24/11/10 (B579) Yémen Express – 12 rebelles chiites tués dans une explosion – 17 morts dans un attentat anti-chiites dans le nord – un soldat tué – Attentats déjoués dans deux avions : une étudiante arrêtée au Yémen – Les autorités yéménites sont sur le qui-vive pour organiser la Coupe du Golfe – Al-Qaida au Yémen mise sur le terrorisme à moindre coût (6 articles)
__________________ 6 – 20 Minutes (France)
Yemen: 12 rebelles chiites tués dans une explosion
Douze rebelles chiites ont été tués et 17 autres blessés mercredi dans le nord du Yémen dans une explosion qui a visé un convoi de véhicules se rendant à une fête religieuse, a annoncé un porte-parole de l’organisation rebelle.
La cause exacte de l’explosion, qui s’est produite dans la province de Djaouf, demeure inconnue, a-t-il dit.
Le gouvernement yéménite s’efforce de maintenir une trêve précaire avec les rebelles chiites, appelés Houssis d’après le nom de leur chef Abdel Malek al Houssi. En février, un cessez-le-feu a mis un terme aux combats qui faisaient rage depuis 2004 et ont déplacé au total 350.000 personnes.
_____________________ 5 – L’Express avec AFP
Yémen: 17 morts dans un attentat anti-chiites dans le nord
Dix-sept personnes ont été tuées mercredi dans un attentat à la voiture piégée contre des chiites célébrant une fête religieuse dans un fief de la rébellion zaïdite dans le nord du Yémen, a déclaré à l’AFP le porte-parole des rebelles, Mohammad Abdel Salam.
"Un attentat à la voiture piégée a visé un convoi de voitures de chiites, tuant 17 personnes et blessant d’autres dans la province d’Al-Jawf", a précisé le porte-parole, citant un nouveau bilan de l’attaque.
Un premier bilan avait fait état de 15 tués et d’une trentaine blessés.
L’attentat a été perpétré alors que ces zaïdites, issus d’une branche du chiisme, s’apprêtaient à célébrer la fête d’Al-Ghadir, commémorant selon la tradition chiite, le jour de la désignation d’Ali, premier imam des chiites, comme successeur du prophète Mahomet.
Le porte-parole a indiqué qu’il s’agirait d’un attentat suicide. "Nous n’en accusons personne pour le moment", a-t-il ajouté.
Un chef tribal de la province d’Al-Jawf a indiqué à l’AFP qu’"un kamikaze au volant d’une voiture tout-terrain s’est lancé contre le convoi" qui se rendait à une cérémonie pour la fête d’Al-Ghadir.
"Parmi les tués figurent un chef tribal d’Al-Jawf, Hussein Ben Ahmed Ben Hadhbane, et son fils", a ajouté ce dignitaire, accusant Al-Qaïda d’être responsable de l’attentat.
Al-Jawf est située à l’est de la province de Saada, bastion de la rébellion zaïdite, qui connaît un regain de tension en dépit d’un cessez-le-feu conclu il y a neuf mois entre le pouvoir central à Sanaa et les rebelles chiites.
Mardi, le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) s’est inquiété de l’"escalade alarmante" des combats dans le nord du Yémen près de la frontière avec l’Arabie saoudite, où au moins 20 personnes ont été tuées ces dix derniers jours selon lui.
"Au moins 20 personnes ont été tuées et d’autres blessées ces dix derniers jours dans les pires violences au nord du Yémen depuis la signature du cessez-le-feu en février", a déclaré un porte-parole du HCR, Andrej Mahecic, lors d’un point presse.
En février, forces gouvernementales et rebelles chiites avaient signé un cessez-le-feu, après la dégradation de la situation à la frontière avec l’Arabie saoudite qui avait fait craindre l’explosion d’un conflit régional.
Le cessez-le-feu avait mis fin à un cycle de six mois de violences dans la "Sixième guerre" dans le nord depuis 2004 qui a fait plusieurs milliers de morts et plus de 250.000 déplacés.
Le 26 août, les rebelles zaïdites et le gouvernement yéménite s’étaient mis d’accord sur un calendrier pour l’application des engagements pris par les deux parties pour mettre fin au conflit.
_____________________ 4 – Le Figaro avec AFP
Yémen/embuscade: un soldat tué
Un soldat yéménite a été tué et trois autres blessés dans une embuscade que deux hommes armés ont tendue à leur patrouille dans le sud du Yémen, selon une source au sein des services de sécurité.
Les deux assaillants, qui circulaient à bord d’une moto, ont tiré des roquettes RPG en direction d’un véhicule militaire à Boutheina, une localité située à l’est de Loder dans la province d’Abyane, ont indiqué des témoins.
L’attaque a fait un mort, le soldat Saleh Naji, tué sur le coup, alors que trois autres militaires ont été blessés, a ajouté la source des services de sécurité.
Selon cette source, les assaillants "seraient des membres d’Al-Qaïda", le réseau extrémiste étant très actif dans le sud du pays, et notamment dans la région de Loder, un de ses bastions.
L’attaque a eu lieu en dehors du cordon de sécurité mis en place par les autorités dans les provinces d’Abyane et d’Aden pour la 20e Coupe du Golfe, un tournoi régional de football qui a débuté lundi soir, selon la même source.
Les autorités ont mobilisé quelque 30.000 policiers pour assurer la sécurité du tournoi, ouvert à Aden et qui devrait se dérouler en partie à Zinjibar, chef-lieu de la province d’Abyane.
Le sud du Yémen, qui était un Etat indépendant avant 1990, est également le théâtre d’une contestation de sudistes qui réclament l’autonomie voire l’indépendance
_________________________ 3 – Le Parisien
Attentats déjoués dans deux avions : une étudiante arrêtée au Yémen
Les deux colis suspects interceptés vendredi dans des avions en provenance du Yémen et à destination des Etats-Unis, auraient pu exploser en plein vol, affirment ce samedi le Royaume-Uni et Dubaï. Depuis la Maison-Blanche, hier soir, Barack Obama avait annoncé qu’ils contenaient «apparemment dès explosifs» et étaient adressés à des lieux de culte juifs de Chicago.
Selon le président américain, ces colis portent l’empreinte d’Al-Qaïda. Il s’est dit déterminé à «détruire» l’organisation terroriste au Yémen.
Sur place, une femme soupçonnée d’avoir envoyé les colis piégés a été arrêtée samedi soir dans la banlieue de Sanaa, la capitale yéménite, après l’encerclement de sa maison par les forces de sécurité.
Son numéro de portable sur les bordereaux
D’après un responsable des services de sécurité du Yémen, cette femme «est une étudiante en médecine à l’université de Sanaa. Elle a été arrêtée en compagnie de sa mère. Son père est un ingénieur dans le secteur du pétrole qui travaille dans une compagnie située dans la province de l’Hadramout, dans l’est du Yémen». Les services de sécurité yéménites ont trouvé le numéro de téléphone portable de cette femme sur les bordereaux des colis, a-t-il ajouté.
Plus tôt dans la journée, les autorités locales avaient annoncé avoir saisi 26 colis suspects et interpellé des employés des compagnies de transport aérien et de la division cargo de l’aéroport international dans la capitale yéménite.
Le Yémen ne veut pas d’ingérence dans «ses affaires intérieures»
Sous pression américaine, le président du Yémen a indiqué avoir donné l’ordre à ses forces de traquer les suspects. Si Ali Abdallah Saleh s’est dit, lui aussi, «déterminé» à lutter contre le terrorisme, il a, toutefois, mis en garde les Etats-Unis contre toute ingérence. «Nous ne permettrons à personne de s’ingérer dans nos affaires intérieures», a affirmé le président en guise de réponse à la Maison-Blanche, qui a demandé au Yémen une «coopération étroite».
Le colis devait exploser dans l’avion, selon Londres
Le paquet piégé découvert vendredi en Angleterre dans un avion cargo en partance pour les Etats-Unis devait exploser à bord de l’appareil, a déclaré samedi soir le Premier ministre britannique, David Cameron. «Nous ne pouvons pas être sûrs du moment où cela devait se produire. Il n’y a pas de preuve que cela devait avoir lieu au-dessus du territoire britannique, mais bien sûr nous ne pouvons pas l’exclure», a déclaré à la BBC le chef du gouvernement depuis sa résidence de Chequers, près de Londres.
L’engin trouvé à l’aéroport d’East Midlands, dans le centre de l’Angleterre, était «opérationnel», avait indiqué plus tôt la ministre de l’Intérieur, Theresa May, à l’issue d’une réunion du comité d’urgence britannique. Caché dans une imprimante, il aurait pu exploser n’importe où, avait-elle affirmé.
«L’empreinte d’Al-Qaïda»
Le deuxième colis, intercepté cette fois, à l’aéroport de Dubaï contenait des explosifs et un système de mise à feu «portant l’empreinte d’organisations terroristes comme celle d’Al-Qaïda», a assuré ce matin la police de Dubaï dans un communiqué. Les enquêteurs évoquent «une imprimante d’ordinateur dont l’encre contenait des produits explosifs». Il s’agirait d’un mélange de penthrite (PETN) et de plomb, un produit hautement explosif utilisé dans les systèmes de mise à feu. «L’engin a été préparé de manière professionnelle et doté d’un circuit électrique relié à une carte de téléphone portable cachée dans l’imprimante», précise la police de Dubaï.
La France suspend le fret aérien en provenance du Yémen
Les transporteurs américains UPS et FedEx ont annoncé dès vendredi soir mettre fin à leurs services à partir du Yémen. L’alerte internationale déclenchée par les Etats-Unis a conduit la France à suspendre les opérations de fret aérien en provenance de pays. La Direction générale de l’aviation civile (DGAC) demande «à toutes les compagnies aériennes de suspendre tout embarquement de fret aérien en provenance du Yémen». De son côté, Le ministère belge de l’Intérieur a demandé samedi une «vigilance accrue» aux services de sécurité des aéroports.
La Belgique a demandé de son côté une «vigilance accrue» pour les vols de et vers le Yémen, et à destination des Etats-Unis.
_________________________ 2 – France 24
Les autorités yéménites sont sur le qui-vive pour organiser la Coupe du Golfe
La Coupe du Golfe, qui réunit huit pays du Golfe persique, débute ce lundi. Cette compétition est organisée pour la première fois au Yémen, en proie à des violences régulières, et foyer d’Al-Qaïda dans la péninsule arabique.
Par Emmanuel VERSACE
C’est dans un climat un peu particulier que s’ouvre, lundi 22 novembre, la 20e édition de la Coupe du Golfe. Pour la première fois de son histoire, ce tournoi de football, qui réunit huit pays du Golfe persique – Yémen, Qatar, Arabie saoudite, Bahreïn, Irak, Emirats arabes unis, Oman et le Koweït – est organisée au Yémen.
Cet événement sportif est organisé à Aden et à Zinjibar, chef-lieu de la province d’Abyane, dans le sud du Yémen, où militent des mouvements sudistes indépendantistes, réunis dans un groupe appelé Haraka al-Janoubi, littéralement "mouvement sudiste". Ces derniers réclament l’autonomie de cette région, rattachée au nord depuis 1990. Le Sud-Yémen en général, et l’Abyane en particulier, est également considérée comme l’un des fiefs d’Al-Qaïda dans la péninsule arabique (Aqpa).
30 000 forces de l’ordre déployées
Le président yéménite Ali Abdallah Saleh, qui mise sur cette compétition pour redorer l’image de son pays, mis à mal par le terrorisme ces dernières années, espère qu’aucun incident ne viendra perturber les festivités. 30 000 forces de l’ordre ont donc été déployées par les autorités pour assurer la sécurité des participants et des spectateurs.
Pourtant, à quelques heures du coup d’envoi prévu à Aden à 19h (GMT+1), des incidents ont déjà éclaté dans le pays. Selon les services de sécurité, des centaines de partisans du mouvement sudiste, en provenance de la province de Daleh, un des foyers du mouvement indépendantiste, ont tenté de se rendre à Aden mais ont été arrêtés par l’armée.
D’autres incidents ont été répertoriés à Anad, à quelque 65 km au nord d’Aden. Les forces yéménites ont ouvert le feu sur des manifestants qui brandissaient des drapeaux de l’ex-Yémen du Sud et des portraits des dirigeants des monarchies du Golfe participant au tournoi, pour les disperser, ont indiqué des sources du mouvement sudiste, qui n’ont pas précisé s’il y avait eu des victimes parmi les manifestants.
Les autorités yéménites sur le qui-vive
Déjà, le 11 octobre dernier, un attentat revendiqué par le groupe sudiste Chalal Ali al-Chaea au siège d’un club de football d’Aden avait provoqué la mort de trois personnes.
Pour les autorités yéménites, la principale menace reste le réseau d’Aqpa, implanté dans le pays depuis la fin des années 1990. L’organisation terroriste a revendiqué récemment, sur le site anglophone Inspire l’envoi des colis piégés à destination des États-Unis, interceptés le 29 octobre au Royaume-Uni et à Dubaï. Pour les autorités yéménites, nul doute que l’organisation terroriste va essayer de frapper un grand coup durant la Coupe du Golfe.
Pour l’heure, toutes les rencontres du tournoi sont bien entendu maintenues. D’après le journaliste Faysal Makram, qui se trouve sur place, les stades ont été transformées en véritables forteresses censées limiter le risque d’attaques terroristes.
_________________________ 1 – Le Figaro
Al-Qaida au Yémen mise sur le terrorisme à moindre coût
Pour masquer son incapacité à frapper fort, la nébuleuse encourage les djihadistes à économiser leurs moyens financiers et humains.
Deux téléphones portables achetés 150 dollars pièce, deux imprimantes valant 300 dollars chacune, plus des frais de transport et d’autres coûts annexes pour un montant total de seulement 4 200 dollars : dans la dernière édition de sa «cyber-revue» en anglais Inspire, al-Qaida dans la péninsule arabique (Aqpa) livre le coût incroyablement faible de sa dernière opération, qui a suscité la panique sur le marché du transport aérien mondial.
Deux colis piégés en provenance du Yémen, sanctuaire d’Aqpa, et à destination de lieux de culte juifs aux États-Unis, ont été interceptés le 29 octobre au Royaume-Uni et à Dubaï. Cette tentative d’attentat serait le fruit du «travail de moins de six djihadistes pendant trois mois», précise la revue, qui fournit un luxe de détails sur cette opération appelée «Hémorragie».
«Nous n’avons jamais vu un groupe situé dans l’orbite d’al-Qaida publier, à peine quelques semaines après les faits, un compte rendu aussi détaillé sur sa philosophie et ses intentions», réagit Ben Venzke, le directeur d’Intelcenter, un centre de surveillance des sites islamistes. Pour les experts américains, trois hommes seraient à l’origine de cette opération : l’opérationnel saoudien Ibrahim al-Assiri, expert en explosifs qui aurait fabriqué la pentrite dissimulé dans les colis, le communicant Samir Khan, un Américain de Caroline du Nord réfugié au Yémen en 2009 et vraisemblablement Anwar al-Awlaqi, ce prédicateur américain d’origine yéménite dont la tête a été mise à prix par Washington, mais qui est protégé par sa tribu dans la province de Shabwa.
Née de la fusion des branches saoudienne et yéménite en janvier 2009, Aqpa a tiré les leçons de l’incapacité d’al-Qaida à frapper lourdement sur le sol américain, après le 11 Septembre. «Pour mettre à terre les États-Unis, nous n’avons pas besoin de frapper un grand coup», affirme le magazine Inspire, qui ajoute : «Dans l’environnement sécuritaire qui parcourt toute l’Amérique, il est plus aisé de mettre en place des attaques réclamant moins d’intervenants et de temps, et ainsi nous pourrons sans doute contourner les barrières de sécurité que l’Amérique s’est efforcée d’ériger.» Désormais, la stratégie d’Aqpa est claire : harceler les États-Unis ainsi que leurs alliés et, pour masquer son incapacité à frapper fort, surtout bien le faire savoir via Inspire ou Sala al-Malahin, ce site qui ne cesse de louer les vertus des tribus yéménites, ultime refuge des quelque 500 à 600 membres de la succursale d’al-Qaida.
Savoir s’adapter au terrain
Dirigée par Nasser al-Wahayshi, l’ancien secrétaire d’Oussama Ben Laden en Afghanistan, Aqpa s’attache à respecter les consignes d’al-Qaida central tout en évitant de commettre les mêmes erreurs que la branche irakienne de la mouvance terroriste. «Plutôt que des attaques spectaculaires qui tueraient de nombreux civils yéménites ou saoudiens, Aqpa préfère des opérations plus petites», analyse le spécialiste britannique Ryan Evans, qui s’appuie sur les deux lettres envoyées par Ayman al-Zawahiri et Abdel-Rahman Atiyah puis interceptées par les services de renseignements américains. Les consignes émises par les proches de Ben Laden à l’Aqpa étaient triples : ne rien faire qui puisse vous aliéner le soutien du peuple, être moins rigide idéologiquement (surtout vis-à-vis des chiites) et savoir s’adapter au terrain.
La filiale saoudo-yéménite a retenu la leçon. En quinze mois, avec peu de moyens mais beaucoup d’inventivité, elle a failli abattre le prince Mohammed Ben Nayef, patron de l’antiterrorisme saoudien. Elle a aussi semé la panique en envoyant un étudiant nigérian lesté de pentrite se faire exploser sur un vol Amsterdam-Detroit. Enfin, elle a imaginé l’affaire des colis piégés.
Ces semi-échecs ont en commun d’obliger l’ennemi à dépenser des fortunes pour se protéger contre une menace au coût ridiculement bas. Depuis leur tanière yéménite, les sbires de Ben Laden s’en félicitent d’ailleurs ouvertement : leur ultime opération va coûter «des milliards de dollars en nouvelles mesures de sécurité pour les États-Unis et les autres pays occidentaux. C’est ce qu’on appelle un bon retour sur investissement».