17/02/2019 (Brève 1297) Le troc étrange d’un réfugié politique contre un tapis rouge à Djibouti (Afrique-Asie)
/dans Afrique Asie, justice, Kadamy, Tournaire /par jlschaal09/06/2017 (Brève 994) Quarante ans après lindépendance, le pays est à la croisée des chemins. Continuer ou rompre la dictature (Tribune signée par Mohamed Kadamy pour Afrique-Asie)
/dans Afrique Asie, Droits humains /par jlschaalNouvel eldorado pour les grandes puissances, Djibouti, ancienne colonie française, indépendante depuis juin 1977, est devenu depuis la guerre au Yémen un enjeu régional. Située entre lErythrée, l’Ethiopie et la Somalie, au carrefour de l’Arabie et de l’Afrique, sur les rives de la Mer Rouge, Djibouti a une position de verrou de cette ligne maritime si importante pour la vie économique internationale. Elle en tire une réelle valeur stratégique et géopolitique, ainsi quune rente conséquente. Ce qui explique qu’elle accueille plusieurs milliers de soldats occidentaux, français, américains et japonais, ainsi quune base chinoise en construction. Les Saoudiens souhaitent sinstaller près de Babel Mandab, ce qui irrite fortement les égyptiens. Les Chinois ont commencé à débarquer avec armes et bagages y compris avec des chalutiers pour razzier les poissons, inquiétant Américains et Indiens et suscitant la colère des pêcheurs djiboutiens.
À linstar des autres Etats africains, la violence a surgi au cur du système du parti unique, la répression devenant un mode privilégié pour régler les différends politiques et étouffer toute forme de résistance. Les assassinats, massacres, arrestations et détentions arbitraires, tortures, et autres déchéances de la nationalité sont le terreau sur lequel ce régime a prospéré.
Si le pouvoir de Djibouti continue dans la même lancée, sur les mêmes orientations, cest le chaos à la somalienne qui se dessine.
À maintes reprises, la population djiboutienne a voulu tourner la page de ce régime sans y arriver. Après moult tentatives sans succès pour réformer ce pouvoir congénitalement violent, linsurrection armée dirigée par le Front pour la Restauration de lUnité et la Démocratie (Frud) est arrivée aux portes de la capitale. Le régime de Djibouti a été sauvé in extremis en février 1992 par linterposition des forces françaises.
Lélection présidentielle de 1999 a ensuite été loccasion pour le peuple de Djibouti de rejeter massivement Ismail Omar Guelleh, qui fut le chef de la sécurité de Hassan Gouled, en votant pour Moussa Ahmed éminente figure indépendantiste qui fut aussitôt emprisonné.
En 2003, ce sont les candidats du parti présidentiel aux élections législatives qui ont été battus par lopposition dirigée par Ahmed Dini. Dix ans après, Guelleh, a vu ses candidats aux législatives complètement laminés par lopposition réunie dans lUnion pour le salut national. Par deux fois, la magie des fraudes a fonctionné.
Le refus de se plier aux verdicts des urnes est une des marques de ce régime. Cela a permis à Guelleh de briguer un 4ème mandat en 2016 et de souvrir ainsi la voie à une présidence à vie. Mais cest au sein de son entourage, sentant lusure du pouvoir et une atmosphère de fin de règne, que les appétits saiguisent pour lui succéder.
++ LHorreur derrière la vitrine internationale
Lopposition politique qui a mis à nu le roitelet a été lobjet du tout répressif. Cest ce que Guelleh sait le mieux faire: emprisonner les dirigeants de lopposition. Malgré la proclamation du multipartisme, les partis de lopposition nont aucune existence légale, même lAlliance Républicaine pour le Développement, le principal parti de lOpposition dirigé par Ahmed Youssouf a été mis hors la loi. Cette répression a engendré la division et laffaiblissement de lopposition politique.
Dès lors, la principale cible du pouvoir reste le Frud, seule force à échapper au rouleau compresseur du régime qui a beaucoup de mal à le déloger de ses bastions. Cest la raison pour laquelle le pouvoir de Guelleh mène une véritable politique de la terre brûlée dans les provinces dites rebelles (Nord et Sud Ouest). Les populations de ces régions sont traitées en ennemi de lintérieur depuis 40 ans. Guelleh voudrait faire de leur territoire des terres vacantes et sans maître quil peut spolier, ou vendre comme il vient de le faire pour les îles Mousha. Larmée se comporte à légard des habitants de ces régions comme en territoire ennemi. Depuis le début du mois de mai, 250 personnes y ont été arrêtées et détenues au centre de rétention de Nagad. dans la capitale. Ouma Mohamed Deberkeleh, épouse dun cadre du Frud, en fait partie. Les viols des femmes par des soldats se poursuivent en toute impunité dans le triangle Margoïta, Syarou, Garabtissan, condamnés pour la première fois par le parlement européen en mai 2016. Le cas le plus emblématique est celui de Mohamed Ahmed Jabha, détenu depuis 7 ans malgré sa grave maladie).
En renforçant lunion de lopposition, au delà des des postures individuelles et des narcissismes de petites différences, nous pouvons changer la situation à Djibouti et tourner ainsi la page des ces 40années de dictature familiale.
03/01/2016 (Brève 600) Afrique Asie : un article du début 2015 à relire / “Omar Ali Ewado : Homme de paix et défenseur des droits de l’Homme depuis les années 1980” / Par : Adnan Hattem – Publié le : 16/02/15
/dans Afrique Asie, Balbala-2015 /par jlschaalLien avec l’article original : http://www.afrique-asie.fr/index.php?option=com_content&view=article&id=8867:omar-ali-ewado-homme-de-paix-et-defenseur-des-droits-de-l-homme-depuis-les-annees-1980&catid=11:actualite48&Itemid=100
Président de la ligue djboutienne des Droits de l’Homme (LDDH)
L’homme qui a lancé un appel sollenel à la paix en République de Djibouti le 24 septembre 2014 en tant que Président de la LDDH, Omar Ali Ewado est un illustre inconnu surtout parmi la nouvelle génération, parce qu’il n’est pas médiatisé.
Il estime que la République de Djibouti est en proie à une nouvelle guerre civile avec la reprise des hostilités entre les troupes gouvernementales et les forces du FRUD et considère que seule les négociations entre les bélligérants peuvent mettre fin aux tensions et hostiltés et aboutir à la paix.
Avec cet appel à la paix en République de Djibouti, le président de la LDDH, Omar Ali Ewado qui est aussi actuellement secrétaire général du syndicat des enseignants du 1er degré invite tous les protagonistes de la crise, ainsi que les pays qui soutiennent ce régime à être à la hauteur de leur responsabilité.
Il a souffert énormémement et personnellement ainsi que sa famille de la répression du régime dès 1979. Il a été aussi un des premiers défenseurs des droits de l’homme en dénonçant les tortures qu’il a subies lui même dans sa chair ainsi que ses codétenus de l’époque, lors du procès dit de Randa de 1981. Une vingtaine d’instituteurs, de cadres sociaux et de chômeurs djiboutiens d’origine afar ont comparu devant la Cour de Sureté dÉtat, accusés d’appartenance au Front Démocratique pour la Libération de Djibouti (FDLD, ancêtre du FRUD) et de participation à un mouvement insurrectionnel (à remarquer que le chef d’accusation n’a pas varié depuis lors). L’avocat français Maître Portehaut qui a été envoyé par le Centre d’Information sur Djibouti (CID), a été refoulé de Djibouti par les autorités de ce pays. Les accusés qui sont restés en détention durant 2 ans, sans accès aux soins et privés d’avocats, ont été défendus courageusement par leur codétenu Omar ali Ewado , qui, au nom de tous les accusés, a demandé entre autres qu’on instruise les procès des tortionnaires et qu’on libère toutes ces personnes arbitrairement détenues, uniquement pour leur appartenance à la communauté Afar. Parmi leurs tortionnaires, il y avait l’adjudant de la Gendarmerie Ali Aden dit Hod, qui n’est autre que le directeur actuel de la prison de Gabode. Le plaidoyer d’Omar Ali Ewado, (âgé à l’époque de 21 ans) en faveur de la libération des détenus politiques et sa dénonciation des tortures avaient impressionné aussi bien l’auditoire que les juges.
Dès lors ses engagements en faveur des droits de l’homme et des libertés démocratiques ont été constants et n’ont souffert aucun répit . Il est resté fidèle à ses convictions contre vents et marées, et en dépit de pressions multiples, ce qui est très rare sous cette latitude pour être souligné. Il a payé cher ses engagements , sa famille n’a pas été épargnée: son frère a été assassiné, plusieurs membres de sa famille ont été exécutés au Day en 1994, dont les corps ont été découverts en 2007 à 500 m de la résidence secondaire du Chef de lÉtat. La révélation de ce charnier et la dénonciation de ce crime avaient valu à Abdi JP Noël , président de la LDDH la prison.
Très engagé dans le syndicat des enseignants, Omar Ali Ewado a avec d’autres militants crée en 1999 la LDDH, il a été actif en recueillant des informations surtout en provenance des zones reculées du pays où il se déplaçait le plus souvent à pied (il a révélé entre autres l’empoisonnement par l’armée des 35 villageois à Daddato au nord d’Obock fin 1999). Il a travaillé plusieurs années en tant que vice-président avec JP Noël Abdi qui a dénoncé inlassablement les violations des droits de l’Homme.
Et c’est tout naturellement , après le décès du Président de la LDDH, survenu en avril 2012, le vice président Omar Ali Ewado a convoqué une assemblée générale des membres y compris maître Zakaria et ses 2 soutiens, qui fut reportée une première fois pour permettre à tous les membres de participer, et c’est lors de la réunion de cette assemblée en juin 2012 que le nouveau bureau a été élu, lequel a procédé à la désignation du nouveau président de la LDDH: Omar Ali Ewado
Malgré cette désignation en bonne et due forme, c’est à dire légitime et légale Omar Ali Ewado et son équipe ont tout fait pour trouver un terrain d’entente avec Maître Zakaria , mais en vain..Pour toute réponse, ce dernier s’est proclamé président de la LDDH. Il s’est prévalu du titre de l’avocat de JP Noël Abdi et a profité de ses contacts avec la FIDH pour se faire admettre comme Président de la LDDH. Mais force est de constater, qu’ il n’y a qu’une seule direction de la LDDH à Djibouti présidée par Omar Ali Ewado. Direction qui a d’ailleurs travaillé avec la FIDH au plus fort de la répression post électorale le 25, 26 février 2013.
Il ne fait aucun doute à Djibouti, que cette question de représentativité va rentrer dans l’ordre dès que Zakaria, qui a été élu député sur la liste de l’opposition USN va réintégrer le parlement. Ce qui effectif depuis le 6 janvier 2015.
En attendant, cette confusion créé par la décision de la FIDH, porte préjudice au travail formidable effectué en matière des droits humains par la direction présidée par Omar Ali Ewado.
Il est très important de saluer et de soutenir les activités de cette direction qui essaie avec des moyens modestes de dénoncer les violations des droits de l’homme en République de Djibouti.
08/03/2012 (B646) Aïnaché nous invite à reprendre un article d’Afrique-Asie.
/dans 3ème Mandat, Afrique Asie /par jlschaal_______________________________ Note de l’ARDHD
Nous publions cet article à la demande personnelle et amicale d’Aïnaché, qui s’est assuré, au préalable, de l’autorisation du support.
Certains nous avaient déjà signalé cet article, avec des avis et des commentaires partagés et parfois acides. Mais il ne faut rien exagérer car d’autres internautes l’ont apprécié, dans la mesure où il apporte des confirmations sur de nombreux points : l’humiliation de Dileita, les freins des organisations internationales pour apporter de nouvelles contributions financières, la situation des détenus qui sont torturés à Gabode, etc…
Il ne nous appartient pas de donner un jugement de quelque nature que ce soit et nous remercions la direction d’Afrique-Asie pour son aimable autorisation.
_______________________________ Afrique-Asie
Source : www.afrique-asie.fr / Mars 2012
Naufrage en vue
Djibouti Il a été (mal) réélu pour un troisième mandat en 2011. Pour quoi faire ?
Le président Guelleh poursuit sa (non) politique catastrophiste pour léconomie, tout en favorisant ses proches. Mais, alors que moult ministres quittent le navire et que la répression sintensifie, lopposition sorganise.
Par Hamesso Boroda
Depuis lélection présidentielle davril 2011, Ismael Omar Guelleh narrive pas à redresser la barre. Déjà, le scrutin avait été organisé au forceps face à lhostilité dune grande majorité de la population, y compris chez certains des partisans du président à un troisième mandat. Pour nombre de Djiboutiens, ce mandat est une voie royale pour la présidence à vie. Le régime avait pu juguler les manifestations toujours plus importantes des opposants avant les scrutins davril 2011 ; on assiste maintenant une descente vers le fond : le pouvoir a de plus en plus de difficulté à arrêter lhémorragie au sein de son propre camp, cest la débandade.
_ Exactions du pouvoir
Des partisans jusquici très en cour prennent peu à peu la poudre descampette. Le régime survit entouré dun petit cercle de fidèles, mais surtout grâce à la mainmise de lépouse du président, Khadra Mahmoud, épaulée par ses frères et ses cousins. Une situation qui rappelle celle des dernières années de lancien président de la Somalie, Siad Barré, avec les dérives de son épouse Kadidja ou de celle du Tunisien Ben Ali et de son épouse.
Deux anciens ministres de lIntérieur, Abdoulkader Doualé et Yacine Elmi Bouh, sont en dissidence active. Le premier sest rapproché des imams contestataires qui, ces derniers temps, font des prêches enflammés contre la corruption et les exactions du pouvoir. Le second sest adjoint les services des anciens fonctionnaires Khoumané
Mohamed (ex-trésorier général) et Amine Mohamed Roble (ex-secrétaire général de la présidence) et commence à prendre langue avec lopposition encore méfiante à son égard. Plus significative est léviction de Mohamed Ali Sahel, ancien ministre des Finances et ancien secrétaire général du Rassemblement populaire pour le progrès (RPP, parti unique), un des rares politiques qui était au pouvoir, sur le point de rejoindre lopposition. Comme si cette érosion nétait pas suffisante, le torchon brûle entre Guelleh et ses partenaires afars.
La tendance dissidente du Front pour la restauration de lunité et la démocratie (Frud) qui lavait rallié et soutenu dans son accession à la présidence a été cavalièrement mise à lécart du gouvernement. Les ministres de lAgriculture Ali Mohamed Daoud dit Jean-Marie, et de la Défense, Ougouré Kifleh Ahmad, respectivement président et secrétaire général du Frud, ont appris leur limogeage par la radio. Le premier ministre Dileyta Mohamed aurait présenté sa démission le 9 janvier 2012 au président Guelleh, qui laurait refusée.
Le premier ministre sest senti en effet humilié lorsque la première dame la empêché dentrer dans la résidence du président au Day, où a été inauguré un centre touristique. Le nouveau gouvernement formé après lélection nest pas mieux loti. Le ministre de lÉducation, Adawa Hassan, issu de la société civile, prenait au sérieux sa fonction : il avait établi un programme scolaire et des créations décoles dans les zones rurales, en particulier dans le Nord, en rupture avec les pratiques existant depuis trente-quatre ans. Il a été remercié au bout de cinq mois, en août 2011.
Les institutions économiques internationales et certains États investisseurs semblent avoir pris acte dune situation politique qui sent la fin de règne. Elles « lâchent » progressivement le président djiboutien, pourtant considéré jusquà lélection de 2011 comme le seul homme fort du pays.
LES INSTITUTIONS ÉCONOMIQUES INTERNATIONALES ET CERTAINS ÉTATS INVESTISSEURS « LÂCHENT » PROGRESSIVEMENT LE PRÉSIDENT
La Banque africaine de développement (Bad), dhabitude très discrète, a sévèrement jugé la défaillance de la gouvernance et la fragilité de lÉtat à Djibouti. Son document stratégie pays concernant la période 2011-2015 pointe léchec de la lutte contre la pauvreté, qui touche les trois quarts de la population, critique la concentration du pouvoir exécutif et labsence de lindépendance de la justice.
Le FMI lui a emboîté le pas dans un rapport du 10 au 24 octobre 2011 avec des formules à peine voilées. Il a gelé le programme de prêt pour 2012 en raison de dérapages constatés concernant le budget.
Le FMI stigmatise aussi le problème de détournement de fonds, par exemple en demandant des explications pour lachat du Boeing présidentiel. La situation économique est tellement dégradée que les salaires des fonctionnaires de juillet et daoût 2011 ont été avancés par la Banque mondiale.
Selon le rapport du FMI, elle a poussé lémirat de Dubaï à renoncer à poursuivre la plupart de ses grands projets dinvestissements à Djibouti. Cette détérioration est due en partie à lacharnement des autorités djiboutiennes contre lhomme daffaires et opposant Abdourahman Boreh, qui a joué un rôle important dans les relations avec Dubaï. Lhomme daffaires sest réfugié dans ce pays, qui a refusé de lextrader.
La situation ne manque pas dinquiéter les chancelleries occidentales, pour qui Djibouti reste une place stratégique importante, en particulier à cause de la piraterie sur les côtes somaliennes. Cest ainsi que les ambassadeurs de la France et des États-Unis à Djibouti ont rendu visite chacun de son côté, en août 2011, au président Guelleh. Ils lui auraient fait part de linquiétude de leur gouvernement respectif sur linsécurité dans la capitale, le renforcement du Frud au Nord, limpasse politique et les problèmes économiques qui sont autant dingrédients explosifs.
Dans ce champ de ruines, la nouvelle Coordination nationale pour la démocratie à Djibouti (CNDD), créée le 1er février 2012, apparaît à la fois comme un espoir et un pôle de stabilité de lopposition.
Autour de lui peuvent se rassembler dautres forces politiques, associatives et syndicales, susceptibles délaborer les conditions dune alternance crédible. Les forces qui sont à lorigine de la CNDD ont chacune fait preuve de continuité et de constance politique, un phénomène assez rare pour être souligné. Le Frud, organisation politicomilitaire créée en août 1991, na jamais plié, en dépit des dissensions et des dissidences, et bien que ses partisans aient payé un lourd tribut pour la lutte de la démocratie. Ils demeurent, du reste, la cible principale de la répression. Le Mouvement pour le renouveau démocratique (MRD) est, lui, toujours resté dans lopposition depuis sa création en
1992. Malgré sa dissolution décrétée sous un prétexte fantaisiste par le président de la République, en août 2008, il sest renforcé. La CNDD est en outre dirigée par des hommes expérimentés ayant échappé au rouleau compresseur de la longue dictature. Celle-ci a pourtant épuisé et broyé beaucoup de dirigeants. Le président de la CNDD, Mohamed Kadamy, est aussi vice-président de lAmicale panafricaine.
Cest un opposant historique, militant depuis plus de quarante ans, qui a connu la prison en raison de ses opinions. Le vice-président, Mohamed Moussa Aïnaché, est un des rares hauts fonctionnaires à avoir démissionné de la direction générale de la Radio Télévision Djibouti (RTD), pour protester contre les dérives autocratiques des nouvelles autorités dès 1977. Il ne sest jamais compromis avec le pouvoir. Le porte parole de la Coordination, Daher Ahmed Farah, président du Mouvement pour le renouveau démocratique et le développement (MRD), est directeur du journal Renouveau (interdit) et premier romancier djiboutien.
Arrestations arbitraires et tortures
À leur création, début février, les membres de la CNDD ont signé un appel condamnant « la politique du pouvoir répressif » du président Ismaël Omar Guelleh et la modification de la Constitution en avril 2010 pour lui permettre de « sarroger un troisième mandat présidentiel le 8 avril 2011 et souvrir la voie à une présidence à vie ». Ils ont « décidé de renforcer lunité de lopposition, de coordonnerleurs efforts et dintensifier les luttes pour le changement démocratique ».
Lobjectif de la CNDD est « linstauration dun État de droit et de démocratie », « le respect des libertés fondamentales », et « la formation dun gouvernement dunion nationale de transition » chargé de mettre en uvre les résolutions de la charte de transition notamment les réformes politiques, de la citoyenneté et de la sécurité et « la refonte des listes électorales ». Comme seule réponse, le pouvoir a entamé une politique de fuite en avant. WikiLeaks a révélé que le ministre des Affaires étrangères Mahmoud Ali accusait le sultan de Rahaïta, persona non grata à Djibouti, daider le Frud.
Il aurait aussi envoyé 800 soldats, choisis parmi les éléments hostiles à son autorité, en soutien au gouvernement fédéral de transition en Somalie. Une manière de se débarrasser des éléments dangereux. Il réprime aussi plus souvent quà son tour les civils au nord, accusés de soutien au Frud, et des militants politiques et de défenseurs de droits humains.
Les arrestations arbitraires et les tortures ont été dénoncées par la Fédération internationale pour la défense des droits de lhomme, lOrganisation mondiale contre la torture, et lObservatoire pour le respect des droits humains à Djibouti. Plusieurs prisonniers politiques croupissent en prison : Mohamed Abdillahi, Mohamed Jabha, Hassan Amine (défenseur des droits de lhomme), Indabuur Sans oublier le défenseur des droits de lhomme Farah Abadid, plusieurs fois arrêté et torturé.
07/11/2011 (B629) Afrique-Asie : Djibouti : arrestations et détentions arbitraires d’opposants
/dans Afrique Asie, Manif_fev02 /par jlschaalSix mois après lélection présidentielle qui a vu le président Omar Guelleh reconduit pour un troisième mandat après une élection-mascarade, le bilan de la répression post-électorale salourdit de semaines en semaines.
Ainsi, le 16 octobre dernier, plusieurs dizaines de jeunes diplômés chômeurs issus de lUniversité de Djibouti ont été interpellés lors dune manifestation à la Place Lagarde à Djibouti-ville appelant à une politique sociale demploi. Placés en garde à vue au centre de rétention de Nagad, 32 des jeunes interpellés ont été déférés devant la justice et placés aussitôt sous mandat de dépôt à la prison centrale de Gabode. Le verdict a été mis en délibéré et devrait intervenir dans les prochains jours.
« Le gouvernement djiboutien doit procéder à la libération immédiate de tous les jeunes et tous les prisonniers politiques qui sont actuellement emprisonnés à Djibouti. Le gouvernement à lobligation de se conformer aux engagements pris en matière de protection des droits humains » a déclaré Jean-Paul Noël Abdi, président de la LDDH.
Le 18 septembre 2011, quatre prisonniers politiques, MM.Hassan Amine, Ismaël Hassan Aden dit Madheedh, Ismaël Abdillahi Doualeh dit Sitiin et Abdi Osman dit Indabuur, ont entamé une grève de la faim pour protester contre leur arrestation et détention arbitraire depuis le 8 août, sous laccusation fallacieuse de « participation à une insurrection armée ».
M. Hassan Amine, qui est membre de la direction du Parti djiboutien pour le développement (PDD), a été arrêté à son domicile à Randa. Il serait en réalité poursuivi pour avoir rendu visite à des prisonniers politiques et avoir fourni des médicaments à Mohamed Ahmed dit Jabha, privé de soins ; pour avoir dénoncé des arrestations arbitraires et tortures de civils dans le Nord du pays ; et enfin pour avoir joué un rôle actif dans lorganisation de la manifestation de 18 février 2011. Ismaël Hassan Aden dit Madheedh, qui est militant du PND, serait poursuivi pour son rôle, très actif, dans la mobilisation pacifique contre le pouvoir.
Il aurait été torturé lors de sa détention par des gendarmes. Ismaël Abdillahi Doualeh dit Sitiin, distribuait le seul journal dopposition, La République, journal du parti PND dAden Robleh Awaleh. Il était constamment harcelé par la police et aurait été torturé à la Section de Recherche et de Documentation (SRD). Abdi Osman dit Indhabuur, cadre de lUnion pour la Démocratie et la Justice (UDJ), a été arrêté en février 2011 à la suite de la grande manifestation,en raison de son rôle dans cette mobilisation. Il aurait lui aussi été torturé par des agents de la gendarmerie.
Depuis les grandes manifestations de février 2011 critiquant les manipulations constitutionnelles permettant au président sortant de briguer un troisième mandat et appelant à plus de liberté, la prison de Gabode et les geôles du régime ne désemplissent pas : opposants, défenseurs des droits de lHomme, syndicalistes et autres citoyens ordinaires sont arbitrairement arrêtés, jetés en détention et souvent torturés. Outre les 4 grévistes de la faim, la prison centrale de Gabode, est le lieu de détention dune vingtaine de prisonniers politiques tels que :
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Mohamed Ahmed Abdillahi, frère de lopposant Mahdi Ahmed Abdillahi (mort le 14 avril 2009 à la prison centrale de Gabode), interpelé en mars 2009 à Djibouti-ville torturé et condamné à 5 ans de prison en juin 2010 ;
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Mohamed Hassan Robleh, militant du Mouvement pour le renouveau Démocratique (MRD), et Adan Mahamoud Awaleh, interpellés le 25 février 2011 à Djibouti-ville et torturés ;
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Hamoud Elmi Ahmed dit Gedaleh, militant de lUnion pour la démocratie et la Justice (UDJ), interpellé en février 2011 et torturé ;
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Mohamed Ahmed dit Jabha du Front pour la restauration de lunité et la démocratie (FRUD), interpelé en mai 2010 au nord du pays et torturé ;
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Zakaria Awaleh, Mahdi Abdillahi, Zeinab Mohamed Robleh, Idriss Mohamed Robleh et leur père Mohamed Robleh, interpellés le 16 septembre 2011 pour avoir manifesté leur opposition en présence du président Guelleh dans la ville dAli-Sabieh au sud du pays où le président possède une résidence secondaire. Ils ont eux aussi été torturés ;
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Ahmed Aidahis, pasteur nomade, interpellé début 2011 et accusé de soutien au FRUD a été violemment torturé et remis en liberté depuis lors.
A ces personnes, sajoutent 58 autres, qui ont été interpellées le 16 septembre 2011 lors de la manifestation dAli-Sabieh contre le président Guelleh. Détenues au poste de police de Galilé à la frontière avec lÉthiopie pour avoir crié spontanément « mort à la dictature » sur le passage du président de retour de la mosquée, elles ont été libérées depuis lors.
La situation des défenseurs des droits de lHomme demeurent aussi en suspens. Ainsi, M. Jean-Paul Noël Abdi et M. Farah Abadid Hildid, respectivement président et membre de la LDDH, qui avaient été arrêtés le 5 février 2011, et accusés de “participation à un mouvement insurrectionnel”, sont toujours en attente de jugement. Ils encourent jusquà quinze ans de réclusion criminelle et une amende de 7 000 000 Francs djiboutiens2 M. Farah Abadid Hildid, en liberté provisoire depuis le 23 juin 2011, a été torturé entre le 5 et 9 février 2011 par des membres de la SRD.
« Cette répression systématique contre les opposants et la population doit cesser » a déclaré Me Sidilki Kaba, président dHonneur de la FIDH. «
Lusage systématique de la torture contre les opposants politiques et les défenseurs des droits de lHomme est une honte pour Djibouti et une pratique dun autre temps. Les auteurs de ces tortures devront être poursuivis » a-t-il ajouté.
03/06/09 (B501) La liberté d’expression à Djibouti part en fumées dès le passage à l’aéroport …. (avec un lien pour télécharger la copie de l’article) Article modifié le 4/06 à 16:00h Paris.
/dans Afrique Asie, Borrel /par jlschaal___________________________________ Correctif du 4/06
Après enquête, la rédactin d’Afrique Asie nous a confirmé que le magazine qui aurait été détruit à l’aéroport de Djibouti par les Gendarmes, n’est pas son numéro de juin, ni un autre numéro. Selon certaines sources, ce numéro aurait été mis sous embargo pendant une journée, puis libéré, à la suite de pression, dont peut-être la publication de l’article sur notre site ?
Il reste à trouver le nom du magazine concerné. Nous lançons un avis de recherche en espérant que des internautes pourront nous fournir la bonne information.
___________________________ Note préalable de l’ARDHD
Selon des informations reçues hier, la Gendarmerie aurait allumé ce dernier lundi, un bûcher à l’aéroport de Djibouti pour brûler un hérétique comme cela se faisait au moyen âge (souvenez-vous en particulier de Jeanne d’Arc, accusée d’hérésie ..)
L’hérétique en question n’est qu’un mensuel !
Sans que cela ne soit confirmé officiellement, il pourrait s’agir du dernier numéro du mensuel Afrique-Asie, au motif d’avoir publié un article sur l’affaire Borrel.
La direction de ce mensuel que nous avons contactée, nous a non seulement adressé une copie de l’article, mais nous a aussi donné aimablement l’autorisation de le publier, ce qui répond bien sur à une forte attente des populations djiboutiennes.
Nous adressons tous nos remerciements à la rédaction d’Afrique-Asie.
Si le régime fait brûler un mensuel, se dit-on en Ville, c’est parce qu’il publiait un article vraiment dérangeant pour le régime et donc par voie de conséquence, particulièrement intéressant pour les populations djiboutiennes.
Probablement sans cette démonstration liberticide d’atteinte à la presse, l’article n’aurait pas connu une aussi large diffusion, que celle à laquelle il est promis !!
Maintenant, c’est certain, l’article va être très lu.
Nous le diffusons en avant-première, à la fois
–
en texte, ci-dessous,
– mais aussi en version PDF téléchargeable, afin que les internautes qui le souhaitent puissent l’envoyer à leurs correspondants à Djibouti qui l’attendent. Nous leur recommandons de le faire !
________________________ Extrait Afrique Asie – N° de juin 2009
Lien pour télécharger l’article (PDF 112 Ko)
Borrel,
lhomme qui en savait trop ?
Décidée à aller jusquau bout dune affaire volontairement rendue opaque, la veuve
du juge mort à Djibouti en 1995 fait sauter un à un tous les verrous judiciaires pour prouver
que son mari ne sest jamais suicidé mais a été assassiné par des proches du régime.
Par Adèle Noirat
Elle a le souffle long, Élisabeth Borrel.
Sa dernière demande de réouverture de lenquête judiciaire concernant
la subornation de témoin dans laffaire
de la mort de son mari, le juge Bernard
Borrel, devait arriver, le 28 mai 2009, en
délibéré devant la cour dappel de Paris.
Un autre procès pourrait souvrir.
Il conduirait
notamment à entendre le général Henri
Bentegeat, qui fut chef détat-major particulier
de lancien président français
Jacques Chirac, ou encore Patrick Roussel,
ambassadeur de France à Djibouti en 2000.
Dans ce cas, on pourrait ou non avoir
confirmation que cest bien la présidence
française qui a suggéré à la présidence djiboutienne
de saisir la Cour internationale
de justice de La Haye sur le « prétendu »
différend opposant les deux pays à propos
de la transmission du dossier du juge Bernard
Borrel.
Lendurante veuve sappuie
sur deux documents, un télégramme diplomatique
et une note de Bentegeat, saisis en
août 2008 par les juges Fabienne Pous et
Michèle Ganascia. Les deux magistrates
avaient déjà mené ce type dopération en
juillet 2007 dans les deux résidences de
Michel de Bonnecorse, alors responsable
de la cellule Afrique de lÉlysée.
Ce nest pas un rebondissement, plutôt
une continuité dans le dévoilement des
rouages de ce quil convient désormais
dappeler une « affaire dÉtat ».
Le 27 mars
2008, lactuel procureur de Djibouti, Djama
Souleiman, et le chef des services secrets,
Hassan Said, avaient été jugés et condamnés
par contumace respectivement à dixhuit
et douze mois de prison ferme pour
avoir fait pression sur deux témoins clefs.
Le but était dannuler ou de discréditer leurs
déclarations qui mettaient en cause le président
djiboutien, Ismaël Omar Guelleh.
Retour sur une histoire complexe. Bernard
Borrel, né en 1955, sest marié en
1985 avec Élisabeth, elle aussi magistrate.
Père de deux enfants, il est procureur à
Lisieux (Normandie) depuis 1988 quand,
fin 1993, il obtient un poste de coopérant.
Il est détaché auprès du ministre djiboutien
de la Justice, Moumin Badon Farah, pour
corriger le code de procédure pénale et le
code pénal afin de ladapter à la nouvelle
jurisprudence française, et aussi pour
conseiller le ministre. La famille sinstalle
à Djibouti en avril 1994.
LE CORPS EST RAPATRIÉ EN FRANCE : AUCUNE AUTOPSIE NA ÉTÉ PRATIQUÉE ET LES RADIOS QUI AURAIENT ÉTÉ FAITES ONT DISPARU.
« Le juge fouineur a été tué »
Le 19 octobre 1995, son cadavre est
découvert par deux gendarmes français de
la caserne dArta en patrouille, gisant au
bas dune falaise, à 80 km de la ville. Il est
seulement vêtu dun slip et dun tee-shirt.
La partie supérieure de son corps est carbonisée.
Près de sa voiture, un jerrican dessence
et son short, plié. Le long de la pente,
les enquêteurs découvrent plusieurs objets
personnels dont lune de ses chaussures,
intacte.
On parle immédiatement de suicide.
Il se serait aspergé dessence à côté de
sa voiture et aurait dévalé là-pic embrasé
avant de seffondrer mort. La preuve : un
retrait de 50 000 francs français (environ
7 600 euros) et une lettre dadieu destinée à
son épouse. La rumeur, jamais confirmée,
évoque des maîtresses, un prochain
divorce
Le mois suivant, le corps est
rapatrié en France et inhumé près de Toulouse.
Aucune autopsie na été pratiquée et
les radios qui auraient été faites ont disparu.
Cest le début du long combat dÉlisabeth
Borrel pour découvrir la vérité :
comment et pourquoi son mari est-il mort ?
En 1996 une autopsie a lieu, dont il faudra
attendre les résultats pendant un an.
Ceux-ci établissent labsence de traces de
suie dans les voies aériennes. Étonnant
pour une mort par asphyxie due à limmolation.
Ses mains sont profondément brûlées,
ce qui semble incompatible avec une
auto-aspersion. Ses plantes de pieds ne
sont pas abîmées alors quil est censé avoir
couru à demi déchaussé sur une pente
rocheuse escarpée. Enfin, le corps porte
des blessures suspectes au crâne et au bras.
Élisabeth Borrel acquiert la conviction que
son mari a été assassiné et le meurtre
maquillé en suicide.
En novembre 1999, le dossier est délocalisé
de Toulouse à Paris et confié aux juges
dinstruction Marie-Paule Morrachini et
Roger Le Loire, lequel est également
chargé de lattentat du Café de Paris, commis
à Djibouti en 1990, au sujet duquel il a
dailleurs collaboré avec le juge Borrel en
1994.
Si lenquête djiboutienne conclut
toujours à un suicide, les Français privilégient
la thèse de lassassinat en se fondant
sur plusieurs expertises médico-légales.
En janvier 2000, un témoin apparaît,
Mohamed Saleh Alhoumékani, ancien
officier de la garde présidentielle réfugié
politique en Belgique. Il affirme que le
juge Borrel a bien été assassiné et que lactuel
président est le commanditaire. Il
aurait assisté à une conversation entre
Guelleh, alors chef de cabinet du président
Hassan Gouled Aptidon et bien placé pour
lui succéder, et trois hommes, dont Hassan
Saïd, chef des services de sécurité. Lun
deux aurait déclaré : « La mission est
accomplie, le juge fouineur a été tué. »
Il
met aussi en cause lun des terroristes du
Café de Paris, supposé être en prison.
Les
autorités démentent.
Alhoumékani affirme
avoir subi des pressions de la part du procureur
Djama Souleiman et indirectement
dHassan Saïd, chef des services secrets
djiboutiens, pour quil revienne sur son
témoignage. Ce sont les deux hommes qui
ont été reconnus coupables et condamnés
en France en mars 2008.
Expertises et contre-expertises médicolégales,
nouvelle exhumation du corps,
reconstitution à Djibouti, dessaisissement
des juges, limbroglio sintensifie au cours
des deux années suivantes.
Suicide ?
Assassinat ?
Les deux thèses saffrontent
sans que ninterviennent déléments absolument
déterminants. La justice djiboutienne
réclame le dossier français, la
France refuse de le lui remettre, le climat
senvenime entre les deux pays dautant
plus que, le 17 mai 2005, le juge français
convoque le président Guelleh comme
témoin. Bien sûr, celui-ci ne se présente
pas à laudience. Il ne le fera pas non plus
en février 2007, lorsquil se rendra à
Cannes (sud-est de la France) pour un
sommet France-Afrique.
Les relations
diplomatiques sont au plus bas.
En 2006, la bagarre médico-légale prend
un nouveau tournant grâce aux progrès de
la police scientifique. Lexamen minutieux
du fameux short retrouvé soigneusement
plié révèle la présence de plusieurs ADN
masculins, qui pourraient appartenir à
déventuels assassins. Mais le vêtement a
été manipulé par des officiers de police
judiciaires, français comme djiboutiens.
Un mandat darrêt est pourtant délivré à
lencontre de deux repris de justice, Awalleh
Guelleh et Hamouda Hassan Adouani,
suspectés dêtre les exécutants du crime.
LARMÉE FRANÇAISE SAVAIT, DEUX HEURES AVANT LA DÉCOUVERTE
DU CADAVRE, QUE LE JUGE ÉTAIT MORT.
Adouani, ressortissant tunisien, sera entendu en juin 2007 par le doyen des
juges dinstruction à Tunis. Il nie alors
toute implication et un prélèvement de son
ADN est effectué.
Il sera négatif.
En octobre 2006, Élisabeth Borrel
publie “Un juge assassiné chez Flammarion”,
livre dans lequel elle exprime sa
conviction que le juge a été sacrifié à la
raison dÉtat : il en savait trop sur lattentat
du Café de Paris de 1990. « Mon mari pensait
qu[Ismaël Omar Guelleh] était le
commanditaire », écrit-elle.
Limplication
de lÉtat français dans toute cette affaire
est, en effet, loin dêtre claire. Fin 2006, le
député socialiste et avocat Arnaud Montebourg
déclare avoir eu loccasion de
défendre le ministre djiboutien de la Justice,
Moumin Badon Farah, lequel lui
aurait dit : « Bernard Borrel connaissait
des choses embarrassantes. On a tout fait
pour entraver lenquête, au nom dune
vieille complaisance pour le régime djiboutien. »
En juin 2007, après la vaine tentative
de perquisition du bureau élyséen du
conseiller de Jacques Chirac pour
lAfrique, Michel de Bonnecorse, la juge
Sophie Clément recueille le témoignage
dun ex-membre du renseignement militaire
français qui accrédite cette thèse. Il
précise : « Badon Farah avait chargé Borrel
de constituer un dossier sur lensemble
des trafics auxquels le président Guelleh
était mêlé. Il sagissait davoir des arguments
pour lécarter de lélection présidentielle. »
Mais il semble rapidement
impossible que le ministre ait fait une telle
demande à un juge avec lequel il ne sentendait
pas, et que celui-ci ait dévié de sa
mission initiale de coopérant sans en informer
son supérieur hiérarchique.
Raison dÉtat
Un pas décisif est tout de même fait
vers la vérité : le 17 juin 2007, le parquet
de Paris confirme officiellement lorigine
criminelle de la mort de Bernard Borrel.
Il sappuie sur les dernières expertises et
sur la découverte que deux produits
inflammables de nature distincte ont été
versés sur le corps alors quil était couché
sur le sol.
Dès lors, on va apprendre que
larmée française savait, deux heures
avant la découverte du cadavre, que le
juge était mort.
La déclassification de
plusieurs dizaines de documents par le
ministère de la Défense pourrait compléter
ces révélations.
La juge Sophie Clément poursuit son
enquête criminelle. Si le meurtre est établi,
on nen connaît pas encore les auteurs
et encore moins les instigateurs.
Doù
lobstination dÉlisabeth Borrel à faire
sauter, un à un, les verrous constitués par
les différentes subornations de témoins
qui ont contribué à complexifier une
affaire déjà passablement embrouillée.
Elle a devant elle un adversaire de taille : la « raison dÉtat ».
04/11/04 (B270) Dans lil du cyclone : lu dans Nouvel Afrique-Asie sous la signature H.B. (Info lecteur)
/dans Afrique Asie, Presse /par jlschaalDans lil
du cyclone
(Nouvel Afrique-asie Novembre 2004)
La France est présente
à Djibouti avec trois mille soldats mais elle na plus le monopole
de la présence militaire depuis le 11 septembre, avec linstallation
de mille cinq cents soldats américains de la force dintervention
rapide. Djibouti est devenu une pièce importante du dispositif américain
de lutte antiterroriste en Afrique de lEst. Les Djiboutiens sont en
grande partie hostiles aux Américains à cause de linvasion
de lIrak, de leur soutien inconditionnel à Sharon et du couvre-feu
quils instaurent sur les côtes du Nord, paralysant ainsi toute
lactivité de pêche. Le pouvoir en place à Djibouti
ne dispose daucun soutien dans la région, lâché
par son puissant voisin, lEthiopie.
Le gouvernement de Meles
Zenawi lui reproche entre autres sa politique interventionniste en Somalie,
son soutien aux opposants oromos en Ethiopie, son intervention armée
dans la partie afar de lEthiopie et son rapprochement avec lErythrée.
Lhomme fort de Djibouti
est dans lil du cyclone de la justice française depuis
que la thèse de lassassinat a été privilégiée
dans laffaire du juge Borel découvert calciné le
19 octobre 1995 au pied dune falaise à 80 km de la capitale.
Lenquête met en cause lactuel président Guelleh (chef
de cabinet à la présidence et responsable de la sécurité
à lépoque), qui avait accusé la France de vouloir
déstabiliser Djibouti. Le bouclier français de Guelleh
semble voler en éclats.
Dès le mois
daoût 2004, le président a demandé à ses
deux plus proches collaborateurs cités dans laffaire Borel
Hassan Said
(directeur de la sécurité nationale)
Mahdi Ahmed Cheik (chef de la gendarmerie)
de ne plus se rendre en
France.
Le procureur de la
République de Djibouti, Djama Souleiman, a refusé de se rendre
à la convocation du juge Bellin au palais de justice de Versailles
le 30 septembre 2004, à titre de témoin assisté dans
le cadre de laffaire Borel pour subornation de témoin.
Ces trois personnages
épinglés par la justice française constituent des pièces
maîtresses du système répressif de Guelleh.
Les 8 et 9 juin 2004,
une manifestation de taille à Arhiba, quartier important de la capitale,
a paralysé pendant deux jours une grande partie de la ville, dénonçant
le pouvoir corrompu et réclamant la justice et la démocratie.
Un facteur alimente cette désaffection de la population à légard
du pouvoir : le refus de la part de ce dernier de résorber les causes
qui avaient engendré la guerre civile.
Les loyers de la base
française ont été réévalués de 18
à 30 millions deuros tandis que laide américaine
est estimée à 30 millions de dollars. Ces retombées économiques
de la présence militaire sont accaparées par le chef de lEtat
et son entourage. A Djibouti, toute la question maintenant est de savoir si
lopposition dans sa diversité sera capable de sunir et
de présenter une alternative crédible.
H.
B.