19/04/11 (B600) Communiqué du PND, sous la signature de sa représentante pour l’Europe, que nous publions à sa demande et dans le cadre de la liberté d’expression et de la diversité de l’information.
___________________________ Note de l’ARDHD
Nous rappelons que M Aden Robleh Awalleh, Président du PND, s’était rallié au règime de Guelleh et qu’il avait été "élu" (pour ne pas dire "désigné") député à l’Assemblée nationale, où il a voté tous les textes proposés par le Gouvernement, jusqu’au mois d’avril 2010.
Ce jour là, à la différence d’une grande majorité de ses collègues, il n’a pas voté les amendements constitutionnels, en particulier, celui qui a permis à IOG de briguer un troisième mandat.
Son parti a organisé une manifestation de contestation en début 2011, dans les rues de Djibouti
et il s’est allié au PDD pour former une seconde coalition d’opposition : l’UMD. L’UMD et l’UAD ont fait un bout de chemin ensemble et ils ont appelé à manifester le 18 février dans les rues de la capitale. Cette manifestation avait été la plus importante dans la ville … et ils ont appelé les électeurs au boycott du scrutin.
Quelques jours avant le vote, le PND, comme le PDD (qui n’ont pas présenté de candidats à l’élection présidentielle) ont finalement choisi de reconnaître la validité du scrutin en appelant à voter pour le candidat "faire-valoir", opposé à Guelleh. Lequel n’a pas exprimé, jusqu’à ce jour, la moindre réserve quant aux conditions de vote et de dépouillement des bulletins.
Il nous a semblé important de rappeler ce contexte
_______________________________ Communiqué
(Lettre ouverte à Nicolas Sarkozy, Président de la République française)
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Monsieur le Président de la République française,
Les félicitations que vous avez adressés au Président de la République de Djibouti à la suite de sa réélection autoproclamée le 8 avril dernier me révulsent et m’effraient.
Alors que notre pays est sur la voie d’un possible conflit interne, soutenir la dictature sanguinaire au pouvoir aujourd’hui à Djibouti n’est pas à l’honneur de la France.
Notre peuple fait face aux difficultés les plus extrêmes dans sa vie quotidienne : des produits alimentaires de plus en plus chers ; un accès à l’eau potable et à l’électricité qui se limite à certaines périodes de la semaine ; un accès aux soins médicaux se réduisant de jour en jour par manque de médecins qualifiés se surajoutant à une tarification excessive des consultations médicales.
Un chômage persistant touchant au moins 60% de la population (chiffres officiels de 2002), une jeunesse amenée à émigrer afin d’assurer sa survie, une corruption généralisée associée à des critères de sélection familiaux répandue à tous les niveaux de l’administration, etc. sont le lot perpétuel des jeunes à la recherche d’un emploi dans le pays.
Une population qui, par ailleurs, n’a aucune possibilité de s’exprimer sur sa terrible situation sauf à faire face à des tirs rééls de la part des forces de sécurité présidentielles, comme l’a montré le mouvement populaire du 18 février dernier.
Tel est le bilan du régime en place.
Je vous prie de bien vouloir noter que le Parti National Démocratique (PND), que je représente en Europe, ne reconnait pas ce simulacre d’élection qui a eu lieu le 8 avril dernier par lequel le régime au pouvoir à Djibouti tente de se redonner une image de démocrate qui, selon nous, ne se justifie pas au vu des éléments précisés plus haut.
Si notre participation aux opérations électorales de cette année avait notre faveur en novembre dernier, elle n’a pas pu se concrétiser du fait du refus du pouvoir en place d’ accepter la mise en place d’une Commission Nationale électorale (CENI)indépendante du pouvoir respectant les 5 conditions suivantes. Ces bases de la transparence électorale formaient, pour nous, un minimum acceptable permettant de participer honnêtement et sincèrement au scrutin du 8 avril dernier :
1°) Mise en place d’une commission nationale électorale indépendante ainsi que ses représentants au niveau local, dont les attributions sont les suivantes :
- gérer les listes électorales en les validant et en distribuant les cartes électorales à ceux et celles qui y sont inscrits,
- s’assurer que chaque bureau de vote ait un nombre de votants déterminé,
- désigner les présidents des bureaux de vote,
- désigner les observateurs locaux,
- proclamer les résultats après avoir collecté les urnes et effectué le décompte,
2°) Mise en place d’un bulletin de vote unique portant les photos des candidats et les logos de leurs partis ;
3°) Election du président de la CENI par les membres de la CENI ;
4°) Mise en place d’une encre véritablement indélébile pour éviter le vote multiple ;
5°) Création d’une dotation pour couvrir les charges afférentes aux activités de la CENI.
Ne pouvant que constater que le régime ne voulait organiser des élections qu’à ses propres conditions, sans prendre en compte les demandes légitimes et réalisables de notre parti nous avons été contraints de ne pas participer à cette élection autoproclamée et auto-organisée.
Je vous prie d’agréer, Monsieur le Président, l’expression de mes salutations distinguées.
Fait à Paris, le 18 avril 2011
signé : Saida Barreh
Représentante du Parti National Démocratique en Europe
PND.europe@yahoo.fr