14/10/2022 (Brève 2113) Jeune Afrique – Djibouti : ce qu’il s’est réellement passé lors de l’attaque contre l’armée

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Le 7 octobre, une centaine de rebelles a mené l’assaut contre des militaires djiboutiens stationnés à un poste-frontière, faisant sept morts et quatre blessés.

13 octobre 2022 à 16:26 Par Olivier Caslin

C’est avec surprise et consternation que Djibouti s’est levé au matin du 7 octobre, en apprenant qu’une attaque menée depuis le territoire éthiopien avait provoqué dans la nuit sept morts et quatre blessés au sein de l’armée djiboutienne. L’assaut a été déclenché vers 2h du matin par une centaine de rebelles, membres de la branche armée du Front pour la restauration de l’unité et la démocratie (Frud). Créé en 1991, ce mouvement continue de mener des actions armées dans le nord du pays au nom de la communauté afar, malgré l’accord de paix signé en 2001.

Il a d’ailleurs rapidement revendiqué cette opération par l’intermédiaire de son chef politique Mohamed Kadamy, réfugié en France, où il a obtenu le statut de réfugié politique en 2006. Dans un communiqué, ce dernier confirme, qu’en plus des pertes infligées, ses hommes ont quitté le terrain en bon ordre, emmenant avec eux six prisonniers – ce qu’a confirmé le gouvernement djiboutien.

++ Grenades et kalashnikov
Selon nos sources, l’attaque a eu lieu à Garabtisan, située à six kilomètres de la frontière éthiopienne, à proximité du lac Assal. La trentaine de soldats affectés à ce poste-frontière a d’abord fait l’objet de jets de grenades, avant de subir des tirs nourris de kalashnikov. L’opération a duré environ une heure, avant que l’arrivée de renforts ne fasse battre en retraite les combattants du Frud, composés en grande majorité d’Afars érythréens et éthiopiens. Leur chef militaire, Abdelkader Aden Redo, est d’ailleurs de nationalité éthiopienne.

Toujours selon nos sources, cet assaut d’envergure, le premier depuis 2015, semble avoir été préparé dans le camp d’entraînement du Frud en Érythrée, à une quarantaine de kilomètres de la frontière. Il est survenu alors que le gouvernement djiboutien était en séminaire dans la ville de Tadjourah, soit à une centaine de kilomètres du lieu de l’accrochage.

++ Mandats d’arrêts internationaux
Le gouvernement djiboutien a très vite réagi, puisque la deuxième session ordinaire du Parlement s’est ouverte le 13 octobre, avec à l’ordre du jour la qualification du Frud en tant qu’organisation terroriste. Une première pour Djibouti qui, en créant pour l’occasion cette loi, appuyée sur la résolution 13-73 adoptée par les Nations unies le 28 septembre 2001, dispose dorénavant de la possibilité d’émettre via Interpol des mandats d’arrêts internationaux envers les différents responsables de l’organisation armée.

Ce que le gouvernement djiboutien compte bien faire, « où qu’ils se trouvent », pour reprendre l’expression d’un haut responsable sécuritaire du pays. À commencer peut-être par Mohamed Kadamy, dont le président djiboutien Ismaïl Omar Guelleh demande depuis longtemps l’extradition à la France.