07/03/02 Lettre ouverte à Madame l’épouse du Président Ismaël Omar Guelleh . République de Djibouti. Une mère française intervient pour demander la clémence envers les 12 officiers prisonniers politiques.

Madame,

Il n’est
pas habituel qu’une femme française écrive à
l’épouse d’un chef d’état africain. Peu importe
les usages ou les habitudes, je prends cette initiative car
dictée par l’urgence d’une situation.

Ce n’est
pas à l’épouse que je m’adresse mais à
la femme.

Je suis
mère de deux enfants, nous avons vécu quelques
deux années à Djibouti où j’y ai apprécié
la qualité de l’accueil qui fut réservé
à notre famille, le sourire des enfants mais aussi les
relations d’amitiés qui se sont créées.

Les renseignements
qui me parviennent concernant l’état de santé
des 12 prisonniers politiques incarcérés à
la prison de Gabode et qui est la conséquence de leur
"grève de la faim" qu’ils ont mise à
exécution me préoccupent au plus haut point, comme
femme mais aussi comme mère de famille.

Je ne sais
si vous avez enfant mais pour ce qui me concerne j’ai à
cet instant une pensée pour chaque femme djiboutienne
et chaque enfant dont le père est incarcéré
depuis le mois de décembre 2000 à Gabode.

Quelques
pourraient être les motivations des uns et des autres
ou les éventuelles fautes commises car tel n’est pas
le but de ma démarche, avez- vous la conviction profonde
en votre âme et conscience que, si sanction il devait
y avoir, celle-ci n’a que trop duré et que ce geste des
personnes incarcérés est l’expression de leur
désespoir ?.

Ne pensez-vous
pas que leur famille partage ce même désespoir
?.

Ayons ensemble,
ne serait-ce que quelques instants une pensée pour ces
enfants sans père et ne pensez-vous pas que libérer
ces hommes, des êtres humains que je sache, constituerait
un geste d’apaisement pour tous ?.

Que l’on
lise la bible ou le message de Muhamat, ne vient-il pas l’instant
du " Pardon" souhaité par Dieu ou d’Allah,
le miséricordieux ?.

Je vous
en conjure n’attendez pas, Madame, que l’un d’entre eux ne vienne
à décéder.

Je vous
demande instamment d’intercéder auprès de votre
époux et Président pour qu’une mesure d’élargissement
des locaux de prison soit, au plus tôt, décrétée
par lui et en faveur de ces hommes.

Lui seul
en a le pouvoir, cette libération peut-être immédiate.

Espérant
que mon appel à cette nécessaire mansuétude,
à l’égard des femmes et des enfants des personnes
incarcérées, soit entendu et que ces libérations
deviennent effectives dans les meilleurs délais ;

dans cette
attente je vous prie de croire, Madame, à l’assurance
de mes sentiments les meilleurs et toujours dévoués
aux droits de la femme et des enfants.

Maryline
Picon.