09/12/02 (B175/2) Au-delà des frasques mercantiles de Me Aref, la question est donc d’interroger, dans son combat d’arrière-garde, la part de l’authentique et de l’inexorable. (Par Mohamed Qayad)

La chambre de Me Aref
frappe par son dépouillement.

C’est là qu’il
dort ou se repose. A présent, il s’ennuie.

Sa défense me paraît
fade, insupportable somme toute.

Un Aref démodé,
décadent, qui n’étonne plus, poseur mondain, un apprenti sorcier
ampoulé. Peut-être. Le style ? Trop limpide pour faire date,
bon pour les manuels scolaires.
Il s’affiche avec force comme différent, par son comportement, sa manie.
Il fut fréquemment ridiculisé, montré du doigt par son
ex- bourreau IOG. Il est pour lui-même son principal centre d’intérêt
et il ne s’aime pas.

Lui qui dit ne pas s’aimer
ne fuit jamais l’objectif, dans toutes les tenues, avec ou le regard au loin,
badin ou sévère.

Qu’est-ce qui le (Me Aref)
fait le plus peur ? Les chiffres ou la réalité d’actes jusqu’alors
cachés car trop honteux à dévoiler ou à reconnaître
? Depuis que le silence s’est levé sur l’horreur de ces agressions
sur le juge Borrel, le nombre de cas révélés par les
écrits de la presse internationale ne cesse d’augmenter.

Il a bien du mal à
faire taire ce qui risque d’entacher son honorabilité et sa crédibilité.
R>
Avez-vous réfléchi au pourquoi un agresseur choisissait telle
victime plutôt que telle autre ? Avez-vous remarqué que souvent
ces mercenaires (Adouani, Awale Guelle, colonel Mahdi, Hassan Said et leur
commanditaire IOG. ) rejouaient avec leur victime la même scène
qu’eux-mêmes, enfants, ils avaient subie ? Est-il acceptable de penser
qu’un agresseur puisse attendre de sa victime le « NON » qu’il n’a
jamais pu dire, dans le même contexte de violence ?

En tout cas, ce ne sera
jamais à l’aide de chiffres et de statistiques que la problématique
d ‘Aref se résoudra.

C’est vraiment scandaleux.
Me Aref est à blâmer pour sa négligence et son irresponsabilité
est la cause principale de la recherche du mensonge.

De même, on note
une plus grande « agressivité » chez lui que chez ses détracteurs:
et pour cause, il a besoin d’en montrer bien plus qu’eux, pour oser être
un intellectuel terroriste – outre le fait qu’à comportement agressif
égal, si l’on peut dire, un homme passe pour un furieux là où
une femme est vue comme dynamique et entreprenante.

Il y avait là
de quoi choquer plus d’un bien-pensant. Au contraire, il fut honoré,
respecté, décoré, comme protégé par son
pseudonyme magique.

Au-delà des frasques
mercantiles de Me Aref, la question est donc d’interroger, dans son combat
d’arrière-garde, la part de l’authentique et de l’inexorable.

Un vieux pitre délabré
absent de lui-même et qu’on roule à son tour dans la farine comme
il en a fourni lui-meme la recette.

Tous (les djiboutiens(nes))ont
leur part dans la farce macabre de ces derniers jours. On spécule sur
ses nombreux revirements testamentaires.

D’apres ses interventions
sur RFI, Me Aref n’est déjà qu’un fantoche bien avant de devenir
malade, produit mécaniquement des autopastiches lucratifs, mais ne
crée plus, n’invente plus, ne fait que se maintenir à peu près
à la hauteur clownesque où il s’est hissé publiquement. < >Aussi bien qu’il repète sur RFI, avec cette diction caricaturale
devenue un poncif pour ses imitateurs : « Je suis fou d’IOG !  » Pourquoi
pas?

Il a écrit de nombreux
et fumeux ébats devant des auditoires épatés d’avance,
venus voir le maniaque narcissique grisonnant faire son numéro sur
le bizarre à la portée de tous, prestations pour lesquelles
il prend soin de chausser des chaussures trop petites qui la meurtrissent
(« Dans mon cas personnel, la souffrance physique [comme le mal de dents]
accroît et fortifie la manie oratoire »).

Et alors ? A qui la faute,
à Aref ou à l’époque ? Une grande opération alchimique
s’est réalisée, certes, mais dans quel sens ? Car il y eut un
temps de prodiges pour lui, sans quoi on n’en parlerait même plus.

Je veux me prouver que
je ne suis pas le Me Aref mort, mais le vivant. Comme dans le mythe de Castor
et Pollux : en tuant mon ex-bourreau, j’ai gagné pour moi l’immortalité »,
écrit-il.

Sa phobie de la vérité
devient préoccupante, un motif de raillerie pour ses condisciples.

C’est la période où il élabore sa théorie « paranoïaque-critique »,
qu’il definit comme une « méthode spontanée de connaissance
irrationnelle, basée sur l’association interprétation-critique
des phénomènes délirants ». Son combat d’arriere-garde
decoule de cette méthode, exprimant son architecture de fantasmes et
de phobies sur le mode d’un rébus d’images librement associées,
avec un soin du détail, une application dans le trompe-l’œil,
qui rassurent les collectionneurs les moins aventureux.

On peut détester
Me Aref. Mais qu’on le veuille ou non, on ne peut plus imaginer le visage et
les couleurs de Djibouti sans lui.

Il abandonne la réalité
pour la fiction, pour glisser vers le style de vie artificiel, il était
prévisible que les esthétiques fusionnent. Au détriment
de qui ?De l’art, qui devient « la simple scène du spectacle ».

Faute de pouvoir être,
le paraître fait bien l’affaire !

Aref symbole et martyr
d’une expérience étrange, unique, poursuivie avec une opiniâtreté
folle ou géniale. D’une extravagance inspirant un mepris mêlé
d’effroi.

On connaît les abîmes
qui succèdent à de tels envols : quand sa réplique paraît
dans l’indifférence générale, il en fait une maladie
nerveuse qu’on prend pour une rougeole. De cet éblouissement, il ne
se relèvera pas, cherchant jusqu’à sa mort à la retrouver,
en vain. Aref ne cessera plus de convaincre, sans jamais rencontrer le succès.

La tentation du suicide
le presse, à la mesure de la déception de sa vie virtuelle. Décidé
à quitter la scène politique djiboutienne, il part pour une
destination inconnue. Depuis des jours, il se drogue aux barbituriques, dont
il avale des quantités excessives, dans l’espoir de retrouver, sa gloire
perdue.

Les djiboutiens feignent
de ne pas s’en étonner.

Ils sont habitués
aux frasques d’Aref, en ont déjà vu d’autres. Sans doute lui
sont-ils aussi reconnaissants d’aérer de ses caprices spectaculaires
le conformisme de leurs propres vies. De quoi frapper les imaginations et laisser
de longs souvenirs.

Aref se trouve, dans le
même état de perdition humaine, peut-être à peine
plus désespéré, et ne trouve pour satisfaire son besoin
de reconnaissance que le recours à la folie meurtrière. Une
autre façon de faire parler de soi et de se retrouver à la une
de la presse internationale.

Il me paraît évident
qu’il s’est volontairement précipité dans cette mascarade confondent
l’estime de soi avec l’estimation de soi. Il y a donc méprise. Il ne
s’agit plus de l’être humain et de sa dignité, mais d’une mise
aux enchères de personnes en tant qu’objets exposés avant la
vente.

Ce chaos, personne ou
presque jusqu’ici ne voulait le nommer, de peur peut-être, d’être
accusé d’obsolescence. À présent, on peut le dire : « Le
roi est nu ! ». (Et il faut une grande malhonnêteté intellectuelle
pour prétendre le contraire).

Liberté, que de
crimes nous commettons en ton nom !

Je pourrais poursuivre
la litanie, elle est accablante. Mais cela suffit.

Doit-on, par tant, s’étonner
si Aref, en particulier, comme les Djiboutiens en général, ont
le sentiment que Mohamed Qayad est fort mal placé pour arbitrer entre
les deux parties ?

Qu’est-ce que c’est que
ce pouvoir mortifère qui se complaît dans les assassinats des
djiboutiens(nes) et, qui justifie l’inacceptable jour après jour avec
une outrecuidance criminelle et qui a l’infâme arrogance de nous traiter
de je sais quoi quand on ose timidement protester contre cette conduite indigne
? Qu’est-ce que c’est que ce Aref hypocrite qui manie avec tant de virtuosité
le bouclier de l’anti-Moi quand on veut juste lui rappeler que depuis quelques
jours, il reproduit à dose homéopathique l’horrible injustice
dont il a souffert ? Je suis farouchement anti-Aref. Je ne suis en rien anti-Moi.

Selon les témoins, Borrel a été assassiné par des djiboutiens ripoux.
Ainsi, de deux choses l’une : ou bien Aref veut diaboliser les témoins,
ou bien, d’une façon plus sinistre encore, les décideurs
d’Aref ont-ils eu une sorte de lapsus freudien, trahissant par là le
fait qu’ils sont parfaitement au courant des circonstances de la mort
du juge Borrel.

Question fondamentale,
non pas pour pleurer sur nous-mêmes, mais pour trouver le moyen de sortir
de ce monde absurde que nous avons engendré.

Peut-être devrions-nous
nous réjouir de voir Me Aref, somme toute relativement inoffensif,
offrir une échappatoire ludique au sentiment d’insignifiance éprouvé
par la jeunesse moderne. Car n’est-ce pas l’indécence suprême,
à l’heure où se jouent tant de drames humains à travers
la planète.

Car tout ceci est ridiculement
marginal, terriblement dérisoire, et sans la moindre importance humaine
ou culturelle. Cette célébrité de pacotille où
l’insignifiance intellectuelle le dispute à l’égotisme le plus
débridé ne changera pas la face du monde, et ne laissera fort
heureusement aucune trace dans l’histoire.


Mohamed Qayad