07/11/10 (B577) Point de vue : LVD : La Voix de Djibouti ou La Voie de la Discorde ? (Lecteur)

_______________________ Note de l’ARDHD

L’ARDHD publie ce message comme une contribution au débat.

Cela ne signifie en aucune façon ni qu’elle adhère ni qu’elle rejette la position de ce lecteur. C’est celle du lecteur qui nous l’a adressée ; elle lui appartient et il est légitime à la faire connaître au titre de la liberté d’expression.

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Dans son édition du jeudi 5 novembre 2010, La Voix de Djibouti (LVD) remet en cause la participation, au côté du régime, de l’opposition légalisée (ARD et UDJ) à une table ronde financée par l’USAID sur l’observation électorale ; ceci dans la perspective de la prochaine présidentielle.

Disons-le tout de suite, et ceci sans douter du bien-fondé de la démarche américaine : on ne voit pas comment les USA pourraient contribuer à un quelconque pluralisme électoral sans avoir au préalable imposé le pluralisme de l’information.

Tant qu’aucun parti de l’opposition n’aura accès aux médias publics (RDT et Nation) pour expliquer sa démarche, parler de transparence électorale revient à mettre la charrue avant les bœufs.

C’est pour cela qu’un parti responsable doit soutenir l’initiative américaine sans en attendre un miracle. Pour preuve, la campagne d’intoxication menée par la RTD à propos de cette table ronde qu’il présente comme un soutien américain à une présidence à vie du dictateur.

Pas seulement par la RTD, malheureusement : la présentation qu’en fait LVD (La Voix de Djibouti) n’a rien à envier à l’agit-prop du régime djiboutien. Sous le titre « Opposition : à quoi bon se prêter à une opération de communication du régime sur une improbable observation électorale?, LVD critique vertement la participation de l’ARD et de l’UDJ à cet événement auquel, pour sa part, « le MRD n’a pas souhaité participé ».

La réalité est un peu différente : pour cause de dissolution, le MRD n’y a même pas été invité car, sur une scène officielle, les acteurs (Etats-Unis ici) ne peuvent travailler qu’avec ce qui a une existence légale, quand bien même il s’agit de coquilles vides qui, on le sait, saturent le paysage politique djiboutien.

Soyons clairs : il ne s’agit pas de singer le monolithisme RPP en imposant à LVD une sorte de pensée unique formatée interdisant toute forme d’analyse. Mais, en s’adonnant à la critique facile sans aucune perspective ni surtout pluralité des points de vue, force est de regretter que LVD ait tout simplement singé la RTD.

Se dire opposant et intenter un procès d’intention à d’autres opposants qui, eux, travaillent dur au pays sur le terrain de la réalité (en l’occurrence l’ARD et l’UDJ) en les accusant de jouer le jeu du régime n’est pas exactement le genre d’ « information » que les auditeurs djiboutiens attendent de ce qui se présente comme la seule radio libre de Djibouti. Il aurait plus été honnête d’un point de vue déontologique et plus utile d’un point de vue politique de demander aux opposants ARD et UDJ ce qu’ils attendaient d’une telle table ronde et leur accorder ce que la RTD leur refuse : le droit de s’expliquer !

En agissant de la sorte, en tentant de façon aussi maladroite que discourtoise, de salir de vrais opposants, LVD sème la discorde et fait stupidement le jeu de régime.

Demeure alors une seule question : quand on a la même perception de l’information que la RTD, n’a-t-on pas la même conception de la politique que le RPP ?

Un auditeur choqué