25/04/11 (B601) Yémen Express – Deux manifestants tués, des dizaines de blessés au Yémen – 2 personnes tuées, dix blessées par balles dans des manifestations anti-Saleh – Au Yémen, Saleh accepte de partir, des opposants sceptiques – Les manifestations se poursuivent au Yemen (4 articles)

_________________________ 4 – L’Express avec Reuters

Deux manifestants tués, des dizaines de blessés au Yémen

Jean-Stéphane Brosse et Philippe Bas-Rabérin pour le service français

Les forces de sécurité yéménites ont tué deux manifestants lundi dans la ville d’Ibb et la région d’Al Baïda, tandis que 50 autres étaient blessées à Taïz au cours d’un rassemblement de plusieurs milliers de personnes, a-t-on rapporté de sources médicales.

A Ibb, des policiers en civil ont abattu un manifestant en ouvrant le feu pour mettre fin à une marche de protestation contre le régime du président Ali Abdallah Saleh. Trente contestataires ont en outre été blessés, huit par balles et les autres par jets de pierres ou à coups de matraque, a-t-on déclaré de mêmes sources.

Un deuxième manifestant a été tué dans la province méridionale d’Al Baïda.

A Taïz, 250 personnes recevaient des soins après inhalation de gaz lacrymogènes et 50 autres étaient blessées – 25 par balles et 25 par jets de pierres, ont rapporté des médecins.

Selon des témoins, les forces de l’ordre ont fait usage de leurs armes pour empêcher des manifestants de traverser la ville, située à 200 km au sud de Sanaa, en suivant un itinéraire qui passait devant un palais présidentiel.

« Il y avait un cortège de plusieurs milliers de personnes qui venaient de l’extérieur de Taïz, mais la police, l’armée et des hommes armés en civil les ont affrontées en ouvrant le feu et en tirant des grenades lacrymogènes », a déclaré un organisateur de la manifestation, Djamil Abdallah.

« Ils ont tiré abondamment et de toutes parts. »

Des dizaines de militants ont été arrêtés, ont dit des témoins. Taïz est l’un des principaux foyers du mouvement de contestation qui touche le pays depuis trois mois.

L’incertitude entoure un projet de règlement politique prévoyant le départ prochain du président Saleh.

Le risque de voir le Yémen s’enfoncer davantage dans des affrontements sanglants inquiète l’Arabie saoudite et les Etats-Unis, qui soupçonnent la branche régionale d’Al Qaïda (Aqpa) de chercher à exploiter le chaos qui s’ensuivrait et à s’incruster toujours plus dans ce pays de la péninsule Arabique.

Saleh, dont la rue exige la démission depuis trois mois, a donné son accord de principe à un projet du Conseil de coopération du Golfe (CCG) aux termes duquel il démissionnerait dans quelques semaines en échange d’une immunité contre toutes poursuites qui viseraient sa famille, ses collaborateurs ou lui.

La principale coalition d’opposition yéménite, composée d’islamistes et de groupes de gauche, a fait bon accueil au projet de règlement mais en formulant des réserves. Elle a notamment exclu de participer à un gouvernement d’union nationale au cours d’une période transitoire.

Aucun accord officiel n’a été signé.

Les manifestants, qui réclament des poursuites contre Saleh en raison d’une répression qui s’est soldée par plus de 120 morts jusqu’ici, se sont juré d’intensifier leur mouvement, de crainte que l’entourage de Saleh ne retarde son départ.

Saleh a déclaré dans un premier temps qu’il ne briguerait pas sa réélection à l’expiration de son mandat en 2013, puis il a exprimé l’intention de se retirer cette année après avoir organisé des élections législatives et présidentielle.

Il est au pouvoir depuis près de 33 ans.

____________________________ 3 – Nouvel Obs

Yémen: 2 personnes tuées, dix blessées par balles dans des manifestations anti-Saleh

Le parti présidentiel au Yémen a accepté samedi le plan de sortie de crise présenté par les monarchies du Golfe prévoyant un départ d’ici quelques semaines du président Ali Abdallah Saleh. (c) Afp

Deux personnes ont été tuées par balles lundi lors de manifestations au Yémen, à Ibb et à Al-Baïdah, respectivement au sud et au sud-est de Sanaa, a-t-on appris auprès de sources médicales et de témoins.

Dix personnes ont également été blessées par balles lundi au Yémen où les forces gouvernementales sont intervenues pour disperser des manifestations réclamant le départ du président Ali Abdallah Saleh et dénonçant le plan de sortie de crise du Golfe, selon des témoins.

A Taëz, plus au sud-ouest, trois personnes ont été blessées par balles et des dizaines d’autres ont souffert de problèmes respiratoires lorsque les forces de sécurité et l’armée ont ouvert le feu et lancé des grenades lacrymogènes pour disperser une manifestation, selon des protestataires.

Un caméraman de la télévision Al-Arabiya, une chaîne à capitaux saoudiens basée à Dubaï, Mahmoud Taha, a affirmé à l’AFP avoir été brièvement interpellé à Taëz par les forces de sécurité qui l’ont battu et ont confisqué sa caméra et son téléphone portable avant de le relâcher.

Des manifestations ont également eu lieu à Hodeïda, sur la mer Rouge, et à Moukalla, dans le sud-est du Yémen.

A Hodeïda, une unité de la Garde républicaine, dirigée par un fils du chef de l’Etat, encerclait depuis dimanche la base aérienne de la ville placée sous le commandement d’Ahmed Sanhani, un officier qui a récemment annoncé son soutien aux protestataires, selon des habitants.

A Sanaa, des milliers d’instituteurs et d’institutrices ont organisé une marche en direction du ministère de l’Education pour réclamer le départ du président Saleh, a rapporté un correspondant de l’AFP.

A Taëz, deuxième plus grande ville du Yémen, à 200 km de Sanaa, les forces gouvernementales, massivement déployées, étaient intervenues pour bloquer la progression des manifestants dans un quartier du sud-est, selon des témoins.

« Pas de répit, pas de répit tant que le bourreau n’a pas été jugé », ont répété les manifestants à Taëz où les forces de sécurité avaient bloqué avec des blocs en ciment les principales artères conduisant au siège du gouverneur. Des véhicules blindés de l’armée y étaient déployés.

Déchaînés, des protestataires ont arraché des portraits du chef de l’Etat, dans une campagne lancée par les protestataires pour « nettoyer la ville des photos du président », qui trônent sur les grandes places et les édifices publics.

Les protestataires ont répété leur rejet du plan de l’initiative des monarchies du Golfe prévoyant le départ, dans quelques semaines mais avec des garanties pour son immunité, du président Saleh, acceptée par le régime et sous conditions par l’opposition parlementaire.

« O Pays voisins: pas de négociations, pas de dialogue », affirmait l’une des multiples banderoles brandies par les protestataires.

Des drapeaux bahreïnis ont fait leur apparition lundi lors de la manifestation de Taëz en solidarité, selon des participants, avec les protestataires bahreïnis dont le mouvement a été maté à la mi-mars par les autorités de Manama avec l’aide des autres monarchies du Conseil de coopération du Golfe (CCG).

Malgré l’acceptation par son parti du plan du CCG, M. Saleh a répété qu’un changement de régime passerait par « les urnes », sur la BBC.

____________________________ 2 – L’Express avec Reuters

Au Yémen, Saleh accepte de partir, des opposants sceptiques

Nicole Dupont pour le service français

Des opposants yéménites réclamant le départ du président Ali Abdallah Saleh ont émis dimanche des réserves sur les modalités de sa démission telle qu’elle a été proposée par les médiateurs du Golfe, et ils ont promis d’intensifier leurs manifestations.

Saleh, au pouvoir depuis près de 33 ans, a accepté un plan des médiateurs prévoyant qu’il démissionne dans un délai d’un mois après la signature d’un accord avec l’opposition.

La principale coalition d’opposition a approuvé ce plan sous condition, mais des jeunes et des militants à la pointe des manifestations anti-Saleh se montrent sceptiques.

Ils redoutent que le parti au pouvoir et l’opposition, qui siégeaient au Parlement avant les manifestations, sacrifient sur l’autel de leurs ambitions politiques les espoirs des dizaines de milliers de personnes descendues dans les rues pour réclamer des réformes démocratiques.

« Il y a beaucoup de ressentiment parmi les jeunes parce que l’opposition a accepté cette initiative (…) Nous intensifierons les manifestations jusqu’à ce que nous forcions le président à démissionner immédiatement », a déclaré à Reuters Abdoulhafez Mouadjeb, chef de file du mouvement protestataire à Houdaïda, ville portuaire de la mer Rouge.

A Sanaa, où des manifestants sont dans la rue depuis des semaines, beaucoup scandaient à l’adresse de Saleh: « Pas de négociation, pas de dialogue – démissionne ou fuis ».

Dans une interview au service en arabe de la BBC, Saleh a souligné dimanche qu’il ne s’agissait pas pour lui de remettre le pouvoir à des « agents de l’insurrection ».

« Nous allons nous en tenir strictement à la légalité constitutionnelle. Nous n’accepterons pas le ‘chaos constructif' », a-t-il dit. « A qui devrais-je remettre le pouvoir ? A des agents de l’insurrection ? ». Il a réaffirmé que des militants d’Al Qaïda étaient actifs parmi les unités de l’armée qui se sont ralliées aux manifestants.

L’opposition, emmenée par des partis islamistes et de gauche, était jugée faible en comparaison du parti au pouvoir jouissant d’importants financements, mais elle a réussi à réunir un grand nombre de manifestants.

Des dizaines d’entre eux ont été tués depuis le début, il y a près de trois mois, du mouvement inspiré des révolutions tunisienne et égyptienne.

Des observateurs estiment qu’un délai de trente jours entre la signature de l’accord et la démission effective de Saleh offre une fenêtre au cours de laquelle des troubles pourraient faire dérailler le plan de transition.

« Des chefs de tribus ou les fils du président ou d’autres dirigeants pourraient faire n’importe quoi, parce qu’ils seront les perdants de cet accord », note le politologue yéménite Ali Seif Hassan. « S’il n’y a pas de guerre civile, ils perdront. Mais s’il y a une guerre, ils pourraient l’emporter parce que ce sont eux qui mèneront le combat. »

Il s’agirait d’une perspective inquiétante pour Washington et l’Arabie saoudite voisine, qui redoutent qu’une plongée dans le chaos permette à la branche yéménite d’al Qaïda de s’enraciner encore plus profondément dans un pays contrôlant des voies maritimes stratégiques.

Des affrontements entre des partisans de Saleh et de manifestants ont éclaté à Tourbah, dans la province de Taïz, au sud de Sanaa. La police a ouvert le feu et trois manifestants ainsi qu’un partisan de Saleh ont été blessés, ont rapporté des habitants.

La crise a entraîné un quadruplement du prix des bonbonnes de gaz. La devise s’échange désormais à 243 pour un dollar, contre 214 pour un dollar il y a neuf semaines.

« Plus cela se prolonge, plus l’économie se dégrade. Plus l’économie se détériore, plus vous verrez de gens dans la rue, mais on ne peut dire de quel côté ils seront », observe Gregory Johnsen, un spécialiste du Yémen.

Des rassemblements pro-Saleh ont de leur côté réuni des dizaines de milliers de partisans. Le président a aussi conservé le soutien de la plupart des unités militaires, dont beaucoup sont dirigées par des proches.

Son fils dirige la garde républicaine qui a ouvert le feu dimanche dans le district de Had, dans la province méridionale de Lahej. Selon des habitants, il s’agissait de représailles à l’attaque de gardes républicains par des membres de tribus. Six personnes, dont trois militaires, ont été tuées dans les affrontements qui ont suivi.

Saleh a affirmé dimanche à la BBC qu’al Qaïda était actif au sein des manifestants. Il a souvent fait valoir que les manifestations servaient les intérêts d’al Qaïda, mais l’opposition, dont le parti islamiste Islah constitue la première composante, affirme être mieux placée pour combattre l’extrémisme.

Le scepticisme règne aussi au sein de l’opposition, qui a officiellement salué le plan élaboré par les six membres du Conseil de coopération du Golfe. Il prévoit que Saleh forme un nouveau gouvernement dirigé par un membre de l’opposition de son choix avant de transférer le pouvoir à son vice-président dans un délai de trente jours.

L’opposition a annoncé qu’elle ne ferait pas partie de ce gouvernement.

« Nous craignons de participer au gouvernement et qu’ensuite le président n’honore pas sa promesse de démissionner au bout de 30 jours. L’homme est bien connu pour ne pas respecter ses engagements« , a déclaré un dirigeant de l’opposition.

Ces dernières années, Saleh est revenu à deux reprises sur des promesses de ne pas briguer de nouveau mandat.

Des responsables des deux camps ont dit avoir été à deux doigts, le mois dernier, d’un accord de transfert du pouvoir qui a capoté, apparemment parce qu’il ne prévoyait pas de garantir l’immunité à la famille du président.

« Il y a encore un mois jusqu’à la démission du président et nous nous attendons à tout moment à ce qu’il change d’avis », déclare Mohammed Charafi, un militant. « Nous ne partirons pas (…) tant que Saleh ne sera pas parti et que nous ayons atteint notre objectif de mise en place d’un Etat fédéral moderne. »

Aux termes du plan du Conseil de coopération du Golfe, Saleh, sa famille et ses collaborateurs obtiendraient l’immunité. L’opposition l’a accepté mais le faire admettre aux manifestants, qui exigent que les auteurs de la répression soient jugés, risque d’être une tâche difficile.

______________________________ 1 – AP

Les manifestations se poursuivent au Yemen

Des milliers de manifestants sont de nouveau descendus dans les rues dimanche dans la capitale Sanaa, malgré l’annonce la veille par la télévision d’Etat que le président Ali Abdallah Saleh acceptait de quitter le pouvoir.

Contesté par la rue depuis plus de deux mois, le président Saleh au pouvoir depuis 32 ans a accepté samedi le plan de sortie de crise proposé par le Conseil de coopération du Golfe (CCG), prévoyant son départ d’ici un mois en échange de l’immunité judiciaire.

Selon la télévision d’Etat, l’opposition qui réclame son départ immédiat a également accepté la proposition des médiateurs du Golfe, mais avec des réserves. Elle critique un article donnant au Parlement, contrôlé par le parti du chef de l’Etat, le droit de rejeter la démission du président.

Les manifestations se sont poursuivies dimanche, rassemblant notamment plusieurs milliers de personnes à Sanaa.