23/02/02 C’est quoi la <>? (Mohamed Qayad)
Il y a des
mots qui dégagent de prime abord une connotation positive
ou négative.
Le mot <<FrançAfrique>>
relève de la dernière catégorie, car pour
ceux qui ont regardé, ne serait-ce que de loin les relations
franco-africaines, ils ne peuvent s’empêcher de se
boucher le nez du fait de l’odeur nauséabonde qui
s’en dégage. Comment résumer toutes les pratiques
de ces relations en une seule formule ? C’est désormais
fait depuis la naissance du mot <<FrançAfrique>>
en attendant mieux.
C’est
le mot le plus explicite en la matière. Il y a cependant
une définition qui essaie de situer le noyau dure de
ces relations, elle a été donnée dans <<France-Cameroun,
croisement dangereux >> publiée par Agir ici et
Survie.
<<La
FrançAfrique>> désigne une nébuleuse
d’acteurs économiques, politiques et militaires,
en France et en Afrique, organisée en réseau et
lobbies et polarisée sur l’accaparement de deux
rentes : les matières premières et l’aide
publique au développement.
La logique
de cette ponction est d’interdire l’initiative hors
du cercle des initiés. Le système, autodégradant,
se régule dans la communication. Il est naturellement
hostile a la démocratie. Le terme évoque aussi
la confusion, une familiarité domestique touchant vers
la pauvreté.
Ce mot vient
d’être repris comme titre d’un ouvrage de François
Xavier Vershave (La FrançAfrique le plus long scandale
de la République).
L’auteur
qui connaît la FrançAfrique, pour en être
un des grands critiques, est un dirigeant de l’association
Survie, qui édite entre autres les <<Billets d’Afrique>>
et <<les dossiers noirs de la politique africaine de la
France>>. Il est par ailleurs l’auteur de complicité
de génocide ? La politique de la France au Rwanda>>(note
Paris, LA découverte, 1994), sans oublier son dernier
ouvrage NOIR SILCENCE qui arrêtera la Franceafrique ?
La FrançAfrique,
sous-titre <<le plus long scandale de la République>>
est riche. Il souligne trois lignes de force qui caractérisent
les relations franco-africaines: l’opacité de l’information,
les crimes dont les Africains sont toujours victimes, et les
complicités des régimes africains.
L’opacité
de l’information concerne en premier lieu la France dont
la population non-initiee ne sais rien sinon que la France<<patrie
des droits de l’homme>>, terre d’asile fait
beaucoup d’efforts pour le développement. de l’Afrique.
Cette ignorance est renforcée par le silence, le désintérêt
ou mieux les complicités des médias français
sur les problèmes touchant l’Afrique.
Aussi les
hommes des réseaux n’hésitent pas à
éliminer, y compris physiquement les Français
qui la gènent (Mme Borrel est là pour confirmer
mes dires).
C’est
un euphémisme de dire que le nombre de victimes africaines
est 5.000 fois supérieur à que ce que l’on
nous a dit. C’est ainsi que les Français ordinaires
ignorent l’implication de la France dans le génocide
de 1994 au Rwanda. Des massacres de nature genocidaire des Bamilikes
du Cameroun au début des années 60, que de nombreux
assassinats des hommes politiques africains, opposants, aux
préposés de la FrançAfrique ou membres
du réseau qui s’égarent sur le chemin de
l’indépendance.
Les crimes
de la FrançAfrique vont de l’élimination
physique (Felix Moumie, Tombalbay, Autel Bono, Sylvanus Olympio,
le juge Borrel , etc) à l’encouragement des guerres
civiles et conflits sociaux sur l’émancipation des
haines ethniques (Rwanda, Congo, Zaïre, Djibouti, Centrafrique
en passant par les crimes économiques qui ont plusieurs
formes, en premier lieu le pétrole (Cameroun, Congo,
Gabon et Tchad) l’encouragement du Biafra(1967-1970) afin
de disloquer le Nigeria et mettre la main sur le pétrole
Ces crimes politiques vont au-delà du pre-carré
francophone puisqu’ils concernent désormais l’Angola,
le Liberia, etc.
Les hommes
à la base de cette politique française peuvent
être regroupés en plusieurs catégories :
les Présidents, Premiers ministres et les officiels qui
tiennent un discours politiquement correct pour amuser la galerie(De
Gaule, Giscard d’Estaing, Mitterrand, Chirac).
La deuxième
catégorie visible, ce sont les ministres, les ambassadeurs
et ces Messieurs Afrique dont les membres sont souvent des criminels
recrutés à l’extrême-droite, afin d’éviter
qu’ils aient une quelconque sympathie pour les Africains.
Ils servent
des hommes à tout faire, des membres nobles du réseau
dont la crème était, Jacques Fauchait et une série
d’hommes intermédiaires. Les réseaux sont
cousus, noués dans les sociétés comme la
franc-maçonnerie et les Rose-croix. La troisième
colonne de la FrançAfrique est constituée des
complices, locaux qui participent aux destinées et à
l’avenir de leurs peuples et parfois de leurs continents.
La crème
fut Houphouet Boigny. De nos jours plus d’un sont toujours
à leur poste, défiant toute initiative démocratique
: Omar Bongo, Sassou Ngesso, Idriss Deby, Paul Biya, Charles
Taylor, Blaise Compaore, IOG. Le gros morceau Sani Abacha est
parti trop tôt.
Le régime
d’apartheid fut le plus solide associé de la France,
qui n’a jamais cru que ce régime allait disparaître.
C’est ainsi que le représentant de l’ANC à
Paris fut liquidé comme un poulet en 1987, il s’agissait
de Dulcie September.
A un moment
où ont eu lieu des procès en Assises comme celui
de Bob Denard, la crème des criminels de la FrançAfrique,
le jeu des ombres et des fausses lumières de la FrançAfrique
n’est pas prêt a tirer le rideau. Chaque fois on
parle de reformer, mais pourtant rien ne bouge. La droite comme
la gauche font front unie quand il faut couvrir, les crimes
en Afrique. C’est le ministre délégué
a la coopération de la<< nouvelle politique>>
de Lionel Jospin, en l’occurrence Charles Josselin qui
disait au sujet du Rwanda <<ce ne sont pas les Français
qui tenaient les machettes>>. Il oublie très vite
l’aide précieuse que les autorités françaises
et leurs militaires avaient apportée à un régime
agonisant.