02/01/2024 (Brève 2336) LE MONDE (avec AFP) : Accès à la mer Rouge : l’accord entre l’Ethiopie et le Somaliland sur le port de Berbera irrite la Somalie

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Mogadiscio dénonce « une violation flagrante » de sa souveraineté sur un territoire séparatiste non reconnu par la communauté internationale.

Le Monde avec AFP
Publié aujourd’hui à 10p6, modifié à 11h18 – Temps de Lecture 2 min.

La Somalie défendra son territoire par « tous les moyens légaux » et a rappelé son ambassadeur en Ethiopie au lendemain de l’annonce d’un accord entre Addis-Abeba et le Somaliland lui permettant un accès à la mer via Rouge un port situé sur le territoire de cette région séparatiste de Somalie. Mogadiscio doit tenir, mardi 2 janvier, une réunion d’urgence.

L’accord surprise a été signé alors que la Somalie et le Somaliland avaient accepté la semaine dernière de reprendre leurs négociations pour résoudre les questions en suspens, après des années de tensions politiques et de blocage.

En point rouge, le port de Berbera, au Somaliland, région de Somalie qui a déclaré son indépendance et n’est pas reconnue par la communauté internationale.

L’accord entre l’Ethiopie et la République autoproclamée du Somaliland – née de la sécession d’avec Mogadiscio en 1991 et qui n’est pas reconnue par la communauté internationale – « ouvrira la voie à la réalisation de l’aspiration de l’Ethiopie à sécuriser son accès à la mer et à diversifier son accès aux ports maritimes », a affirmé, lundi, un communiqué des services du premier ministre éthiopien Abiy Ahmed sur X.

Il permet à l’Ethiopie d’acquérir une part non précisée du port de Berbera, au bord de la mer Rouge, quelques mois après les déclarations d’Abiy Ahmed affirmant que son pays devait conforter son droit à l’accès à cette mer, ce qui avait suscité des inquiétudes dans la région.

++ « Stabilité régionale en péril »

En réaction, le gouvernement somalien « convoquera une réunion d’urgence mardi pour discuter et prendre des décisions concernant l’accord conclu par l’administration du Somaliland, région du nord du pays, et l’Ethiopie », a annoncé sur X la télévision d’Etat somalienne, SNTV.

Il n’y a pas eu de réaction immédiate de la part du président Hassan Cheikh Mohamoud, mais son prédécesseur Mohammed Abdullahi Mohamed, dit « Farmajo », a déclaré sur X qu’il s’agissait d’une « sérieuse préoccupation pour la Somalie et l’ensemble de l’Afrique ». Berbera est un port africain sur la côte méridionale du golfe d’Aden, à l’entrée de la mer Rouge qui mène au canal de Suez.

« Les actions du gouvernement éthiopien constituent aujourd’hui un mépris flagrant des normes et des cadres juridiques internationaux, représentant une violation flagrante de la souveraineté territoriale somalienne », a critiqué lundi sur X le représentant spécial du président somalien pour le Somaliland, Abdikarim Hussein Guled, dénonçant également un « acte unilatéral qui met en péril la stabilité régionale ».

Le conseiller à la sécurité nationale du premier ministre éthiopien, Redwan Hussein, avait précisé lundi que l’Ethiopie aurait accès à une base militaire louée sur la mer Rouge dans le cadre de l’accord.

++ Echanges commerciaux

Ancien territoire britannique, le Somaliland a unilatéralement déclaré en 1991 son indépendance de la Somalie, alors que ce pays plongeait dans un chaos dont il n’est toujours pas sorti. S’il dispose de ses propres institutions et bat monnaie, le Somaliland, qui compte 4,5 millions d’habitants, n’a jamais vu son indépendance reconnue par la communauté internationale.

Les autorités somaliennes et la région séparatiste du Somaliland avaient annoncé la semaine dernière des pourparlers sous la médiation du président djiboutien Ismaël Omar Guelleh, les premiers de ce genre depuis l’échec des dernières discussions en 2020.

En 2018, Addis-Abeba avait déjà acquis 19 % du port de Berbera, selon DP World, une société qui gère les opérations de ce port du Somaliland. Elle en détient 51 %, et le Somaliland possède les 30 % restants.