qui confisque sa souveraineté. Le vote est un droit que le peuple tout entier doit se prévaloir pour se méfier du pouvoir qui se donne comme principal projet politique, l’exclusion du peuple à l’exercice du pouvoir.