04/08/10 (B563) Journal de la Flibuste – piraterie et terrorisme liés ? – Les petits pêcheurs ne sont plus seuls – attaque déjouée contre un pétrolier russe – Golfe d’Aden: attaque de pirates déjouée (4 articles)

__________________ 4 – Le Figaro avec AFP

Somalie: piraterie et terrorisme liés?

Le député UMP du Finistère Christian Ménard, qui prépare un rapport parlementaire sur la piraterie, affirme que les services de renseignements n’excluent plus l’existence de liens entre des pirates somaliens et le terrorisme islamique, dans une interview au quotidien Le Télégramme.

"Récemment encore, l’ensemble des spécialistes de la question s’entendait pour dire qu’il n’existait aucun lien entre pirates et terroristes. Ce n’est plus le cas", explique le député dans cette interview parue aujourd’hui. Les shebabs (islamistes radicaux somaliens proches d’Al Qaïda) "ont lutté contre la piraterie" au tout début, mais "on se rend compte qu’il existe aujourd’hui des clans et des sous-clans qui très vraisemblablement s’entendent avec les pirates", explique-t-il.

"Il y a vraisemblablement des partages d’informations, et peut-être dans certains cas des versements d’argent" après le paiement de rançons, a précisé le député à l’AFP. "Mais de ceci, il n’y a aucune preuve", a-t-il ajouté.

M. Ménard a par railleurs indiqué qu’il achèverait "en septembre ou en octobre" un nouveau rapport parlementaire sur la piraterie. Le rapport préparera notamment le terrain pour un futur texte de loi qui doit permettre de ré-introduire en droit pénal la notion de piraterie, supprimée en 2007, a indiqué M. Ménard.

Le futur texte de loi doit aussi préciser la procédure judiciaire en cas d’interpellation dans les eaux internationales de trafiquants de drogue ou de pirates, en application de la convention internationale de Montego Bay. Le projet de loi doit être examiné par l’Assemblée nationale "d’ici la fin de l’année", a expiqué M. Ménard.

____________________ 3 – Le Télégramme

«Les petits pêcheurs ne sont plus seuls»

Il apparaît de plus en plus clair que les pirates somaliens n’agissent pas, ou plus, pour leur propre compte.

Depuis des années que dure la vague de piraterie dans les zones côtières et au large de l’ancien territoire de la Somalie que plus personne ne contrôle, la question se pose de savoir dans quelle mesure cette activité serait «endogène», c’est-à-dire née sur place par une forme de génération spontanée, ou exogène». Elle serait, dans ce cas, commanditée de l’extérieur, éventuellement par des organisations terroristes, qui seraient liées, ou pas, au réseau al-Qaïda. De la réponse à cette question découlent des analyses plus ou moins inquiétantes, intégrant éventuellement les activités maritimes criminelles dans le grand jeu terroriste africain.

Une évolution

On sait que la déliquescence de l’État somalien, depuis la fin des années 1980, a provoqué une disparition progressive, aujourd’hui totale, des structures administratives. L’apparition de chefs de guerre, l’anarchie qui en a résulté, ont détruit tout ce qui ressemblait à une activité économique, notamment la pêche. Initialement, des pêcheurs locaux particulièrement hardis se sont aventurés dans la piraterie, avant d’être remplacés par des clans de plus en plus riches au fil des rançons versées, parfois colossales.

Il va de soi que des dizaines de millions de dollars déversés dans villages de pêcheurs ou dans des familles, mêmes élargies, ont attiré les convoitises. Les Américains ne sont que très marginalement concernés par cette partie de l’Océan indien et par les abords de la mer Rouge, mais les experts des services de renseignement européens s’y intéressent considérablement.

Changement de motivation

Comme le confirme Christian Ménard, ils sont aujourd’hui convaincus que l’élargissement du recrutement des pirates à des franges plus politisées, ainsi que l’accroissement de leurs moyens, a pu faire évoluer les motivations initialement purement économiques, puis crapuleuses.

Naguère, les deux entités islamistes intégristes en guerre pour le contrôle du pouvoir à Mogadiscio et dans l’ensemble de la Somalie, à savoir les Shebab al islam et le Hizb al islam, affichaient chacune leur opposition à la piraterie. Elles ont depuis changé leur fusil d’épaule et se sont engagées dans des stratégies de «prises de gages».

Mais attention!

Dans cet univers largement illisible, les puissances européennes et asiatiques chargées de protéger la navigation maritime des navires battant leurs pavillons, et des autres, sont largement incapables, à ce jour, de comprendre tous les enjeux et toutes les lignes de fracture entre ces groupes. Une seule chose est sûre: les petits pêcheurs ne sont plus seuls, et des fractions autrement plus puissantes sont désormais associées à cette exploitation de la piraterie. Lesquel? À ce stade, c’est un grand mystère!

____________________ 2 – Ria Novosti (Russie)

Piraterie: attaque déjouée contre un pétrolier russe

Un navire de la Flotte russe de la mer Noire a déjoué lundi une attaque de pirates contre un pétrolier russe dans la mer Rouge, a annoncé mardi à RIA Novosti un porte-parole de la Marine de guerre.

"Un remorqueur de sauvetage russe SB-36 a déjoué l’attaque lancée lundi par deux bateaux de pirates contre le pétrolier Dafna battant pavillon russe dans la partie sud de la mer Rouge", stipule le communiqué, précisant que 15 Russes se trouvaient à bord.

____________________ 1 – Le Figaro avec AFP

Golfe d’Aden: attaque de pirates déjouée

Une frégate espagnole a mis fin aujourd’hui à une attaque de pirates somaliens contre un chimiquier norvégien dans le golfe d’Aden et interpellé les sept assaillants, a annoncé la force navale antipiraterie européenne Atalante.

Alertée par un message de détresse lancé tôt ce matin par le chimiquier Bow Saga, Atalante a immédiatement envoyé la frégate Victoria à son secours. L’hélicoptère embarqué sur l’unité espagnole est alors parti en avant-garde pour stopper l’attaque en cours. Sept pirates somaliens à bord d’une chaloupe avaient fait feu sur le pont du bâtiment norvégien et le chimiquier était en train de manoeuvrer pour tenter de les empêcher de monter à bord, quand l’hélicoptère est arrivé sur les lieux, 10 minutes après le début de l’assaut, a indiqué le QG d’Atalante dans un communiqué. Les pirates, qui tentaient de prendre la fuite, en ont été empêchés par des salves d’avertissement de l’hélicoptère puis de la frégate.

Des marins espagnols sont ensuite montés à bord de leur chaloupe où ils ont confisqué des armes et interpellé les pirates. Quant au sort des pirates pris en flagrant délit, il doit encore être tranché, a expliqué un porte-parole d’Atalante joint par téléphone. "Les sept (pirates) sont gardés sur la chaloupe. Nous avons des procédures standard à suivre. La première chose est de confisquer le bateau et ensuite de décider s’ils doivent être traduits en justice", a-t-il dit à l’AFP. "On y travaille", a-t-il poursuivi, expliquant que les présumés pirates pourraient être conduits au Kenya, qui a passé un accord judiciaire avec l’Union européenne pour traiter ce genre d’affaire impliquant des Somaliens, ou bien en Norvège, pays du propriétaire du cargo attaqué.