Alors que le génocide des Tutsi du Rwanda est déjà au coeur de l’actualité judiciaire et médiatique française cette semaine, un procès en diffamation opposant un colonel de gendarmerie ayant servi au Rwanda à un blogueur militant pour la vérité sur l’implication de la France aura lieu ce vendredi 29 juin à Nîmes.

Paris, le 28 juin 2018.

Demain aura lieu le procès en diffamation intenté à Emmanuel Cattier par le colonel Robardey, suite à un commentaire posté sur un blog d’abonné à Mediapart [1]. Le colonel Robardey n’est pas seulement un officier de gendarmerie qui a servi au Rwanda de 1990 à 1993, dans un contexte de préparation du génocide : il est aujourd’hui un défenseur actif (par ses déclarations et ses écrits) du rôle prétendument vertueux que la France aurait joué au Rwanda avant et pendant le génocide des Tutsi ; il a même témoigné en faveur du premier Rwandais poursuivi en France pour génocide, Pascal Simbikangwa, condamné en première instance puis en appel [2] (condamnation validée le 24 mai dernier par la Cour de cassation [3]). Le procès de ce vendredi, pour lequel Emmanuel Cattier a déposé une offre de preuve très complète sur le fond, pourrait donc être l’occasion mieux comprendre ce qu’a pu être le rôle d’un militaire français au Rwanda au moment où la mécanique génocidaire s’est mise en place.

Hasard du calendrier judiciaire, ce procès intervient au moment du 24ème anniversaire des "trois jours de Bisesero": les militaires français de l’opération Turquoise sont accusés d’avoir sciemment abandonné des milliers de Tutsi aux génocidaires du 27 au 30 juin 1994 [4]. Cet anniversaire intervient dans un contexte de nouvelles révélations sur la complicité des autorités politiques et militaires françaises avec le régime génocidaire rwandais [5], et alors que se poursuit le procès en appel à Paris de deux bourgmestres rwandais poursuivis pour génocide [6].

L’association Survie sera présente à l’audience, pour soutenir Emmanuel Cattier dans son combat opiniâtre et courageux pour la vérité sur l’implication de la France dans le génocide des Tutsi. Nous partageons en effet avec lui depuis près de 25 ans de multiples batailles contre les négationnistes et tous ceux qui constituent des obstacles à la manifestation de cette vérité par leurs écrits, leurs agissements, manipulations diverses et autres manœuvres judiciaires aux frais des contribuables.

Contact presse (et sur place à Nîmes) :
 Thomas Borrel – (+33)6 52 21 15 61 – thomas@survie.org

Notes :
[1] voir « La justice à l’ombre des arènes de Nîmes », sur le site http://cec.rwanda.free.fr
[2] voir nos articles sur les procès en 1ère instance en 2014 et en appel fin 2016.
[3] Voir « Première condamnation définitive d’un génocidaire », Billets d’Afrique n°278, juin 2018
[4] A ce sujet, voir le communiqué commun de Survie, la FIDH et la LDH le 16 novembre 2017, « Opération Turquoise / massacre de Bisesero : la justice refuse d’auditionner les plus hauts responsables militaires français »
[5] Voir Laurent Larcher, « Rwanda : un nouveau témoignage sur l’opération "Turquoise" », La Croix, 25 juin 2018 
[6] Voir « Procès en appel de deux présumés génocidaires rwandais, du 2 mai au 6 juillet 2018 », Survie, 2 mai 2018