09/11/10 (B577) Le Journal de la Flibuste (2) – La piraterie somalienne a besoin d’être combattue sous toutes ses facettes – Le Kenya n’aurait pas juridiction sur les pirates – Les pirates au large de la Somalie toujours plus audacieux et cupides – Des pirates somaliens jugés aux Etats-Unis (5 articles)

___________________ 5 – Radio Chine avec XINHUA

La piraterie somalienne a besoin d’être combattue sous toutes ses facettes (ONU)

La lutte contre la piraterie a besoin de se poursuivre le plus largement possible, selon B. Lynn Pascoe, sous-secrétaire général des Nations unies chargé des affaires politiques, au Conseil de sécurité mardi.

"Les navires de guerre seules ne vont pas résoudre le problème, " a indiqué M. Pascoe lors d’une rencontre du Conseil de sécurité de 15 nations sur la piraterie en Somalie.

"La bataille a besoin d’être focalisée sur la force de dissuasion, la sécurité et l’état de droit, ainsi que sur la proposition d’alternatives économiques au peuple somalien," a-t-il déclaré.

M. Pascoe a appelé à une libération immédiate de toutes les personnes détenues par les pirates somaliens.

M. Pascoe a également indiqué qu’il faut que la piraterie et le vol au large de la Somalie soient rendus coûteux en faisant face à l’impunité et au renforcement des capacités du Gouvernement fédéral de transition pour renforcer son autorité et aborder la question de la loi et l’ordre.

"La piraterie est une menace qui dévance les efforts de la communauté internationale visant à la contenir," a indiqué M. Pascoe.

Toujours lors de la rencontre du Conseil, M. Youri Fedotov, directeur exécutif du bureau des Nations unies sur la drogue et le crime (UNODOC), a indiqué qu’il est clair que "la seule solution viable à long terme est de rétablir la loi et l’ordre en Somalie et dans ses eaux".

M. Fedotov a aussi indiqué qu’il faut encore plusieurs années pour que cette solution se réalise et qu’elle demandait des efforts concertés et coordonnés dans l’effort international.

"Nous le devons au peuple de Somalie," a indiqué M. Fedotov, ajoutant qu’ "avec le bon soutien de la communauté internationale, ils ont le potentiel de devenir même plus efficace et conduire à une solution durable".

Jusqu’au 4 novembre, plus de 438 passagers et marins et 20 navires étaient détenus par les pirates, ce qui représente une hausse de presque cent otages en moins d’un mois, selon l’Organisation maritime internationale.

Les Etats membres ont actuellement constitué une forte présence navale au large de la côte somalienne avec un niveau sans précédent de marines dans la région.

_____________________ 4 – Conseil de sécurité de l’ONU

LA PRÉSENCE DE NAVIRES DE GUERRE AU LARGE DES CÔTES SOMALIENNES NE SUFFIRA PAS À METTRE FIN À LA PIRATERIE, DÉCLARE M. B. LYNN PASCOE DEVANT LE CONSEIL DE SÉCURITÉ

Il préconise une combinaison de mesures pour la dissuasion, l’édification d’un état de droit et le développement économique et social

Le problème de la piraterie au large des côtes somaliennes ne sera pas résolu par la présence de navires de guerre plus nombreux mais par une combinaison de mesures de dissuasion, d’édification d’un État de droit en Somalie et de développement économique et social, a déclaré ce matin devant le Conseil de sécurité le Secrétaire général adjoint aux affaires politiques, M. B. Lynn Pascoe.

Le Directeur exécutif de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (UNODC), M. Youri Fedotov, a pour sa part reconnu que les poursuites contre les pirates représentaient un fardeau considérable pour les États de la région et précisé que cette institution s’attachait à renforcer les capacités de ces pays afin de moderniser les centres de détention et de veiller à l’accès des prévenus à des avocats de la défense dans ces pays.

M. Pascoe a présenté au Conseil de sécurité le dernier rapport en date du Secrétaire général sur les actes de piraterie et les vols à main armée commis en mer au large des côtes somaliennes*, en l’actualisant. Faisant état de 438 personnes et 20 navires détenus par les pirates à la date du 4 novembre, soit près de 100 personnes détenues en plus en moins d’un mois, il a jugé ces chiffres « effrayants ». M. Pascoe a également rappelé que les pirates prenaient des risques de plus en plus grands et faisaient preuve d’une audace croissante. Rappelant que les voies maritimes menacées sont essentielles pour l’assistance humanitaire à la population et que les attaques avaient des conséquences sur la situation économique des pays de la région et au-delà, le Secrétaire général adjoint a estimé que ce serait même pire sans la présence des différentes coalitions maritimes internationales au large de la Somalie. Il a également précisé que des mesures de protection avaient été prises par l’industrie maritime et l’Organisation maritime internationale (OMI).

Il faut cependant faire beaucoup plus, a déclaré M. Pascoe, qui a mis l’accent sur la nécessité de s’attaquer aux causes de la piraterie et de travailler simultanément sur trois fronts: la dissuasion, l’édification d’un État de droit en Somalie et le développement économique et social du pays. Le Secrétaire général adjoint a ainsi rendu hommage au travail du Représentant spécial du Secrétaire général pour la Somalie, M. Augustine Mahiga, pour intégrer dans une stratégie d’ensemble pour la Somalie les travaux du Groupe de contact sur la lutte contre la piraterie, de l’équipe spéciale sur la piraterie du Gouvernement fédéral de transition somalien, des différents forces navales, ainsi que le développement dans les secteurs de la sécurité, de l’économie et des questions humanitaires. Pour M. Pascoe, la relance du processus de Kampala constitue l’un des moyens clefs pour s’assurer que les Somaliens eux-mêmes, dans leurs différentes régions administratives, travaillent ensemble.

En matière de dissuasion, M. Pascoe a lancé un appel aux navires qui transitent par la région pour qu’ils appliquent les recommandations de l’OMI et de l’industrie navale. Il a également jugé essentielle la coopération régionale et s’est félicité de l’adhésion au Code de conduite de Djibouti de deux nouveaux pays, la Jordanie et Oman. Il a remercié les pays qui acceptent actuellement de poursuivre les personnes qui seraient responsables d’actes de piraterie, en particulier le Kenya et les Seychelles. Rappelant le coût élevé de telles mesures, M. Pascoe a invité les États Membres mais aussi l’industrie navale à contribuer au Fonds d’affectation spéciale mis en place à cet effet. M. Pascoe a aussi rappelé qu’il restait à déterminer les arrangements pour la détention de longue durée des pirates condamnés, et que le Secrétaire général avait identifié sept options possibles dans un précédent rapport**. Il a précisé que le Conseiller spécial du Secrétaire général pour les questions juridiques liées à la piraterie au large des côtes somaliennes, M. Jack Lang, devrait présenter des recommandations avant la fin de l’année.

Toujours en matière de dissuasion, M. Fedotov a souligné, qu’au cours de ces deux dernières années, le Programme contre la piraterie de l’UNODC avait permis de traduire en justice de nombreux criminels. Quelque 700 suspects ou personnes reconnues coupables sont actuellement détenus dans 12 pays, dont la moitié en Somalie même, a-t-il précisé. Outre la Somalie, le Kenya et les Seychelles jugent et détiennent des pirates, a-t-il indiqué, avant d’annoncer que Maurice, la République-Unie de Tanzanie et les Maldives avaient récemment exprimé leur intérêt pour poursuivre en justice des auteurs d’actes de piraterie commis dans la région. Reconnaissant que les poursuites contre les pirates représentent un fardeau considérable pour les États concernés, il a assuré que l’UNODC s’attachait à renforcer les capacités de ces pays en vue de moderniser leurs centres de détention, souvent surpeuplés, et de faciliter l’accès des prévenus à des avocats de la défense. Pour le Directeur exécutif de l’UNODC, la proposition de M. Lang de transférer les pirates reconnus coupables dans les prisons somaliennes et de les juger conformément à l’état de droit en Somalie nécessitera des efforts supplémentaires de la part de l’UNODC.

Le second pilier de la riposte intégrée à la piraterie consiste à rétablir la sécurité et l’état de droit en Somalie même, a déclaré M. Pascoe, qui a rappelé que les Nations Unies, le Groupe de contact sur la lutte contre la piraterie et l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) travaillaient à créer des capacités somaliennes capables de traiter de la piraterie sur le sol et dans la zone côtière. Il a lié cette capacité aux efforts en cours pour développer les secteurs de la sécurité et de la justice en Somalie et a rappelé qu’il faudrait fournir aux institutions somaliennes des ressources suffisantes et prévisibles pour leur permettre de s’acquitter de leurs tâches.

Le seul moyen de régler le problème de la piraterie au large des côtes somaliennes est effectivement de restaurer l’état de droit en Somalie, a déclaré, à son tour, M. Fedotov, qui a souligné qu’une telle tâche serait de longue haleine et exigerait des efforts internationaux « coordonnés et concertés ». Dans l’intervalle, a-t-il ajouté, le Programme de l’UNODC continuera de se concentrer sur la réalisation de ses trois objectifs actuels: garantir des procès équitables aux suspects détenus dans les pays de la région; assurer des conditions de détention dignes et sûres en Somalie; et permettre la tenue de procès justes et efficaces dans ce même pays.

M. Pascoe a enfin rappelé que la piraterie était aussi, largement, une question économique. Tant que la piraterie apparaîtra aussi lucrative, avec des rançons qui atteignent des dizaines sinon des centaines de millions de dollars, et que les autres perspectives économiques resteront aussi faibles, l’incitation à la piraterie sera évidente, a-t-il rappelé. C’est pourquoi la création de revenus alternatifs et notamment, la réhabilitation des pêches côtières, est si importante, a ajouté le Secrétaire général adjoint.

En fin de séance, le représentant de la Somalie, M. Elmi Ahmed Duale, a remercié les membres du Conseil de sécurité pour l’attention qu’ils continuent de porter à la situation dans son pays. Il a dit espérer que la stabilisation de la situation politique et le rétablissement de l’ordre en Somalie permettront de résoudre dans une grande mesure le problème de la piraterie. M. Duale a appuyé le rapport du Secrétaire général en estimant qu’il identifiait bien les problèmes, et a remercié le Directeur exécutif de l’UNODC pour le soutien que cette institution apporte à son pays et à plusieurs États voisins. Il a aussi tenu à exprimer les regrets de son gouvernement pour le nombre élevé de gens de mer en captivité dans les ports contrôlés par les pirates.

* En vertu du droit international, la notion de « piraterie » s’applique uniquement à des actes commis en haute mer et dans les zones économiques exclusives des États. Les actes équivalents, lorsqu’ils sont commis dans les eaux territoriales d’un État, sont désignés comme « vols à main armée en mer » ou « vols à main armée commis contre des navires ».

_____________________ 3 – Métro (Canada)

Le Kenya n’aurait pas juridiction sur les pirates

Un juge du deuxième tribunal en importance au Kenya a statué, mardi, que le pays n’a pas la juridiction nécessaire pour traduire en procès les pirates somaliens, si les actes de piratage ont été commis à l’extérieur de ses eaux territoriales.

Cette décision pourrait freiner les efforts américains et internationaux pour que les pirates capturés soient jugés en Afrique orientale.

Le juge Mohammed Ibrahim a rendu cette décision quand il a mis fin aux procédures entamées contre neuf Somaliens accusés de piratage. Le juge a ordonné qu’ils soient remis en liberté puisque les actes qui leur étaient reprochés avaient été commis dans le golfe d’Aden, au large des côtes de la Somalie.

Il a aussi ordonné que les neuf hommes soient renvoyés en Somalie.

Le juge Ibrahim a expliqué qu’on ne peut considérer que la haute mer se trouve à l’intérieur des eaux territoriales kenyanes.

L’avocat des suspects estime que la plupart des procès pour piratage actuellement devant les tribunaux kenyans risquent maintenant de s’effondrer. Le procureur général du Kenya entend porter la décision en appel devant le plus haut tribunal du pays.

Le Kenya détient actuellement 123 pirates présumés, et dix-huit autres hommes ont déjà été reconnus coupables.

La communauté internationale dépend de pays comme le Kenya et les Seychelles pour traduire en procès les pirates présumés. Le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, a toutefois récemment indiqué que la création d’un tribunal spécial est à l’étude.

Par ailleurs, un dirigeant des Nations unies a déclaré mardi que le problème des pirates somaliens est plus important que les efforts qui ont été déployés pour le combattre, et que l’on doit faire plus pour s’attaquer aux causes du problème.

Le sous-secrétaire général pour les Affaires politiques de l’ONU, B. Lynn Pascoe, a dit que les chiffres sont «stupéfiants», évoquant 438 personnes détenues en otage et 20 navires capturés en date du 4 novembre.

Il a aussi rappelé qu’un navire militaire de l’Union européenne qui escortait une mission de l’Union africaine en Somalie a récemment été attaqué par des pirates à bord d’un navire-cargo saisi il y a environ un mois.

_____________________ 2 – AFP

Les pirates au large de la Somalie toujours plus audacieux et cupides

Les pirates qui écument les eaux au large de la Somalie sont toujours plus audacieux et demandent des rançons toujours plus élevées, a souligné mardi un haut responsable de l’ONU.

"Les chiffres sont épouvantables", a déclaré devant le Conseil de sécurité Lynn Pascoe, sous-secrétaire général pour les affaires politiques à l’ONU.

Les pirates ont kidnappé presque 100 victimes en moins d’un mois, a précisé M. Pascoe en faisant état des données de l’Organisation maritime internationale (IMO) arrêtées le 4 novembre. Il y a ainsi, dorénavant, 438 marins et 20 bateaux aux mains des pirates.

"Les pirates prennent de plus grands risques et demandent des rançons plus élevées", a-t-il expliqué.

Il a donné l’exemple d’un navire de guerre espagnol qui a été attaqué il y a quelques jours par des pirates au large de la Somalie. Le patrouilleur Infanta Cristina, a été attaqué par des assaillants qui ont utilisé un cargo japonais, l’Izumi, lui-même volé.

Les pirates avaient placé des otages à bord de l’Izumi, s’en servant comme d’un bouclier humain. L’attaque des pirates a pu être déjouée sans que soit mis en danger la vie de ces otages.

"La piraterie est un danger dont l’ampleur dépasse les efforts de la communauté internationale pour l’endiguer", a expliqué M. Pascoe.

Les forces navales internationales au large des côtes de la Somalie ont cependant déjoué plus d’opérations de piraterie que "jamais auparavant", selon M. Pascoe, qui estime que la lutte contre la piraterie exige une action simultanée sur trois fronts: la dissuasion, la sécurité et l’application de la loi, et le développement.

"La dissuasion exige aussi que ceux qui sont convaincus de piraterie et de vol à main armée fassent l’objet de poursuites", a-t-il indiqué.

Les pirates somaliens ont accru leur activité cette année au large de leurs côtes, s’emparant de 37 navires pendant les neuf premiers mois de 2010, contre 33 pendant la même période de l’an dernier selon un rapport de l’ONU publié mardi.

Le conseiller spécial du secrétaire général de l’ONU pour les questions juridiques liées à la piraterie somalienne, Jack Lang, doit rendre un rapport sur la question dans les semaines qui viennent.

_____________________ 1 – Afrik News

Des pirates somaliens jugés aux Etats-Unis

Cinq Somaliens comparaissent ce mardi devant une cour américaine pour acte de piraterie, une première aux Etats-Unis depuis plus de 100 ans, rapporte la BBC.

Ils sont accusés d’avoir tiré des coups de feu sur la frégate américaine USS Nicholas aux Seychelles en avril dernier.

Les pirates l’auraient pris pour un navire marchand. Les pirates capturés, puis emprisonnés aux Etats-Unis. Leur procès, qui se déroule à Norfolk, pourrait durer un mois.