05/05/2019 (Brève 1383) Le magistrat financier Tournaire épinglé par la LDH (Afrique-Asie)

Publié par: Jacques-Marie Bourget
Lien avec l’article original : http://www.afrique-asie.fr/le-magistrat-financier-tournaire-epingle-par-la-ldh/

Dans un article écrit avec une brosse à reluire, c’est dire s’il est au poil, on a pu lire dans Le Monde -sous la « plume » de Philippe Ridet– un portrait du juge Serge Tournaire, la star invisible du Parquet National Financier(PNF), son imam caché.

On sait seulement, qu’engagé à rebours sur le chemin d’Adolphe Thiers, ce trotteur en Nike a relié Paris à Versailles en 1 heure et 17 minutes.Cette nature de sportif, et de magistrat de fonds, a un inconvénient. Ne craignant pas le froid les magistrats à forte santé ont tendance à travailler les fenêtres ouvertes. Et, vous n’allez pas me croire, c’est un risque pour la préservation du secret de l’instruction : il suffit qu’un courant d’air se lève pour que les procès-verbaux s’envolent.

Risquant une fois étalés sur le trottoir de tomber entre les mains « d’investigateurs de presse », des plumes de lois, la race nouvelle d’informateurs photocopistes. Qui peuvent alors se saisir fautivement de la lourde besogne du magistrat pour la coller dans le journal. Et là ils peuvent enfin se dire « journalistes ».

Pour en revenir à Tournaire, courant février (c’est le cas de le dire) il est étonnant qu’un juge aussi véloce ne se soit pas propulsé jusqu’au 138 rue Marcadet, dans le XVIIIe de Paris. Il aurait pu assister à la conférence de presse donnée par la Ligue des Droits de l’Homme (LDH), dont il a été le héros en négatif.

++ De quoi s’agissait-il ? Oh pas grand-chose.
Rien que de la scandaleuse incrimination d’un homme, Mohamed Kadamy, 68 ans. Un opposant djiboutien réfugié politique en France depuis 2006 que Tournaire a mis en examen pour « terrorisme ». La Ligue des Droits de l’Homme, alors qu’elle n’intervient jamais dans des combats politiquesmais seulement face aux entorses faites aux droits de l’homme, affirme que Tournaire a abusivement maltraité Kadamy.

Le juge d’instruction du PNF, théoriquement spécialisé dans la chasse aux délinquants fiscaux, sans qu’on sache qui lui a commandé de la faire, s’est mis subitement à exécuter, contre Kadamy, une Commission Rogatoire Internationale (CRI) venue de Djibouti. Qui accuse son citoyen d’avoir revendiqué l’incendie de trois voitures privées utilisées comme transports de troupe dans le désert de la Corne d’Afrique.

Heureux hasard, l’impitoyable Tournaire, toujours à la poursuite de son diamant vert –le financement libyen de la campagne de Sarkozy- est convaincu de trouver sa pierre sans achoppement là-bas àDjibouti ; où vit dans une retraite tranquille Wahib Nacer, ancien haut cadre du Crédit Agricole de Genève. Aux yeux de la LDH et à ceux de Bérenger Tourné, l’avocat du malheureux djiboutien, l’échange de mauvais procédés parait simple : j’exécute la CRI qui vise Kadamy et la justice du petit pays africain me facilite l’accès à Wahib Nacer l’homme qui détient le secret de l’inaccessible diamant vert Libye.

Hop, en un aller et retour de clavier, et le « terroriste » est mis en examen pour« complicité »,  « par instigation des crimes d’atteinte à l’intégrité des personnes, de séquestration, de détournement de moyens de transport, d’extorsion et de destruction par l’effet d’un incendie de biens publics et privés, entreprise dont le but était de troubler gravement l’ordre public par la terreur ».Tant pis si, au passage contrairement au droit, l’adresse de Kadamy en France est donnée à ceux qui le poursuivent.

L’encre des PV à peine sèche, le juge du PNF, accompagné d’une escorte –ce qui coûte une fortune- est à Djibouti. Il entend WahibNacer qui, hélas, n’étaye pas le scénario construit par les magistrats du PNF et leur relais de « Médiapart ».  Questionné le retraité ne fait qu’administrer au juge un cours de droit bancaire que le magistrataurait pu suivre à HEC. Jouy-en-Josas c’est moins loin, plus rapide et moins cher.

Pressé de boucler son dossier, puisqu’il est muté en juin, alors que tout le Palais de justice sait qu’il a peu de chance de jamais être présenté devant un tribunal, Tournaire est passé en mode sprint pour clore son instruction. Il y a quelques jours il a foncé, non pas au bout du monde, mais à Saint Etienne où un réfugier libyen lui promettait des « révélations » capitales. Hélas son dossier n’était que fausse monnaie.

Avec Alexandre Djouhri, au départ victime collatérale du financement de la campagne de Sarko, mais bloqué, déclaré faussement « en fuite » en Angleterre depuis plus d’un an  par la grâce d’un mandat d’arrêt aussi légal qu’un croche pied sur un terrain de foot (ses défenseurs utilisent les mots de « vrai-faux mandat »)… Avec ces millions versés par Kadhafi à Sarko, mais dont on ne trouve pas trace, le juge Tournaire est lancé dans une course où il ne peut plus se contenter d’être marathonien, mais Ussain Bolt.