01/03/03 (B187) TRANSIT, d’Abdourahman A. Waberi. Reprise d’un article paru dans Le Monde rubrique littéraire.

 

 

Dans ce huitième
livre, Waberi, qui est né à Djibouti en 1965 et vit en
Normandie depuis 1985, se place sous le signe de Nabokov :

« Et dans mes
discours de chaque nuit/ L’âme elle-même ne pourra débrouiller/
Si c’est ma folie qui marmonne/ Ou si c’est ta musique qui croît… ».

Comme toujours, il préfère
l’humour au pathos, il choisit cette langue singulière, imagée,
à accent et néologismes ou africanismes, pour décrire
la douleur d’un continent, les guerres, les massacres, et, douleur suprême,
l’exil, qui, dit-il en conclusion, après avoir rappelé le mot
d’Eschyle « le récit est douleur, mais le silence aussi est douleur »,
« a fait les yeux doux à tout le monde ; des individus vieux ou
jeunes, des familles et des régions entières se sont jetés
sur les routes avec de l’espoir plein les poches et la peur pour aiguillon ».

C’est ainsi que certains
se retrouvent à Roissy « l’airéport » d’un pays de « la
vieille Europe inquiète » avec ses « porte flambeaux néonazis,
les incendiaires de foyers pour apatrides ».

C’est bouleversant et
tragique, mais Waberi sait faire rire en même temps qu’il émeut
(Gallimard, « Continents noirs », 160 p., 13,50 €).

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Note de l’ARDHD
Toutes nos félicitations à l’hauteur. Nous lui souhaitons beaucoup
de succès et nous espérons que de nombreux Djiboutiens achèteront
cet ouvrage, que l’on trouve aussi par correspondance, en particulier sur
.