06/06/03 (B201) Vives protestations de RSF au sujet de la nouvelle incarcération de DAF.

DJIBOUTI

A peine libéré,
Daher Ahmed Farah est replacé en détention préventive

Reporters sans frontières
a protesté contre la remise en détention préventive,
le 5 juin 2003, de Daher Ahmed Farah (dit « DAF »), directeur du journal
Le Renouveau et président du Mouvement pour le renouveau démocratique
et le développement (MRD). L’organisation a demandé la remise
en liberté du journaliste dans les plus brefs délais.

« Même si le
journaliste a été placé en détention préventive
pour une autre affaire que celle pour laquelle il a été remis
en liberté, nous ne pouvons que nous indigner de cette décision
que rien ne justifie » a déclaré Robert Ménard, secrétaire
général de l’organisation, dans une lettre adressée au
procureur de la République de Djibouti, Djama Souleiman Ali. « Daher
Ahmed Farah n’a fait qu’exercer son droit à informer l’opinion publique,
un droit garanti par plusieurs traités internationaux ratifiés
par la République de Djibouti. La remise en détention de Daher
Ahmed Farah est d’autant plus injustifiée que selon Maître Zerbib,
l’avocat du journaliste, mandaté par Reporters sans frontières,
le général Zakaria aurait proposé de renoncer à
sa plainte pour diffamation en échange d’une lettre d’excuses de Daher
Ahmed Farah. Ce dernier a refusé. Mais si l’on considère que
le journaliste aurait pu échapper aux poursuites grâce à
une simple lettre d’excuses, l’emprisonnement apparaît encore plus disproportionné
par rapport au préjudice que dit avoir subi le général »,
a conclu Robert Ménard.

L’organisation a par ailleurs
rappelé que les Nations unies condamnent « l’emprisonnement en
tant que condamnation de l’expression pacifique d’une opinion » et qu’elles
le considèrent comme une violation grave des droits de l’homme.

Le 28 mai, la cour d’appel
a cassé le jugement rendu le 7 avril dans l’une des affaires qui oppose
le général Zakaria Cheik Ibrahim au journaliste pour diffamation.
Elle a prononcé une condamnation encore très lourde pour un
délit de presse à savoir quatre mois de prison avec sursis et
500 000 Francs Djiboutiens (FD) (2417 euros) de dommages et intérêts.
Ce verdict est cependant moins sévère que le premier qui l’avait
condamné à six mois de prison avec sursis, 200 000 FD (1 000
euros) d’amende et 2 000 000 FD (10 000 euros) de dommages et intérêts.
L’organisation avait mandaté un membre de l’association Avocats sans
frontières, Stéphane Zerbib, pour assurer la défense
du journaliste qu’aucun avocat sur place ne voulait défendre. Dans
cette affaire, le général Zakaria, numéro deux de l’armée
djiboutienne, avait porté plainte contre le journaliste pour diffamation,
suite à un article intitulé « Le commandement militaire
procède à des renvois politicards », publié le 6
mars 2003.

Le 17 avril, le journal
avait de nouveau reproché à l’officier le manque de « neutralité »
d’une armée qui « doit être apolitique ». Détenu
depuis le 20 avril dans le cadre cette affaire, Daher Ahmed Farah avait demandé
sa libération provisoire qui avait été acceptée
par le juge d’instruction. Le journaliste avait été libéré
le 3 juin. Selon les informations recueillies par Reporters sans frontières,
le procureur a fait appel de cette décision et ordonné que Daher
Ahmed Farah soit de nouveau incarcéré. Le 5 juin au matin, la
police criminelle et des affaires spéciales l’a arrêté
au domicile de sa mère, où il venait de passer la nuit, et l’a
conduit à la prison de Gabode, celle-la même où il était
incarcéré auparavant dans des conditions déplorables.

Daher Ahmed Farah est
impliqué dans une troisième affaire pour « atteinte au moral
de l’armée » suite à une plainte du général
Fati et du ministre de la Défense. Il a été condamné
en première instance à six mois de prison avec sursis et à
200 000 FD d’amende. Le journaliste a fait appel. Celui-ci n’a pas encore
été examiné.

Daher Ahmed Farah a été
emprisonné à plusieurs reprises au cours de ces dernières
années. Dans la plupart des cas, il était poursuivi pour un
délit de presse et a été condamné à des
peines de prison ou à des amendes. Le 15 mars 2003, il avait été
détenu une journée et condamné à une amende pour
avoir « porté atteinte au moral de l’armée ».

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