29/05/11 (B606) Communiqué de presse du PND, sous la signature de son Président fondateur (Aden Robleh), qui nous a été transmis par un correspondant. Nous pensons, sans en avoir la certitude à l’heure de le publier, que ce communiqué est authentique.

COMMUNIQUE DE PRESSE

PARTI – NATIONAL – DEMOCRATIQUE – Représentation Europe –

Le Parti National Démocratique vient de faire l’objet d’un clônage, pratique bien connue du régime djiboutien. Elle a été utilisée dans le passé contre plusieurs partis d’opposition dont le PND et consiste à remplacer les membres dirigeants d’un parti par des militants du parti au pouvoir, le RPP lors d’un « Congrés extraordinaire » organisé par ce dernier.

Nous condamnons sans réserve cet acte antidémocratique que nous considérons comme nul et non avenu.

Veuillez trouver ci-dessous deux documents du Président du PND relatant ces évènements ainsi que les crimes et actes de torture utilisés par le régime actuel contre les militants du PND et de l’opposition djiboutienne :

____________________ 1°) Une supercherie grotesque

Le dictateur Ismaïl Omar Guelleh, vient de commettre à la face du peupledjiboutien et du monde une mise en scène invraisemblable.

Il a réuni dans un grand hôtel de la place quelques dizaines de membres de son parti – le rassemblement populaire pour le progrès (RPP) – avec la mission de se transformer en « congrès extraordinaire du parti National Démocratique ».

L’objectif était d’imposer un autre président au Parti National Démocratique.

C’est un jeune choisi par le régime ; ce garçon remplit deux conditions chères au dictateur : tribalisme et délinquance.

1°) Il se trouve qu’il appartient à mon sous-clan tribal ;

2°) c’est un délinquant puisqu’il a imité ma signature et usurpé mon chéquier, ce qui lui a permis de tirer de mon compte bancaire une somme de neuf cent mille francs djibouti. Il a commis ce vol grave en 2005 alors qu’il était mon chauffeur personnel.

C’est en ce moment-la que je l’avais congédié tout en portant une plainte devant la justice.

Il a été emprisonné quelques mois mais son affaire est jusqu’à aujourd’hui en appel.

Ces dernières années il était chauffeur de bus. Ce garçon n’est pas un adhérent du PND. Je l’avais recruté comme chauffeur personnel par solidarité compte tenu de la misère dans laquelle vivait sa famille notamment la longue maladie qui a emporté son père, il y a de cela plusieurs années.

En portant son choix sur ce garçon, le dictateur pense illusoirement que le parti pourrait tomber dans les mains de quelqu’un qui appartient à mon sous-clan.

Au grand dam du dictateur je dis solennellement que le PND n’est pas un parti fondé sur le clanisme tribal. C’est un parti qui a pour but de regrouper toutes les communautés qui appartiennent à cette terre depuis des millénaires. La très grande audience du PND qui fait tant trembler le dictateur trouve son essence dans ces bases.

Le dictateur doit savoir que l’on ne peut tuer le Parti National Démocratique.

Même au cas où il parviendrait à m’assassiner comme il le projette la doctrine du PND me survivra. Les gens que vous avez réuni à Sheraton hôtel ne comprenaient qu’une seule personne ayant appartenu au PND ; il s’agit de M. Dabaleh qui assumait le titre de vice-président avant de quitter ce parti il y a 9 mois.

J’ai eu le coeur serré lorsque cet homme m’a parlé du dilemme auquel il était confronté. Il était venu me voir chez moi un soir et il m’avait dit ceci que je rapporte textuellement :

« M. le président, je vous respecte très « fortement, et j’ai une grande estime et considération pour le PND ; je ne peux pas « poursuivre le chemin avec vous car je suis terriblement menacé par le régime ; des gens « très proches du régime sont venus me voir et m’ont dit : vous « devez choisir entre deux solutions :

– ou vous restez au PND et dans ce cas vous serez licencié de votre travail et vous risquez d’être jeté en « prison ;


ou vous le quittez en rejoignant le régime, auquel cas vous « serez immédiatement nommé chef de service tout en obtenant une bonne somme « d’argent.

M. Dabaleh a ajouté en tremblant : tout le monde n’est pas courageux comme vous ; ils ont tellement peur de vous qu’ils peuvent vous assassiner, ce régime est vraiment sanguinaire comme vous avez dit».

Fin de citation.

Je lui ai répondu : "sans rancune, je comprends votre situation".

Le RPP ne peut désigner le Président du Parti National Démocratique et sa direction. Le PND, un des deux premiers partis avec le PRD à être légalisés, demeure libre et indépendant. Il n’est pas l’allié de l’alliance au pouvoir. Le PND est ancré dans l’opposition.

Le Parti National Démocratique (PND) compte des dizaines de milliers d’adhérents et de sympathisants. En tant que Président fondateur je demande à tous les adhérents de poursuivre le combat pour la démocratie. Je vous demande de considérer les mascarades et les mises en scène du régime dictatorial comme nul et non avenu.

Militantes et militants continuez votre combat avec votre volonté et courage légendaires. Souvenons-nous que les 84 militantes et militants torturés atrocement sous les ordres directs du dictateur et son épouse n’ont jamais accepté de se plier.

Le combat continue, Incha’allah.
Djibouti le 28 mai 2011

ADEN ROBLEH AWALEH
Président du PND

_____________________________ 2°) Actes de tortures

Je suis placé en résidence surveillée. Cette mesure est appliquée à mes résidences – la principale située à la cité de l’aviation (capitale) et celle, secondaire, sise à mon jardin d’Ambouli.

Vingt policiers et gendarmes se relaient toutes les vingt-quatre heures aux environs de ces deux résidences sans pénétrer dans celles-ci. Ils observent de loin toutes les personnes qui y entrent sans les en dissuader. Ils attendent que les visiteurs sortent des résidences et les suivent jusqu’à deux cent mètres environ pour les arrêter avec des mitraillettes et les menottent pour les embarquer dans des véhicules.

La surveillance dont il s’agit a commencé six mois avant le scrutin présidentiel du 8 avril 2011. Aucun document de quelque nature que ce soit ne fait état de cette situation restrictive de ma liberté de citoyen et d’homme politique. Je suis, en fait, placé en résidence surveillée qui ne dit pas son nom.

Les arrestations ne visent ni moi-même, ni mon épouse et nos enfants, ni nos frères et soeurs. Lorsque je rentre et sors de mes résidences ces policiers et gendarmes habillés en civil se dissimulent derrière des pâtés de maisons ou des arbres, certainement pour ne pas que je les identifie.

Il apparaît que l’alliance au pouvoir se soient senti « désemparée » par la position très critique qu’avait adoptée le Parti National Démocratique (PND) pendant la campagne électorale présidentielle.

Jusqu’à ce jour 84 personnes ont été arrêtées et emprisonnées durant un temps variant entre 15 et 30 jours. L’ensemble de ces 84 personnes sont des adhérents du PND, une grande partie étant membres des instances dirigeantes (Conseil National, sections, commissions, etc..).

Toutes ces personnes, sans exception, doivent répondre à deux questions :
pourquoi adhérez-vous au PND ? A quel clan tribal appartenez-vous ?

Après ces questions ils subissent les tortures de ce genre :

– déshabillement du prisonnier,
– chaîne métallique liant la main et le pied gauches,
– brutalités extrêmes (coud de pieds, coups de poing, coups de gourdin, etc..etc..) n’épargnant aucune partie du corps,
– serviette arrosée d’eau couvrant la figure en vue d’étouffer,
– nourriture journalière :150 grammes de pain et un peu de thé contenu dans une petite boîte métallique.

Ce calvaire dure trois jours consécutifs et commence dès l’arrivée en cellule du prisonnier. Il reprend une semaine après si le détenu n’accède pas aux injonctions des tortionnaires.

Les injonctions consistent à faire admettre qu’il quittera le PND en condamnant vigoureusement la position du président de ce parti et en promettant de rejoindre le RPP.

Le détenu doit signer une papier dans ce sens. En s’engageant de la sorte il aura également une grosse somme d’argent et un « travail bien rémunéré ». Personne n’a signé un tel papier.

Chacun a réaffirmé son soutien au président du PND, parti menant le combat pour la démocratie.

Les 84 membres du PND qui sont passés par ce traitement ont refusé les injonctions des tortionnaires. La grande majorité d’entre deux sont libérés à présent mais les arrestations continuent parmi d’autres adhérents du PND.

Malheureusement une dizaine de ces martyrs sont décédés à la suite des graves blessures subies (côtes cassées, reins bloqués, poumons et mâchoires traumatisés etc..) et ce après retour dans leurs foyers.

Cela se passe en République de Djibouti. La dénonciation du dictateur sanguinaire se vérifie clairement.

Les victimes de ces terribles tortures connaissent l’identité des tortionnaires. Les plus en vue dans ce mécanisme sont deux colonels, deux commandants, trois capitaines et une quinzaine de sous officiers et de soldats de rang.

Je ne peux pas ne pas faire connaître ces crimes au peuple djiboutien et aux organisations internationales des droits de l’homme. Il s’agit réellement de crimes contre l’humanité qui se définit comme suit : « Un crime contre l’humanité est une « violation délibérée et ignominieuse des droits fondamentaux d’un individu ou d’un « groupe d’individus inspirée par des motifs politiques ou ethniques »

Du côté des exécutants des tortures les langues se délient ; certains d’entre eux semblent saisis d’un certain remord : ils font état, mais avec discrétion, trois préoccupations :

a) pourquoi le couple présidentiel nourrit-il une haine aussi tenace à l’égard du PND ?

b) pourquoi tous ceux qui sont arrêtés et torturés appartiennent-ils à certains clans ?

c) pourquoi refuser aux citoyens la liberté d’aller où ils veulent ?

Je ne peux pas donner ici la liste de noms des personnes victimes de ces tortures car je ne doute pas qu’ils risqueront de se faire assassiner. Le Parti National Démocratique adressera ladite liste à la Commission des Nations Unies pour les droits de l’homme sise à Genève, en Suisse. Il saisira également le procureur de la Cour Pénale Internationale (CPI). Le PND demandera à ces instances de mener une enquête en République de Djibouti pour prendre connaissance de ces crimes et lancer des sanctions à l’encontre des auteurs et commanditaires.

Le Parti National Démocratique ne stoppera cette procédure que si les dirigeants de ce pays présentent des excuses en bonne et due forme au Parti National Démocratique et mettent fin aux attaques éhontées et illégales dont ce parti fait l’objet, mais aussi en indemnisant les personnes victimes des crimes en question pour le préjudice physique et moral subi !

Djibouti, le 28 Mai 2011

ADEN ROBLEH AWALEH
Président du PND